"On veut donner de la force à la jeunesse" : l'engagement d'Arnaud Assoumani pour les étudiants en grande précarité
Pourquoi était-ce important pour vous d'organiser un tel événement ? On a senti que cette situation de grande précarité de beaucoup d'étudiants vous a touché...
Arnaud Assoumani : "Oui ça me rend triste. Même si on est en pleine crise sanitaire, ce n'est pas normal qu'on ait des jeunes en train de faire leurs études, qui ne chôment pas du tout, qui ont des boulots à côté, qui ont un prêt étudiant et qui se retrouvent dans des situations comme celles-là. Beaucoup vivent dans des chambres minuscules et on a le sentiment qu'on ne peut pas les aider. Heureusement, des associations ont pris le relais et participent à une prise de conscience.
À titre personnel, je me dis qu'on a tous un rôle à jouer et qu'il y a des choses à faire. C'est comme ça qu'est né "Bougeons nous pour les étudiants", avec l'aide de Pierrick Bizet, fondateur de "Courir avec toi". Ils avaient organisé une course à Noël pour offrir des cadeaux à des enfants hospitalisés. J'avais trouvé le format dingue parce que tu pouvais te connecter n'importe où, faire 5 kilomètres, échanger avec des gens sur Zoom... J'ai contacté Julien Meimon, le fondateur de l'association Linkee - qui distribue des colis alimentaires au profit des étudiants en situation de grande précarité - pour lui proposer le concept. Il a accepté avec grand plaisir."
Il y aura des ambassadeurs dans plusieurs disciplines ?
A.A : "Oui, il va y avoir trois formats qui seront diffusés sur notre chaîne Twitch, celle de Golden Arm Lab (plateforme créée par Arnaud Assoumani, NDLR). Le premier format est la course solidaire. L'idée n'est pas de faire de la performance mais surtout de faire passer le message "bougeons nous" ! Ma mère va faire de la marche, des amis vont faire du vélo, d'autres vont courir... Parmi les ambassadeurs on va retrouver Nikola Karabatic (handball), Emmeline Ndongue (basket), Valentin Dubois (parkour), Tiphaine Marain (équitation)... Ils vont donner le départ dans leur discipline. Le but c'est de créer des passerelles entre les univers et que l'on se sente tous concernés. On a besoin de respirer, de s'amuser un peu. On sera trois à coanimer avec Co6nus, casteur sur Twitch sur l'esport."
D'ailleurs il y a une vraie dimension numérique dans cet événement, qui vise à rapprocher plusieurs communautés que ce soit celle du sport mais aussi les gamers ?
A.A : "Complètement. Le deuxième format c'est un défi gaming sur Twitch avec apEX, qui est un joueur de "Counter Strike", et puis Broky, ancien joueur pro de "Call of Duty". Enfin, le troisième format c'est le défi culinaire avec les chefs Bérangère Fagart et Harouna Sow. Ils vont cuisiner pendant quatre heures une cinquantaine de plats et donner de leur temps. On a besoin de tout le monde. On veut donner de la force à la jeunesse. Des tee-shirts seront aussi vendus pendant l'événement. Il faut savoir que deux euros représentent un repas. Très rapidement, on peut avoir des centaines, des milliers de repas et des milliers de personnes aidées."
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"Gagner une médaille c'est top, mais si je suis encore en activité c'est parce que j'ai des messages à faire passer"
Cela représente quoi pour vous le fait de prendre du temps pour lancer ce genre d'événement aujourd'hui, là où peut-être par le passé vous auriez été pleinement concentré sur votre préparation en vue des Jeux paralympiques ?
A.A : "C'est la situation qui veut ça, mais j'ai toujours été engagé dans des associations. Je bosse beaucoup avec Play International, qui fait de l'éducation par le sport. On a fait des événements plus récemment avec le World Clean Up Day... J'ai d'autres projets avec Golden Arm Lab qui sont toujours à fort impact social, sociétal et environnemental. L'idée c'est de se dire qu'on veut toujours avoir un impact positif. En 2012 j'avais lancé un concours pour "designer" ma nouvelle prothèse, ça avait super bien marché. Quand j'allais dans les écoles les gamins étaient hyper contents, ça avait ouvert le dialogue, on cassait les stéréotypes sur le handicap très rapidement. Cela participe à avoir un échange avec des gens plus empathiques, plus tolérants. Même si je n'ai pas des centaines de milliers de personnes qui me suivent, à un moment on peut tous avoir un rôle."
Vous faites aussi le parallèle avec votre statut de sportif de haut niveau...
A.A : "Gagner une médaille c'est top, mais si je suis encore en activité c'est parce que j'ai des messages à faire passer. Je déteste les injustices et la discrimination. On a la chance d'être dans des pays riches avec beaucoup de confort, aujourd'hui ce confort est mis à rude épreuve, mais ça doit nous rappeler la chance qu'on a, réellement. Cette précarité, elle n'est pas normale. Moi aussi j'ai été dans une certaine précarité comme beaucoup d'athlètes olympiques, mais encore plus paralympiques, par rapport à la crise sanitaire. Mais à un moment il faut quand même se demander ''comment est-ce que je peux aider ?'' C'est super important pour moi. Ça dépasse le cadre de ta propre personne, du sport. Les gens ont besoin de solidarité, de respirer, de fun."
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