Semaine spéciale Paris 1924, épisode 4 : Les femmes défient Coubertin
Suzanne Lenglen
Suzanne Lenglen, la première grande star mondiale du tennis féminin est attendue sur la terre battue de Colombes du 13 au 21 juillet. La parisienne, née dans le 16e arrondissement de Paris, a remporté l’or sur du gazon aux Jeux d’Anvers quatre ans plus tôt contre l’anglaise Edith Holman, battue 6-3, 6-0. Et le tout Paris mise sur « la divine » pour illuminer cette Olympiade. Droitière avec un revers à une main, elle a révolutionné le sport féminin. Mais elle est malade. Une jaunisse l’oblige à s’arrêter au deuxième tour du simple dames face à une américaine et dès le premier tour du double mixte où elle est associée à Henri Cochet. Son absence pénalise la France. La malheureuse Suzanne Lenglen qui remportera 241 titres dans sa carrière dont six titres aux Internationaux de France et six à Wimbledon, décédera très jeune, à 39 ans, le 4 juillet 1938, victime d’une leucémie...
Julie Vlasto
L’héroïne sur les courts de 1924 est une jeune fille de 21 ans née à Marseille : Julie Vlasto est franco-grecque par son père, homme d’affaires pour le compte d’une entreprise anglaise de Liverpool, propriétaire d’une collection de plus de 700 objets d’art dont héritera Julie. Elle apprend le tennis avec le professeur Henri Darsonval et développe un jeu harmonieux avec un solide coup droit. En 1923, elle bat la grande championne américaine Molla Mallory à Cannes avant de tenter sa chance aux Jeux Olympiques de Paris.
« Diddie », c’est son surnom, déjà championne de France, atteint la finale du simple dames face à la favorite, l’américaine Helen Wills qui avait éliminé une autre française en demie, Germaine Golding. Julie Vlasto est battue 6-2; 6-2, victime de la faiblesse de son revers, mais elle s’est attirée l’admiration du public. Julie Vlasto reste pourtant une inconnue dans l’histoire olympique malgré sa médaille d’argent. Elle gagnera aux côtés de Suzanne Lenglen deux fois le double dames de Roland-Garros en 1925 et 1926. Demi-finaliste à Wimbledon en 1926, elle sera surtout numéro 1 mondiale la même année ! Elle épousera par la suite, un sportif italien, Jean Serpieri. Elle décédera à Lausanne à 81 ans.
Gertrude Ederle
L’autre héroïne des JO de 1924, c’est une jeune américaine de 18 ans qui décroche l’or en natation avec le relais américain sur 400m nage libre et deux médailles de bronze sur 100m et 400m nage libre. Dans le bassin de la piscine des Tourelles où triomphe un certain Johnny Weissmuller, Gertrude Ederle laisse une sacrée impression...
Née a New York et fille d’une famille d’immigrants allemands de six enfants, Gertrude apprend à nager avec son père dans la maison de vacances du New Jersey. Son nom passera à la postérité le 6 août 1926 lorsqu’elle deviendra, à 20 ans seulement, la première femme à traverser la Manche à la nage en 14h39’ ! Apres avoir réussi la traversée de la baie de Manhattan en 7h en 1925...
Ce 6 août 1926, elle se jette à l’eau à 7h05 au Cap Gris-Nez sur la côte française et achève son incroyable traversée de la Manche à Kingsdown en Angleterre. Son coach, Bill Burgess est stupéfait ! Son retour à New York est digne d’un triomphe d’une équipe de basket ou de baseball américaine. Une foule considérable est venue l’acclamer sur Broadway Avenue. Une liesse et une parade inimaginables comme en témoignent de nombreux documents. Elle fera un peu de cinéma, une chanson lui sera consacrée et un pas de danse porte aussi son nom aux Etats-Unis. Son record va tenir 25 ans jusqu’en 1950, battu par Florence Chadwick en un peu plus de 13h. D’une santé de fer, Gertrude Ederle s’éteindra dans le New Jersey, où elle apprit à nager, en 2003 à l’âge de 98 ans, totalement sourde après avoir passé tant de temps dans l’eau...
Si les femmes se font désormais plus remarquer aux Jeux, c’est aussi parce que les premiers JO d’Hiver de Chamonix, cette même année de 1924, ont mis en lumière deux championnes aussi talentueuses que gracieuses : La jeune patineuse norvégienne de 12 ans seulement, Sonja Henie, a enchanté le public. La petite fée d’Oslo demeure dans le cœur des Norvégiens grâce à une statue érigée dans la capitale scandinave. Sans oublier Andrée Joly, complice en bronze et en couple de Pierre Brunet sur la glace de Chamonix.
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