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Sport à l'école : "Au lieu de renforcer les dispositifs existants, on en crée de nouveaux", regrette le secrétaire général du Snep-FSU

L'expérimentation des deux heures de sport en plus au collège, qui débutera au retour des vacances de la Toussaint, ne convainc pas le Snep-FSU, le syndicat majoritaire des professeurs d’EPS. 

Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Photo d'illustration. Des enfants participent a une séance d'activité physique et sportive dans une cours de récréation dans une école élémentaire de Montpellier, le 10 septembre 2018.  (MAXPPP)

A chaque rentrée scolaire, ses nouveautés. En matière d'éducation physique et sportive (EPS), le gouvernement souhaite expérimenter une nouvelle mesure au collège pour la rentrée 2022 : l'ajout de deux heures de sport supplémentaires dans le temps périscolaire afin que les élèves puissent pratiquer, de manière volontaire, une activité physique au sein d'un club ou d'une association sportive.

La mesure sera testée par 140 établissements sur le territoire, à partir du 7 novembre, soit au retour des vacances de la Toussaint. Benoit Hubert, secrétaire général du Snep-FSU, le syndicat majoritaire des professeurs d’EPS, revient pour franceinfo: sport sur cette mesure, loin de le convaincre. 

Franceinfo: sport : que pensez-vous de l'expérimentation des deux heures de sport supplémentaires au collège ? 

Benoit Hubert : On partage le constat qu'il y a une nécessité d'augmenter l'activité physique chez les jeunes. Mais cette solution n'est pas la bonne. En termes de nouveautés, on a connu divers dispositifs depuis les années 1970. Quasiment tous les deux ans, un dispositif en remplace un autre, et cela n'a jamais donné les effets escomptés. 

Beaucoup d'enseignants ont découvert cette mesure lors de la conférence de presse de rentrée, tenue le 26 août, par le ministre de l'Education nationale et de la jeunesse, Pap Ndiaye. 

Cette mesure est en effet sortie de nulle part. Il s'agit d'une volonté du président de la République dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Certes, la question de l'héritage immatériel des Jeux se pose mais la solution qui est mise en avant n'est pas la bonne. Déjà, parce que l'objectif initial de ces deux heures de sport est quand même de faire pratiquer les jeunes qui sont éloignés de la pratique physique.

"Rester sur une pratique volontaire, sur un temps périscolaire, ne va pas les inciter à s'inscrire."

Benoit Hubert, secrétaire général du Snep-FSU

à franceinfo: sport

L'autre difficulté concerne la mise en tension des installations sportives. Quand nous avons été reçus à Matignon, nous leur avons expliqué que ce nouveau dispositif sera en concurrence complète avec ce qui existe déjà, à savoir les enseignements d'EPS et les sections sportives scolaires (l'association sportive UNSS), qui permet d'avoir un lien avec les clubs. 

Car une installation sportive se situe au sein d'un réseau et concerne les écoles primaires, tous les collèges et lycées du secteur. Donc cet ajout est une mise en tension supplémentaire. Au lieu de renforcer les dispositifs existants, on en crée de nouveaux. 

Pour percevoir les effets et enclencher quelque chose chez ces jeunes-là, il faudrait selon moi passer par une augmentation de la pratique obligatoire donc, de l'EPS.

Benoit Hubert, secrétaire général du Snep-FSU

à franceinfo: sport

Depuis un an et demi, nous portons la revendication des 4h d'EPS pour tous. Car on s'aperçoit que le plus gros décrochage que l'on observe dans la pratique se situe plutôt à l'entrée du lycée. Avec 2h d'EPS au lycée, il était d'ailleurs peut-être le moment opportun pour augmenter les créneaux de pratique.

Autre nouveauté, en école primaire cette fois : l'instauration des 30 minutes de sport à l'école. Cette mesure vous satisfait-elle ?

On est sur la même logique, sauf que dans ce cas, on est sur du temps scolaire, et des apprentissages. Il serait préférable de réfléchir sur les aménagements de cour de récréation pour permettre de développer un peu plus la pratique sur les temps de pause, plutôt que d'obliger les enfants à faire du "gigotage". Dans le même temps, les instituteurs sont de moins en moins formés à la pratique physique, ce qui la rend difficile à enseigner. 

Ces mesures se dressent dans le sillage des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. A moins de deux ans des Jeux, arrivent-elles trop tard ? 

Oui, elles arrivent trop tard. En France, les politiques sportives sont très axées sur la très haute performance et très peu sur le sport pour tous. C'est pourtant cela qu'il faudrait développer, sur tout le territoire, tant au niveau des infrastructures qu'au niveau de la diversité de la pratique. 

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