Biathlon : Martin Fourcade vu par ses aînés
Vincent Jay, ancien biathlète et coéquipier de Fourcade en équipe de France :
"C’est en même temps une perte et un immense gain pour le sport français. C’est l’athlète le plus médaillé aux JO d’hiver. En tant que coéquipier, il a tiré tout le monde vers le haut, toute la génération derrière lui. Au quotidien, tous avaient Martin en ligne de mire. C’est un grand champion avec des qualités physiologiques hors-normes, mais ce qui frappe également, c’est sa capacité à gérer plein de choses de front : sa carrière, sa famille, sa communication, ses contrats. Au fur et à mesure, il a changé dans son approche, il s’est professionnalisé.
Après les JO de Vancouver en 2010, il est passé du jeune doué à potentiel à un athlète d’une autre stature. Il a pris conscience de certaines choses à ce moment-là. Si je devais retenir une image de sa carrière, c’est à Vancouver justement. Je sors devant lui du pas de tir avec Simon (Fourcade, son frère), nous sortons en 4e et 5e position. Et on voit d’un coup une espèce de tenue bleue revenir à toute vitesse, c’était Martin. Lorsqu’il décidait de se placer en tête du peloton, ça faisait exploser tout le monde tellement il était fort. Il a préparé sa retraite, avec toutes les portes qu’il a ouvertes. Il a une vie après le biathlon, il n’a pas cette peur de l’avenir."
Florence Baverel-Robert, ancienne biathlète (1992-2007) :
"Il a eu une carrière énorme, quoiqu'il arrive. C'est un leader pour toute cette équipe et il doit être heureux qu'il y ait une nouvelle génération qui arrive. Il a toujours été très attaché à cette notion de transmission. Désormais, il n'est plus tout seul en équipe de France. Il doit en être le premier ravi car il n'aime pas quand il n'y en a que pour lui. Martin est quelqu'un qui m'impressionne par sa faculté à tout gérer. Non seulement sa carrière sportive mais aussi son image. Il est très présent sur les réseaux sociaux, il gère ses contrats professionnels, bref il est partout, il arrive à tout contrôler. Humainement, c'est quelqu'un de très généreux. Il donne tout pour l'équipe mais il sait aussi se montrer très réservé sur le reste de sa vie. Ce n'est pas quelqu'un qui va faire beaucoup de blagues, il est très sérieux. Et il faut l'être quand, comme lui, on veut tout gérer de A à Z".
Nicolas Michaud, directeur des équipes de France de ski nordique entre 2011 et 2015 :
“Je l’ai rencontré il y a très longtemps au centre d’entraînement de Prémanon (le centre national de ski nordique et de moyenne montagne). Il était très jeune. Il n’était pas encore sportif de haut niveau, c’est ça qui est exceptionnel. Il était non classé, je m’en souviens encore. C’était peut être le seul dans ce cas de figure. Stéphane Bouthiaux (entraîneur de l'équipe de France de biathlon) a tout de suite senti le potentiel chez Martin. Il m’avait dit : « Lui, ce serait vraiment bien qu’on le garde.« Il y a plusieurs choses qui m’ont marqué chez Martin. Notamment sa capacité à faire des choix, ses choix. Il avait déjà tout d’un grand champion.
Ce qui m’a le plus impressionné chez lui, c’est aussi sa capacité à tout gérer. Son envie même obsessionnelle de tout gérer. Il ne s’occupait pas que du sportif. Les médias, ses partenaires, il était moteur de tout. 90% des athlètes ne seraient pas capable de faire ce qu’il a géré. A Sotchi (JO 2014) après un de ses titres, malgré toutes les sollicitations, la cérémonie des médailles, il est rentré au chalet et a regardé tous les articles sur internet le concernant. Il n'est pas impacté par les critiques. Il s’en nourrit et c’est très impressionnant. Ce n’est pas donné à tout le monde. Martin est capable de donner autour de lui. C’est ce qui en fait un bon leader. Il a toujours souhaité que les Bleus de biathlon soient au top. Il les a poussé vers le haut. Il va laisser une empreinte incroyable par rapport à son palmarès mais pas que, l’homme aussi. C’est ce qui en fait une légende un peu comme Teddy Riner."
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