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Covid-19, Johannes Boe, Français ambitieux… Ce qu'il faut savoir sur la Coupe du monde 2020-2021 de biathlon

Ce samedi, un mois après la reprise du ski alpin, le biathlon fait sa rentrée avec la première étape de la Coupe du monde qui se disputera du 28 novembre au 6 décembre à Kontiolathi en Finlande. Avec un calendrier ajusté à cause de la pandémie de Covid-19 et après la retraite de la légende Martin Fourcade, France tv sport vous dévoile les cinq choses à savoir sur cette saison 2020-2021 qui s’annonce toute aussi excitante que la précédente.
Article rédigé par Quentin Ramelet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8 min
Le double tenant du titre de la Coupe du monde de biathlon, le Norvégien Johannes Boe, entouré ici des Français Quentin Fillon Maillet (à gauche) et Émilien Jacquelin (à droite). (MARCO BERTORELLO / AFP)

► Covid-19, quelles conséquences ?

Après la reprise de la coupe du monde de ski alpin , le cirque blanc va ouvrir ce samedi 28 novembre son deuxième chapiteau. Et c’est en Finlande, à Kontiolathi, que les biathlètes vont rechausser les skis et régler la mire face aux cibles avec quatre courses ce week-end : individuels hommes et femmes samedi (11h00 et 14h20) avant les sprints dimanche (10h30 et 13h40). La délégation restera sur place pendant une bonne semaine puisque la deuxième étape se disputera encore sur le tracé finlandais, la faute à la Covid-19 qui a contraint l’IBU à revoir tout son calendrier.

En effet, les organisateurs ont dû trouver des solutions pour faire face à la pandémie et la principale a consisté à regrouper au maximum les différentes étapes. Du coup, les sept premières se dérouleront sur quatre sites seulement à savoir Kontiolathi, Hochfilzen (Autriche), Oberhof (Allemagne) et Antholz (Italie). Conséquences de ce regroupent ? Certains lieux sont sacrifiés puisque Le Grand Bornand (France), Östersund (Suède) et enfin Ruhpolding (Allemagne) n'accueilleront finalement aucune course. Un choix difficile pour ceux qui sont laissés sur le bord de la piste mais une décision tout à fait respectable dans la mesure où toutes les épreuves de la saison seront bien disputées dans le cas où la propagation de la Covid-19 ne s'intensifie pas. Dernier point, et pas des moindres, les championnats du monde, qui étaient pendant un temps très menacés, auront bien lieu du 10 au 21 février 2021 à Pokljuka (Slovénie), une échéance très attendue à un an des Jeux Olympiques de Pekin.

► Martin Fourcade retraité, le biathlon orphelin de sa seule star

Le monde d'après. Légende absolue de son sport, et dans son pays, Martin Fourcade est également entré dans le panthéon des plus grands sportifs de l'histoire. Tout simplement. Si le biathlon n'a pas la portée du football, du tennis ou même du ski alpin, une poignée de champions, de vraies exceptions, a permis à ce sport de se développer à vitesse grand V durant les deux dernières décennies. Le Norvégien Ole Einar Bjørndalen avait d'abord repoussé très loin les limites de l'exceptionnel, terrifiant la concurrence pendant plus de dix ans entre 1996 et 2008. Personne ne pensait capable, un jour, d'assister à l'émergence d'un plus grand biathlète. C'est sur ce point que Martin Fourcade a finalement mis tout le monde d'accord.

En plus d'accumuler les titres olympiques (15) et mondiaux (13), le Français a régné comme personne avant lui sur la Coupe du monde, vainqueur du classement général sept fois de suite entre 2012 et 2018. Une période faste pour le Pyrénéen mais aussi pour le biathlon qui a su se servir de son image de champion modèle pour passer dans une nouvelle dimension. D'un sport d'hiver autrefois "mineur", le biathlon est aujourd'hui le plus suivi derrière le ski alpin. La starification à l'extrême de Martin Fourcade, en France surtout bien sûr, a donc largement contribué à cette ascension populaire et médiatique. C'est pourquoi, la retraite de L'Ogre Catalan à 32 ans 'seulement' (Bjørndalen a tiré jusqu'à 44 ans, ndlr), également chef de fil dans la lutte contre le dopage, en inquiète plus d'un. Fort heureusement, la relève du biathlon mondial semble assurée derrière puisque son meilleur rival, le Norvégien Johannes Boe, double tenant du titre de la Coupe du monde, n'a que 27 ans. Le biathlon, une histoire de dynasties ?

► Johannes Boe, seul au monde ?

La future star du biathlon, elle est bien là. Sauf incident de parcours, Johannes Boe devrait asseoir un peu plus sa domination sur le circuit. Cette saison, et dans les années à venir. À l'image d'un Martin Fourcade au sommet de son art entre 2012 et 2018, le Norvégien, déjà double vainqueur du général de la Coupe du monde, a toutes les qualités pour ne pas se laisser reprendre par la concurrence. Largement plus rapide que tout le monde sur les skis, il lui faudra par ailleurs progresser encore face aux cibles. S'il peut se permettre de rater une voire deux cartouches par course, compensées par sa pointe de vitesse et son endurance insolente, le plus jeune des frères Boe est toujours capable de littéralement exploser carabine en main. Et son choix, pour la saison qui se profile, de raccourcir sa carabine de 3cm, soit autant que la plupart des biathlètes sur toute une carrière, laisse à penser qu'il va lui falloir encore du temps avant de devenir un maître du tir.

