Mondiaux de ski alpin 2023 : et si Alexis Pinturault avait trouvé un second souffle avec les épreuves de vitesse ?
Libéré d'un poids, et soulagé d'être à la hauteur devant son public. Alexis Pinturault revit depuis le début des championnats du monde de ski alpin 2023, qui se déroulent, pour les épreuves masculines, à Courchevel, sa station. "L'enfant du pays", qui vient de signer, jeudi 9 février, son huitième podium en carrière dans des Mondiaux avec la médaille de bronze en super-G, est redevenu le cador du cirque blanc aux 34 victoires en Coupe du monde. Et ce renouveau semble se dessiner sur les épreuves de vitesse (super-G et descente).
D'abord technicien (slalom et géant), faut-il rappeler que le natif de Moûtiers (Savoie) est rapidement devenu l'un des skieurs les plus polyvalents du circuit ? Quadruple vainqueur du globe du combiné (super-G et slalom), déjà en bronze en super-G lors des précédents Mondiaux à Cortina (2021), il est même déjà monté tout en haut de la boîte dans cette discipline, en Coupe du monde, en mars 2014, à Lenzerheide (Suisse). "Le dernier Français à avoir gagné en super-G, c’est lui, donc il a toujours eu le potentiel pour cela", a tenu à rappeler le patron de l'équipe de France masculine de ski alpin, David Chastan, dans la raquette d'arrivée après la cérémonie du podium.
Si le principal intéressé a assuré qu'il ne s'attendait pas forcément à une telle performance jeudi, cette médaille de bronze et son titre sur le combiné, deux jours plus tôt, déjà construit autour du super-G ne sont finalement pas d'immenses surprises. La vitesse a en effet toujours gardé une place importante dans sa réflexion et dans sa carrière. Et quand les planètes s'alignent, comme depuis mardi sur cette piste de l'Eclipse qui lui sied si bien, Alexis Pinturault peut viser très haut.
La descente ? "C'est une bonne reconversion !"
Au point, aujourd'hui, de le voir s'aligner davantage en descente notamment ? "Cela me conforte peut-être un peu plus dans cette perspective, nous a répondu Alexis Pinturault en conférence de presse. Je ne dis pas ce 'choix', parce que ce n’en est pas un que j’ai arrêté, mais dans cette perspective, ça m’encourage, oui. Je prends beaucoup de plaisir en super-G, j’en ai toujours pris beaucoup aussi en descente. Je n’en fais pas, parce qu’il faut faire des choix. Mais ce n’est pas impossible qu’en fin de carrière, j’aie la motivation d’aller un peu plus en descente."
"Je pense qu’on lui fait du bien et dans le futur, j’aimerais qu’il soit encore plus souvent avec nous", a d'ailleurs taquiné Yannick Bertrand, l'un des coachs de la vitesse masculine tricolore, qui venait tout juste d'arriver en bas de la piste, un drapeau bleu-blanc-rouge à la main. Très à l'aise en super-G cet hiver, et de moins en moins placé en slalom (un seul top 5 cette saison en sept courses disputées), Alexis Pinturault, qui ne lâchera jamais sa course de prédilection qu'est le géant, devra de toute façon laisser la seconde discipline technique de côté s'il souhaite vraiment se reconvertir.
"Quand on fait vraiment tout le circuit vitesse, avec les entraînements, c’est clairement autre chose, et il faut faire des choix forts, explique Xavier Fournier-Bidoz, le boss de la spécialité pour les Français. Est-ce qu’il les fera ? C’est lui qui décidera. Mais c’est une magnifique idée de finir une carrière en changeant comme ça ! Je pense qu’il a envie de gagner une descente, il l’a déjà dit. Mais il devra s'en donner les moyens, car c’est encore différent du super-G. C’est une bonne reconversion."
Une chose est sûre, tous les voyants sont au vert pour voir plus régulièrement le skieur de Courchevel engagé dans des épreuves de vitesse, et particulièrement en descente. D'ailleurs, comme l'explique notre consultant Luc Alphand, il est "plus facile de passer de la technique à la vitesse quand on vieillit". Avec l'âge, les spécialistes de la technique peuvent s'adapter aux exigences de la vitesse (endurance, force mentale). L'inverse n'est pas vrai, les épreuves techniques, comme le slalom et le géant, demandant une explosivité qui diminue quand un athlète avance en âge.
En revanche, la route est encore longue pour voir un jour la "Bête" de Moûtiers vainqueur d'une descente. "Il faut être prêt mentalement, prévient aussi l'ancien triple vainqueur du globe de la spécialité. Tout le monde n’y parvient pas, mais Alexis, comme Marco Schwarz, y arrivent bien. Pour autant, je ne sais pas encore s’il deviendra un grand descendeur. Il n’a peut-être pas la glisse pour ça.” Seul l'avenir le dira, et visiblement, à bientôt 32 ans, Alexis Pinturault est bien décidé à prolonger le plaisir. En technique, comme en vitesse.
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