Biathlon - L'hiver de feu de Boe, le coup de mou de Fourcade, la confirmation Fillon-Maillet : on fait le bilan
Le biathlète : Johannes Boe, un hiver dans la légende
Il a longtemps dû se contenter de l’ombre, derrière l’incandescent Martin Fourcade. Après de longues années à chasser la légende française (troisième du classement général en 2014 et 2017, deuxième en 2016 et 2018), Johannes Boe, 25 ans, a su attendre patiemment son heure, pour une consécration XXL cet hiver.
Alors que Fourcade a connu une baisse de régime spectaculaire après avoir mis la main sur le Gros Globe pendant sept années d’affilée (voir par ailleurs), le Norvégien n’a pas laissé passer l’occasion de s’engouffrer dans la brèche. Résultat ? Boe a tout raflé. Le gros globe de cristal, son premier, mais aussi les quatre petits – individuel, poursuite, sprint et mass-start – pour s’offrir le Grand Chelem, exploit réussi à quatre reprises par Fourcade (2013, 2016, 2017, 2018). Pareil aux Mondiaux où il aura survolé la concurrence avec 4 médailles d'or (relais mixte, sprint, relais simple mixte, relais) et une d'argent en poursuite.
Surtout, il aura réussi à effacer des tablettes le record de victoires sur une saison de Martin Fourcade (14 il y a deux ans). Avec 16 succès en 25 courses, Johannes Boe s’est offert un hiver stratosphérique et n’a laissé que les miettes à ses adversaires. Supérieur sur les skis mais réputé pour son manque de constance sur le pas de tir, le Norvégien a tutoyé l’excellence cette saison en se montrant plus solide derrière la carabine. "Il est devenu plus fort cette année, a expliqué à l’AFP Siegfried Mazet, l'entraîneur de tir de la Norvège. Il a eu un sursaut d'orgueil et de volonté pour essayer d'être plus régulier. Il y a eu un travail mental mais aussi une prise de conscience de ce qu'il doit être en tant qu'athlète de haut niveau, pas seulement pendant la saison mais aussi pendant la préparation." Un travail qui a porté ces fruits cette saison, pour faire de Johannes Boe le nouveau maître de la discipline.
La déception : la "grosse fatigue" de Martin Fourcade
S'il était le maître incontesté de la discipline depuis sept saison, Martin Fourcade est tombé de haut cette année. Débutée avec deux succès à Pokljuka (Slovénie) et Hochfilzen (Autriche) lors des cinq premières courses, sa saison s’est rapidement transformée en un long chemin de croix. Le Catalan, habitué à jouer les premiers rôles, n’a plus revu une seule fois le podium de la saison. Un hiver tortueux marqué également par des Mondiaux catastrophiques avec aucune médaille, une première depuis 2009. "C'est très frustrant et c'est difficile. (…) J'ai du mal à enchaîner les courses et ça me coûte physiquement, ça ne répond pas comme je veux. Il y a une espèce de résignation et un cercle vicieux", confiait-il après sa 39e place sur l’individuel, son pire classement dans une course aux Championnats du monde.
Alors quelle suite pour le Catalan ? Incapable de suivre la cadence infernale imprimée par Johannes Boe, Martin Fourcade n’a jamais retrouvé l’aisance et la facilité qui le caractérisait lors de ses grandes années et termine cette saison usé autant mentalement que physiquement. "Il y a une grosse fatigue et j'ai envie de me régénérer. C'est un petit burn-out sportif", confiait-il après les Mondiaux. S'il lui faudra probablement du temps pour encaisser les déceptions de cette longue saison, le Français s’est déjà dit prêt à tourner la page et à revenir avec des ambitions dès l’hiver prochain. "Je suis serein, cela ne se casse pas du jour au lendemain, il y a vraiment moyen de retrouver mes sensations. Si je repars pour la saison prochaine et c'est ce que je vais faire, c'est que j'ai la conviction que c'est possible. Je ne suis pas maso." Vivement l'hiver prochain pour Martin Fourcade.
Le face-à-face : Wierer-Vittozzi, duel à l’italienne
Il aura donc fallu attendre la 25e et dernière course de la saison pour connaître le nom de la nouvelle reine du biathlon mondial. Entre Dorothea Wierer et Lisa Vittozzi, le duel aura duré tout au long de l’hiver. Malgré une 12e place sur la mass-start d’Oslo ce dimanche, c'est finalement Wierer qui s’est paré de cristal en Norvège, s’offrant un premier gros globe avec 22 petits points d’avance sur sa compatriote. Une semaine après avoir décroché le titre de championne du monde de mass-start aux Mondiaux d'Östersund (Suède), Dorothea Wierer (3 victoires, 7 podiums cette saison) succède à Kaisa Mäkäräinen et entre de plein pied dans l'histoire, devenant la première italienne à remporter le classement général de la Coupe du Monde.
Les Français : les Bleues pas dans le coup, Fillon-Maillet au top
Une saison à oublier pour les Françaises. Longtemps que l’équipe de France féminine n’avait pas connu une année aussi pauvre en terme de succès. C’est simple, les Bleues ne sont montées que cinq fois sur la boite pour… aucun succès. Du jamais vu depuis six ans. Seule consolation, une victoire en relais à Ruhpolding et deux troisièmes places à Hochfilzen et Canmore. Bien maigre. Meilleure française au classement général (20e), Anais Chevalier a signé trois podiums dont une deuxième place sur le sprint d’Oberhof, tandis que Justine Braisaz se console elle avec une médaille de bronze sur l’individuel aux Mondiaux.
Si le patron Martin Fourcade a connu une saison délicate, les autres membres de l'équipe de France masculine n'ont eux pas manqué de briller. Habitué aux places d’honneur, Quentin Fillon-Maillet est passé à la vitesse supérieure cette année. A 27 ans, le Français s’est offert ses deux premiers succès en Coupe du Monde en remportant la mass start d’Anterselva, avant d'enchaîner sur la poursuite de Soldier Hollow deux semaines plus tard. Avec neuf podiums cette saison, dont deux médailles de bronze aux Mondiaux d’Östersund, Fillon-Maillet a été l’un des grands bonhommes de cette saison et termine à la 3e place du classement général, juste devant… Simon Desthieux. Lui devra attendre encore pour sa première victoire en Coupe du Monde mais Desthieux aura su tirer son épingle du jeu tout au long de cette saison en collectionnant les top 10. Antonin Guigonnat, vice-champion du monde de la mass start, s'est lui aussi distingué et termine onzième au général, juste devant Martin Fourcade.
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