Schneiderlin, la surprise du chef
Beaucoup l'ont probablement découvert devant leur télévision, mardi, au moment où Didier Deschamps prononçait son nom parmi les sept réservistes de l'équipe de France formée en vue du Mondial 2014. Morgan Schneiderlin, 24 ans, milieu de terrain formé à Strasbourg mais pensionnaire de Southampton depuis sept ans, a lui aussi eu un choc sur son canapé. "Je n'ai pas été tenu au courant avant, a-t-il assuré sur Europe 1. Je l'ai appris en direct, à la télé". Une consécration ? Sûrement pas. Fin 2013, déjà, le Tricolore promettait que l'équipe de France était à ses yeux "un rêve, mais aussi un objectif". Une ambition discrète, à peine retenue, mais ô combien justifiée.
Enlisé en troisième division anglaise
Lorsqu'il quitte son Alsace natale, en 2008, c'est pour découvrir la deuxième division anglaise, à Southampton, un club en plein naufrage financier. "Je ne savais pas que (le club) avait des problèmes. Je ne comprenais pas grand-chose en anglais", se souvient-il auprès de l’Équipe. Schneiderlin est sur le point de sombrer définitivement dans l'anonymat quand les Saints sont relégués en League One (troisième division).
Mais l'adolescent s'accroche, déterminé à s'imposer comme l'un des piliers de la remontée. Pari gagnant : les Rouge et Blanc remontent rapidement les échelons, et le Français est l'indéniable contrefort d'un milieu de terrain qui impressionne au moment de se hisser en Premier League en 2012. Six mois plus tard, l’Argentin Mauricio Pochettino débarque à la tête du club, déterminé à faire de Schneiderlin l’un des leaders de son effectif. Tous les éléments sont en place.
Joueur de l’année en 2013
A la fin de l’exercice 2012-2013, le milieu défensif tricolore est adulé par ses coéquipiers et les fans de Southampton, qui le sacrent "joueur de l’année". Son impact dans l’entrejeu des Saints est immense. Lors des deux dernières saisons, le besogneux figure parmi les tous meilleurs tacleurs et intercepteurs d’Angleterre. Sur le dernier exercice, tout en étant l’un des joueurs qui a parcouru le plus de distance sur les pelouses de PL, il a touché plus de 72 ballons par match et réussi plus de 89% de ses passes. C’est plus que Pogba à la Juve, Matuidi au PSG et Sissoko à Newcastle, trois joueurs qui l’ont devancé dans la hiérarchie des milieux défensifs de Deschamps.
Avec Pochettino, il a également tendance à se projeter davantage vers l’avant (deux buts en Championnat cette saison, cinq l’an passé), car Schneiderlin (1,81m, 75kg) se décrit davantage comme "un milieu relayeur", qui possède "le coffre physique pour revenir aider mon équipe en défense". Les Saints, huitièmes de Premier League cette saison, ne peuvent plus s’en passer : sur les 75 derniers matches du club, le Français a figuré dans le onze de départ à 71 reprises.
Convoité par les Three Lions
Certains médias anglais, sous le charme de ce jeune leader discret mais hargneux, ont même évoqué un possible changement de nationalité, pour que Schneiderlin puisse évoluer aux côtés des Gerrard, Lampard & cie. L’intéressé avant gentiment décliné, rappelant qu’il se "(sent) Français". Un appel du pied à peine dissimulé au staff de Didier Deschamps, qui s’est penché sur le cas de l’Alsacien "depuis plusieurs mois", intrigué par "son volume" et "sa vitesse".
La place de Schneiderlin avec les Bleus est d’autant plus légitime qu’il a déjà connu les sélections jeunes, dont les espoirs il y a quatre ans. "Je connais un peu Clairefontaine, glissait-il mardi soir sur RTL. Le château, un peu moins". L’invité-surprise ne sera sans doute pas du voyage à Rio, mais il vient de franchir un cap supplémentaire, et est prêt à "passer 15 jours avec les Bleus (…) pour se donner à fond et leur permettre de faire des entraînements d’un bon niveau".
Pisté par Arsenal et Manchester United notamment, Schneiderlin ne devrait pas longtemps rester un simple sparring-partner en équipe de France. En attendant, il s’en contente. "Je sais d’où je viens. Je prends ce qu’on me donne".
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