Sotchi : zone de protestation cherche protestataires
Souvenez-vous, c'était il n'y a pas si longtemps. Critiqué de toutes parts pour le manque de libertés en Russie, Vladimir Poutine avait fait un geste en fin d'année dernière. Le président russe avait "accordé" aux militants qui souhaiteraient manifester pendant les Jeux olympiques une "zone de protestation" pendant toute la durée des JO. Une provocation plutôt qu'une ouverture.
Associations de défense des droits de l'Homme, des homosexuels, de la presse, pourfendeurs du régime russe, opposants politiques... Le champ des "ennemis" de Poutine ne manque pas. Et pourtant, aucune action de grande ampleur n'a été menée jusqu'à présent, alors que les Jeux olympiques s'achèvent dans deux jours. Human Rights Watch, Reporters Sans Frontières, Memorial, toutes ces associations ont préféré agir de l'extérieur. Le mercredi 5 février dernier, par exemple, l'association All Out a organisé des rassemblements à travers le monde pour dénoncer les lois condamnant la "propagande homosexuelle" en Russie. Partout, sauf à Sotchi.
Où est la zone ?
Les associations citées plus haut n'ont certainement pas envie d'être cantonnées à quelques mètres carrés de liberté pendant les Jeux olympiques, sur une zone étroitement surveillée par les autorités. Mais d'ailleurs, où est-elle cette fameuse zone de protestation ? Personne ne le sait vraiment. Ou, plutôt, tout le monde s'en fiche. Il a fallu plusieurs jours de recherches, questionnements, traductions sur Internet pour arriver à un résultat. Voici donc ce qui nous a été présenté comme la zone destinée à accueillir les contestataires du monde entier.
A Kudepsta, petit village entre Sotchi et Adler, au milieu de nulle part, une cour pavée, grillagée, et qui semble toujours en travaux. Ne pas compter sur les voisins pour en parler ; en toute sincérité, ils ne savent rien. N'en ont même jamais entendu parler. Autour de la cour, les panneaux bleus sont les mêmes que ceux utilises pour les chantiers olympiques. Manifester ici ne servirait à rien.
Activisme sauvage
En Russie, pays où l'on peut se retrouver en prison pour des "insultes à un arrêt de bus" - c'est ce qui est arrivé récemment au militant écologiste Evgeni Vitichko -, les militants font pourtant preuve d'audace. Les manifestations sont inexistantes, mais des actions ont lieu, relayées sur les réseaux sociaux.
Ces derniers jours par exemple, les Pussy Riot sont passées par Sotchi, le temps d'un happening fini par une bastonnade, et d'un court passage en prison en compagnie de journalistes et militants. Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, libérées en fin d'année de leurs camps, ont nargué les autorités devant les anneaux olympiques, symbole ultime, et ont enregistré un clip où elles démolissent une nouvelle fois Vladimir Poutine.
Les Pussy Riot sont reparties jeudi pour Moscou, après avoir affolé les autorités. La zone de protestation, elle, est restée vide.
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