Biathlon : comment l'équipe de France masculine a retrouvé des couleurs après deux saisons décevantes

Avant la quatrième manche de la saison, à Oberhof en Allemagne dès vendredi, les biathlètes français ont déjà cumulé autant de podiums qu'en 2023-2024.
Article rédigé par Othélie Brion
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Les Français Eric Perrot et Emilien Jacquelin ont accroché le podium de la poursuite du Grand-Bornand derrière le Norvégien Johannes Boe, le 21 décembre 2024. (FLORIAN FRISON / AFP)

L'heure est à la renaissance. Après deux hivers moroses, l'équipe de France masculine de biathlon est de retour au premier plan. Avec six podiums individuels en trois étapes de Coupes du monde, les Bleus ont déjà atteint le bilan de leurs deux dernières saisons complètes (six en 2022-2023 et six en 2023-2024). A Oberhof, en Allemagne, ils ont l'occasion de confirmer leur bon état de forme, dès le sprint, vendredi 10 janvier.

Pour Jean-Pierre Amat, l’entraîneur de tir des Bleus, ce bon début d’hiver trouve contre-intuitivement ses racines dans "la continuité" de l’année passée. Si l'exercice 2023-2024 n'a pas été une réussite, c'est en grande partie à cause du début de saison, catastrophique (aucun podium en 18 courses individuelles). Les dernières manches, en Amérique du Nord, laissaient déjà présager un redoux. Entre Soldier Hollow (Etats-Unis) et Canmore (Canada), les Bleus avaient décroché cinq podiums.

"L'année dernière, on a commencé à travailler sur des fondamentaux qui nécessitent un peu de temps pour se mettre en place, qui n’étaient peut-être pas totalement adaptés à des résultats immédiats. Mais le projet est sur trois ans, avec en ligne de mire les JO de 2026, donc on suit les plans", expose le technicien savoyard.

Une préparation adaptée aux écueils des saisons précédentes

Pour faire encore mieux cette saison, la préparation, sans être bouleversée, a été perfectionnée. Au tir, le travail sur la vitesse a laissé place à un travail sur la précision. "La préparation a été un peu plus traditionnelle. Et il y a aussi des choix persos qui paient", a analysé pour RMC Sport, Emilien Jacquelin, qui cherche cette année à être plus calme derrière la carabine.

"On a beaucoup travaillé. Ce n'est pas exceptionnel [de gagner une manche], c'est normal et ce n'est que le début. J'ai dit à Quentin [Fillon Maillet] que si j'étais capable de faire ce genre de courses, il l'était aussi"

Emilien Jacquelin après sa victoire sur le sprint de Kontiolahti

à la chaîne L'Equipe

Sur les skis, plus question de miser sur une montée en puissance coûteuse en confiance. "La préparation a été différente [...] pour attaquer de manière un peu plus offensive", confiait l’entraîneur des Bleus, Simon Fourcade, à Eurosport mi-décembre. Pour être plus compétitive, l’équipe de France a, en plus, revu sa copie pour mieux s’adapter à l’interdiction au fluor, qui leur a posé "quelques problèmes de glisse pendant la saison, notamment au début", selon les mots de l’ancien biathlète.

Nommés à l’été 2023, après les départs mouvementés de Vincent Vittoz et Patrick Favre, Simon Fourcade et Jean-Pierre Amat arrivent aussi à maturité après une première année à tâtons. "Il a fallu faire connaissance avec les biathlètes. A l’entraînement, on peut tester des choses mais il n’y a qu’une référence, les courses. Il faut voir ses athlètes en championnat, voir comment ils réagissent pour mettre le doigt plus précisément sur ce qu’on peut améliorer chez chacun et commencer à travailler", justifie l’entraîneur de tir. 

Une concurrence positive, en interne et face aux Norvégiens

Derrière les deux locomotives que sont Emilien Jacquelin et Eric Perrot, respectivement 3e et 4e du classement général de la Coupe du monde et quatre podiums individuels à eux deux, une émulation collective s’est aussi créée au sein des Bleus. Après sa victoire devant Quentin Fillon Maillet sur la mass start de Kontiolahti (Finlande), Eric Perrot, a parlé "d’une super dynamique" ressentie "avant le début de saison". "Il y a une envie de performer dans cette équipe. C’est un système qui s’auto-alimente, analyse de son côté Jean-Pierre Amat. La saison dernière, ce n’était pas un problème d’entente, mais chacun traînait des choses. Ils avaient un œil sur le passé, un œil sur l’avenir. Aujourd’hui, ils regardent essentiellement devant".

Pour le champion olympique de tir à Atlanta (1996), une autre émulation positive est aussi à noter : celle avec les Norvégiens, portés par le multimédaillé mondial Johannes Boe, mais aussi par la nouvelle génération, à l’instar de Martin Uldal, vainqueur du sprint au Grand-Bornand pour sa troisième participation en Coupe du monde.

Un ensemble d’éléments qui permettent aujourd'hui aux Bleus d’être en confiance. "Finalement, le niveau n’est pas loin d’être le même [que l’an dernier]. Physiquement, on est toujours aussi prêts. C'est juste que mentalement, on est dans une autre dynamique, plus offensive", analysait Eric Perrot pour RMC sport. Si la saison est encore longue, les Bleus ont plus que jamais soif de victoires.

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