"C’est la passion biathlon" : au Grand-Bornand, une ambiance de feu sur la neige pour la Coupe du monde
Dans une ambiance indescriptible, la station de Haute-Savoie accueille jusqu’à dimanche la Coupe du monde de biathlon. Une ferveur appréciée et parfois redoutée par les athlètes.
C’est une rumeur ininterrompue qui s’échappe de la tribune plantée à quelques mètres du pas de tir : des cris, des encouragements, des cloches et des sirènes. Le Grand-Bornand accueille ddepuis jeudi 16 décembre et jusqu'à dimanche la Coupe du monde de biathlon. Environ 60 000 personnes vont assister aux quatre jours de compétition dans une ambiance indescriptible. Pour l’épreuve du sprint féminin, la première des six épreuves organisées dans la station de Haute-Savoie, le ton est donné. Après une longue période d’abstinence, les fans de biathlon ont bien répondu présent.
"J’avais oublié que le public nous aide dans une course", lance Anaïs Chevalier-Bouchet. Comme tous les biathlètes, la Française avait perdu l’habitude d’un public bruyant et démonstratif en tribune et au bord de la piste. Mis à part le début de saison à Ostersund en Suède avec une jauge réduite de spectateurs, cela faisait vingt mois que les épreuves de biathlon se déroulaient à huis-clos, comme ce fut encore le cas en Autriche le week-end précédent.
"Une ambiance vraiment différente par rapport à d’autres sports"
Changement de décor dans le stade du Grand-Bornand qui porte le nom de l’ancienne championne locale, Sylvie Becaert. Il y a presque 10 000 personnes au premier jour, 10 000 vendredi et 20 000 spectateurs attendus chaque jour ce week-end. Beaucoup arrivent très tôt, dans le froid, malgré le soleil généreux qui inonde la vallée. "C’est la passion biathlon", résume Charlie, originaire du département de l’Ain. "Ça nous a manqué et le biathlon amène une ambiance vraiment différente par rapport à d’autres sports", fait remarquer Amédine, une Parisienne installée pas très du Grand-Bornand.
"C’est la deuxième année qu’on vient. Il y a une bonne ambiance, tout le monde se côtoie, on fait des connaissances. C’est super."
Chantal, passionnée de Biathlonà franceinfo
Selon les chiffres de l’organisateur, la moitié des spectateurs vient de la région Auvergne Rhône-Alpes, l’autre moitié de toute la France et de l’étranger. "Nous avons fait dix heures de routes depuis Fougères à côté de Rennes, raconte Christelle qui débarque en famille. Je suis venue en repérage cet été, j’ai trouvé les gens charmants, je me suis dit qu’il fallait que je revienne. Mon mari m’a offert des billets pour le biathlon pour mes 50 ans. Je suis tombée à la renverse tellement j’étais contente." Et en retour, elle a offert un pass à sa maman, Huguette, drapeau breton bien accroché au sac à dos. "On aime le sport, on aime le biathlon, on le regarde tout le temps à la télé", s’amuse cette passionnée de 71 ans. "Et en plus, on peut voir les champions en vrai", rajoute son mari Daniel.
Cette ambiance indescriptible est parfois perturbante pour les biathlètes quand il faut se concentrer sur le pas de tir pour atteindre les cibles et que vous avez derrière vous une tribune pleine comme un œuf. "C’est comme quand vous n’arrivez pas à dormir et que vous vous dîtes : il faut que je dorme. Vous n’y arriverez pas ! s’amuse Emilien Jacquelin, le meilleur français sur ce début de saison. Il ne faut surtout pas se dire de ne pas penser au public parce que ça va être pire. Il faut juste accepter et prendre du plaisir aussi. Dans une carrière d’athlète, ce genre de compétition n’arrive pas tous les jours. Le plaisir doit passer avant tout et c’est comme ça que je pourrais performer."
Une étape à part
"Ce n’est pas anodin", complète Quentin Fillon-Maillet, son compère en bleu. "Il faut que ce soit une force, se réjouit déjà Fabien Claude. J’en ai entendu certains dire qu’ils allaient courir avec des bouchons d’oreille, notamment les étrangers. Je ne suis pas du tout dans cet esprit-là. Je veux me servir de cette ferveur pour être le plus performant possible."
C’est la quatrième fois depuis 2013 que le Grand-Bornand accueille une étape de la Coupe du monde. Celle de 2020 avait été annulée à cause du contexte sanitaire. Et ce calendrier est une aubaine pour la station du massif des Aravis : au début des vacances scolaires, elle amorce la saison hivernale idéalement. "C’est une opportunité incroyable de lancer la dynamique hivernale", assure Isabelle Pochat-Cotilloux, directrice de l’office de tourisme du Grand-Bornand.
"C’est un événement très médiatique avec 145 pays diffuseurs et une étape de coupe du monde est suivie par environ 125 millions de téléspectateurs. Mais au-delà de l’aspect médiatique, c’est aussi une opportunité économique : c’est tout un territoire qui bénéficie de cette fréquentation soutenue."
Isabelle Pochat-Cotilloux, directrice de l’office de tourisme du Grand-Bornandà franceinfo
L’office de tourisme estime à plus de cinq millions d’euros les retombées économiques sur le territoire. "Le taux d’occupation de nos hébergements pour cette semaine de compétition est de 70% alors que normalement, c’est une semaine blanche puisque les vacances ne débutent que ce week-end", développe Isabelle Pochat-Cotilloux. Malgré un contexte sanitaire qui a obligé à quelques ajustements, le biathlon mondial se plaît bien au Grand-Bornand, dans un cadre unique : un stade au cœur de la ville quand dans de nombreux endroits, il se trouve à l’écart. Voilà pourquoi "le Grand-Bo" comme on dit ici, restera pour longtemps encore une étape à part.
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