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Selon le vice-président de la FFR Serge Simon, dans le rugby amateur, "des vestiaires fermés, c'est des clubs qui vont fermer"

Le rugby amateur retrouve les terrains ce week-end mais les mesures sanitaires imposées par les maires mettent en danger les clubs, met en garde Serge Simon, le vice-président de la FFR, dans un entretien l'AFP. "Des vestiaires fermés, c'est des clubs qui vont fermer" et "autant de jeunes qui ne feront plus de sport", prévient l'ancien avant.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le vice-président de la Fédération française de rugby (FFR), Serge Simon. (GABRIEL BOUYS / AFP)

AFP : Dans quel état d'esprit êtes-vous à quelques jours de la reprise ?

Serge Simon : "Un état d'esprit très contrasté, à la fois très volontaire et optimiste mais aussi très préoccupé par un contexte sanitaire très complexe. Les compétitions doivent reprendre, on a tout fait pour. Ça a été compliqué. Notre fil d'Ariane, c'est de respecter le cadre sanitaire. On veut accompagner les clubs de la manière la plus bienveillante, c'est-à-dire de ne pas être dans la sanction, ni le contrôle... La Fédération doit être à côté de ses clubs dans l'accompagnement, la bienveillance et la reprise de la compétition."

AFP : Pour ça, vous avez bâti un plan de reprise.

S. S. : "On a très vite monté une cellule pour gérer tous les aspects de la crise. On n'imaginait pas que ça prendrait cette importance. A la fin du confinement, la question de la reprise de l'activité s'est posée et là, le rugby était très mal positionné: il y avait d'autres priorités, évidemment. On a construit ce plan de reprise en six phases en démontrant qu'ouvrir un club de rugby, ce n'était pas que jouer au rugby. C'est accueillir des gens, des enfants... Au sixième stade, la reprise de l'activité normale, fin juin, on pensait s'en tenir là. Malheureusement, nous sommes dans une situation que nous n'envisagions pas. Il a donc fallu écrire un septième stade, particulier parce que la situation est particulière. C'est l'incertitude permanente. Là, on a un élément fixe: la reprise de la compétition. On joue ce week-end. Donc il y a une rigidité qui complexifie la situation."

AFP : Il y a une nouvelle donnée: certains clubs sont interdits de vestiaires.

S. S. : "C'est un peu la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Le décret du 13 août permet l'accès aux vestiaires pour les sports collectifs, sauf avis contraire de la part des maires ou arrêté préfectoral. Je comprends que certains édiles se disent 'Si on peut s'en passer, c'est une source d'inquiétude en moins'. Ce qu'ils ne mesurent peut-être pas, c'est que s'ils maintiennent des vestiaires fermés, c'est des clubs qui vont fermer. On ne peut pas faire du rugby sans vestiaire. Aux beaux jours, ça va mais on est un sport de boue. Les équipes ne pourront pas monter dans leur bus après un match, les parents ne laisseront pas les enfants repartir sales d'un entraînement... Ce sont des choses toutes simples, qui n'ont rien à voir avec le virus, mais qui vont paralyser les clubs. Ils nous disent 'Si on n'a pas de vestiaires, on arrête, ça devient trop compliqué'. J'ai alerté le ministère: si on autorise le sport, on autorise les vestiaires."

AFP : Pourquoi l'accès aux infrastructures est-il interdit ?

S. S. : "On nous dit que les sports collectifs ne peuvent pas respecter la distanciation sociale dans les vestiaires mais l'équipe qui va dans les vestiaires est celle qui va jouer. Le début de l'activité, ce n'est pas le coup d'envoi. Le deuxième argument, c'est qu'on ne peut pas nettoyer après chaque passage d'équipes. Qui a imposé le nettoyage obligatoire après le passage d'une équipe ? Ce n'est pas une charge qui est imposée aux maires. Je fais le parallèle avec l'école: j'ai des enfants qui ont fait leur rentrée et le principal a annoncé qu'il ne nettoierait pas après chaque classe. '720 collégiens, ça change toutes les heures, on ne désinfecte pas'. On se crée des obligations qui, médicalement, peuvent se discuter puisque le virus ne se transmet pas par la sueur. Cette complexité met en danger le rugby mais aussi le sport associatif. Si des clubs se mettent en drapeau, c'est 180 000 associations... C'est autant de jeunes qui ne feront plus de sport."

AFP : Il y a des clubs durement touchés, risquent-ils d'avoir match perdu ?

S. S. : "Jamais. C'est la politique bienveillante dont on parlait. On a créé une cellule urgence Covid qui traite les demandes de reports. On sait que ça va s'amonceler et ça a déjà commencé. Ce matin (mercredi, NDLR), on a prononcé une quinzaine de reports. Il n'est pas question de pénaliser le club."

Propos recueillis par Nicholas Mc Anally

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