Simon fauché en plein vol
« Je connais son prénom maintenant ! » Roger Federer avait retrouvé le sens de l’humour après sa 900e victoire en carrière en poche. Si le public du Philippe-Chatrier était partagé entre les deux joueurs, les oreilles du Suisse ont résonné de nombreux « Gilou ». Pendant le deuxième et le troisième set, Federer avait la tête à l’envers et le masque sur le visage, bousculé par le rythme de Gilles Simon. Après un début de match timide, le Niçois lui a donné le tournis en haussant de manière incroyable son niveau de jeu. Sévèrement battu en mai à Rome (6-1, 6-2), le Français avait envie de résister plus longtemps. Quand le Suisse est tombé à terre et, de son propre avis « perdu confiance dans son jeu de jambe », Simon a commencé son festival. Mais pour Patrice Dominguez, consultant pour France Télévisions, l’ascendant pris par le 18e mondial s’explique autrement. « Roger Federer a développé un jeu sans surprise pour Gilles Simon. C’est un formidable joueur de contre lorsque la balle est à niveau car il peut jouer dans le rythme, indique Dominguez. Se déplacer de droite à gauche ne lui pose aucun problème, c’est un très bon couvreur de terrain dans les largeurs, ce qui est moins vrai dans les longueurs et les hauteurs. Mais aujourd’hui, il a essentiellement dû contrer dans la largeur du terrain, et il a contré de la vitesse. Il n’a pas eu à jouer sur des variations de balles. »
Comme sur dur
Dans ces conditions favorables, les qualités de contreur de Simon ont fait mouche. « Gilles était extrêmement à son affaire, un peu comme il l’est sur dur ou en indoor, là où il a obtenu ses meilleurs résultats, reprend Dominguez. Les balles sont régulières, elles viennent vite à lui, ce qui correspond à son caractère. C’est un joueur plus réactif que créatif. » En pleine confiance, Simon avait plus que trouvé la parade. Pas seulement contreur, le Français était aussi le détonateur d’attaques foudroyantes, notamment derrière son service. « Il a sans doute livré son meilleur match sur terre-battue, car il ressemblait à un match sur une autre surface, face à un joueur qu’il est parvenu à user dans l’échange », ajoute notre consultant. Simon a joué sur un nuage jusqu’à 1-6, 6-4, 6-2. Par la suite, il a légèrement baissé de pied quand Federer a ressorti le grand jeu, celui qui a fait sa grandeur. Impossible de lui résister malgré le courage de Simon. Jusqu’au bout du 5e set le Français a trouvé des ressources pour obtenir des balles de débreak à 5-3. Federer ne l’entendait pas ainsi. On ne stoppe pas comme ça un joueur qui en est à 36 quarts de finale consécutifs en Grand Chelem. « Je suis déçu de perdre celui-là mais je vais essayer de refaire des matches comme celui-là plus souvent », lâchait Simon quelques secondes après sa défaite. Histoire de se faire plus qu’un prénom dans la tête de Federer.
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