Pour autant, cette défaillance face aux cibles n'est pas anormale, et sa courbe de progression est encore importante. Fourcade était devenu un tireur d'élite en fin de carrière (+ de 91% en moyenne sur les tirs debout pour le Français entre 2017 et 2020). Sa puissance sur les skis et sa rage de vaincre devraient par ailleurs lui assurer un troisième globe de cristal et il pourrait même envisager un deuxième grand chelem après celui de 2018. Mais, pour le perturber dans sa quête du graal, on pourra aussi compter sur l'équipe de France, la meilleure du circuit et forte de quatre hommes prêts à dégainer les victoires aussi vite que leurs carabines...

► Des Français attendus et affamés

Quatre français dans le top 6 du classement général de la Coupe du monde, cela semblait complètement fou sur le papier. Et pourtant, c'est devenu historique la saison dernière avec Martin Fourcade (2e), Quentin Fillon Maillet (3e), Emilien Jacquelin (5e) et Simon Desthieux (6e) ! Si le premier ne sera évidemment plus de la partie, les trois autres sont tout simplement irrésistibles quand ils arrivent à rivaliser avec le meilleur biathlète de la planète, leur titre mondial en relais devant la Norvège étant suffisant pour nous en convaincre. Surtout, chaque week-end, ils ont été les principaux concurrents du Norvégien et parfois, souvent même, ils ont été deux voire trois à monter sur le podium en même temps (8 sur 21 épreuves en 2019-2020 !) D'ailleurs, une statistique, complètement folle, mérite d'être mise en lumière puisque l'équipe de France n'a raté le podium qu'à une seule reprise la saison dernière ! Et c'était la première course de la saison, le 1er décembre 2019 (le sprint d'Östersund, ndlr). Depuis, toujours un Français, au minimum, est monté sur la boîte.

En nouveau chef de fil de cette équipe tricolore, et la tâche sera rude tant la retraite de Martin Fourcade sera encore dans tous les esprits, on retrouvera Quentin Fillon Maillet. Le Jurassien, à 28 ans, a atteint la maturité et a enfin réussi à devenir une véritable menace sur toute une saison. Conséquences ? Il est monté à dix reprises sur le podium de la Coupe du monde, signant une victoire, avant de s'offrir deux médailles d'argent en sprint et en mass start aux Mondiaux 2020 d'Antholz (Italie). Il sera bien épaulé par l'étoile montante du biathlon français, Emilien Jacquelin. A 25 ans seulement, le natif de Grenoble compte déjà un titre mondial et un petit globe dans sa besace en poursuite ! Avec huit podiums, dont une victoire, il a passé un cap important, et cette saison sera pour lui celle de la confirmation. Derrière, les deux francs-tireurs Simon Desthieux, impeccable de régularité, et Antonin Guigonnat, très revanchard après un exercice 2019-2020 délicat, sauront s'illustrer au bon moment comme ils ont déjà pu le faire. Bref, les Bleus, pour assurer l'après-Fourcade, sont plus affamés que jamais.

► Braisaz, Simon, Bescond... Les Bleues se cherchent une patronne

Il est grand temps de passer la seconde. Oui, si le bilan de la saison précédente chez les hommes est très positif, ce n'est pas la même histoire pour les Françaises. Malgré quelques bons résultats ici et là (7 podiums et 2 victoires seulement, ndlr), l'équipe de France féminine peine à se montrer régulière sur toute la durée d'une saison. Et depuis Marie Dorin-Habert, quadruple championne du monde (2015 et 2016) et à la lutte pour le globe en Coupe du monde (4e en 2017 et 2e en 2016, ndlr), aucune biathlète tricolore n'arrive à se mêler dans la bagarre du classement général. Il semblerait que Justine Braisaz, 8e la saison dernière avec une victoire en individuel et une deuxième place sur le sprint du Grand Bornand, n'arrive pas à s'affirmer et s'épanouir pleinement. Trop irrégulière, mais clairement capable de fulgurance, la Savoyarde de 24 ans est encore jeune et doit attendre de trouver enfin ce déclic psychologique nécessaire pour venir se mêler dans la cour des grandes que sont Dorothea Wierer, double tenante du titre, et Tiril Eckhoff (2e avec 7 victoires la saison dernière, ndlr).

Derrière celle qui pourrait devenir à terme la leader tant espérée des Bleues, il faudra toujours compter sur "l'ancienne" du groupe à savoir Anaïs Bescond. À 33 ans, il est évident que ses plus belles heures sur la neige sont derrière elle mais ses trois podiums durant l'hiver précédent et sa 5e place finale en mass start prouve qu'elle a encore beaucoup d'énergie à revendre sur les tracés de la Coupe du monde. Enfin, et surtout, c'est en Julia Simon que la France pourrait peut-être trouver le grain de folie nécessaire pour venir perturber la hiérarchie mondiale. 24 ans comme Braisaz, mais aussi native d'Albertville comme sa compatriote, elle n'est présente en Coupe du monde que depuis 2018 seulement. Mais son exercice 2019-2020 l'a consacré meilleure Française (7e du général, ndlr), avec trois podiums dont une belle victoire à l'occasion de la dernière course de la saison. Des promesses qui constituent peut-être le meilleur espoir pour nos Bleues dans les années à venir. 

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