Ski en famille, Une de Tennis Magazine, parties de football... Valéry Giscard d'Estaing, fan de sport et précurseur en communication
Un précurseur. Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy l'ont eux aussi compris, mais Valéry Giscard d'Estaing qui est décédé ce mercredi à l'âge 94 ans après une hospitalisation à Tours, a été le premier des présidents français à comprendre que le sport avait un grand potentiel en matière de communication.
• En Une de Tennis Magazine
Plus jeune président que ses deux prédécesseurs, Charles de Gaulle et Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, 48 ans lors de son arrivée à l'Elysée en 1974, comptait notamment sur le sport pour entretenir son image d'homme moderne. Fan de tennis depuis sa tendre enfance, il a rapidement compris qu'il pouvait se servir de cette passion pour soigner sa communication. En août 1978, le mensuel Tennis Magazine (devenu depuis 2019 bimestriel) qui en est à son 29e numéro, publie un cliché de Valéry Giscard d'Estaing à la Une. On y voit le président d'alors taper la balle dans un ensemble blanc, short court et veste en coton, sur la terre battue d'un club huppé de la périphérie parisienne. Le mensuel titre son magazine : "La leçon de tennis de Giscard."
S'il a su se servir de cette passion de la balle jaune, une anecdote démontre qu'il était un véritable mordu de tennis. Lors de ses premières vacances au Fort de Brégançon (Var), la résidence officielle de villégiature pour les présidents de la République depuis 1968, Valéry Giscard d'Estaing entend profiter de ses quelques jours de repos pour "taper la balle". Mais malheureusement le rocher qui abrite la résidence ne bénéficie pas de court. Après une rapide prospection, le président découvre un court de tennis au château de Brégançon, à trois ou quatre kilomètres du fort. VGE appelle alors les propriétaires : "Bonjour, c’est le président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Est-ce que je peux venir jouer au tennis chez vous ?" Les propriétaires ne réalisent seulement qu'ils'agit bien du chef de l'Etat que lorsque celui-ci se présente devant eux, raquette en mains. "Ce terrain de tennis, Giscard va quasiment l'annexer ! À chaque fois qu’il vient à Brégançon, il vient chez eux jouer au tennis", raconte Guillaume Daret, auteur du livre "Le Fort de Brégançon". "Il arrive même une fois directement de Paris, encore en costard-cravate, et va se changer dans une pièce à côté.”
• Ski en famille, devant 60 journalistes
A côté du tennis, Valéry Giscard d'Estaing possède un autre loisir (réservé surtout pour l'époque aux élites), le ski. Malgré ce marqueur social très caractérisé, VGE se laisse filmer et photographier pendant qu'il skie pour servir sa communication. En février 1975, moins d'un an après son élection, Valéry Giscard d'Estaing convie près de 60 journalistes à Courchevel pour documenter ses vacances sportives à dévaler les pentes. Un reportage encore disponible sur l'INA remet toutefois en cause ses qualités de skieur novice ! "Selon les spécialistes, le président pratique un ski un peu trop raide, on lui reproche un manque de souplesse et une recherche de vitesse pure", explique posément la voix-off du journaliste. C'est peut-être une question de tempérament mais ne se corrige pas qui veut."
Avant même son élection à la présidence, alors qu'il était encore ministre des Finances du général, VGE étalait son amour du ski. Il avait notamment dévaler la face nord du Mont-Blanc avec Maurice Herzog - ancien secrétaire d'Etat aux Sports, maire de Chamonix et Alpiniste - et un professeur de l'école nationale de ski et d'alpinisme du nom d'André Contamine. Le tout après un largage en hélicoptère.
• Héros d'un match de football
Cette approche "marketing" du sport, VGE l'aura cultivé encore avec le football. Pour un président, le sport roi représente un outil idoine pour servir son image. Sport populaire par excellence, le ballon rond lui permet en outre d'atténuer son côté huppé.
Un an avant d'être élu président (et donc en pleine campagne électorale), celui qui n'est encore que ministre de l'Economie et des Finances n'hésite pas à chausser les crampons. Nous sommes en juin 1973, du côté de Chamalières en Auvergne. Maire de cette commune de 18 000 habitants, Giscard participe donc à un match de football opposant les commerçants aux élus municipaux. Les journalistes sont évidemment au rendez-vous.
Comme pour le ski, certains observateurs pointent du doigt son manque d'agilité, dû en partie à sa silhouette longiligne (1m89). Et alors que l'équipe du capitaine Giscard est menée 2-1, l'arbitre siffle un pénalty. La VAR n'existe pas, aucune protestation possible, et VGE se charge de le transformer le pénalty face à un gardien fébrile... Ce mercredi, l'ancien chef de l'Etat n'a pas pu gagner son dernier duel.
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