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Justine Braisaz : "Je m'imaginais une première victoire en Laponie"

Au Grand-Bornand, Justine Braisaz a remporté la première victoire en Coupe du monde de sa carrière. "Un moment unique" venu récompenser un début de saison exceptionnel pour la Savoyarde de 21 ans, actuelle troisième du classement général. Pour francetvsport, Braisaz s'est confiée sur ce succès, ses émotions et sur la victoire du relais féminin de l'équipe de France dimanche à Oberhof.
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
 

Revenons sur votre première victoire en Coupe du monde au Grand-Bornand...

Justine Braisaz: "Ce sera certainement un moment unique. C’est la première et elle est à la maison. C’est un événement rare, il n’y a eu qu’une seule étape du Coupe du monde en France, il y a quatre ans. Je m’amusais à imaginer une première victoire sur une mass start en Laponie au fin fond de la Finlande ou perdue dans les bois avec des élans, ça n’aurait pas eu du tout la même portée du point de vue de mes émotions. Elle sera unique. Je ne pouvais pas rêver mieux. Je ne crois pas au destin mais j’ai énormément de chance. C’est fou."

Avez-vous ressenti une pression particulière pendant cette semaine à domicile ?

J.B. : "Ce n’était pas une semaine évidente. Je pense que c’est principalement parce que c’était à la maison et que l’encadrement avait pris des dispositions drastiques. Mon début de semaine était compliqué. J’avais presque la nausée, ça inhibait le plaisir et l’envie de courir. Sur le sprint du jeudi, je n’avais qu’une envie c’était presque de fuir. Ce sprint est passé, ça m’a vraiment soulagée, j’avais l’impression d’enlever un sac de pierre de mes épaules. Plein de facteurs ont joué le rôle de déclic. Il y a eu le DTN (Fabien Saguez) qui est passé sur une réunion d’avant-course. Il nous a dit : ‘Vous êtes des athlètes à part entière, vous ne devez rien à vos familles, au public, aux médias et même à nous les entraîneurs.' C’est presque égoïste comme discours mais c’était le discours dont j’avais besoin." 

Parlez-nous de cette course...

J.B. : "J’ai pris cette mass start avec tellement de détachement, avec l’envie de me faire plaisir et de faire du biathlon comme je l’entendais. C’est difficile à faire car on aimerait pouvoir le faire à chaque départ mais là ça s’est fait simplement, ça s’est fait naturellement. Pendant la course, ça a été un ascenseur émotionnel. Tour par tour, balle après balle, j’avais l’impression de gagner en puissance à chaque seconde. C’était tout simplement bon, je me suis fait plaisir en me détachant de tout, je ne faisais même pas attention aux concurrentes sur la piste, je faisais ma course et c’était vraiment bon."

"J’ai envie d’utiliser le mot égoïsme mais dans un sens positif"

C'est un déclic pour la suite de votre carrière ?

J.B. : "La chose qui était importante à retirer de cette course, c’est ma manière de fonctionner. Peut-être qu’un Martin Fourcade, un Simon Schempp ou une Kaisa Mäkäräinen ne fonctionnent pas de la même façon mais ma méthode à moi en course  est de me focaliser sur des points, sur mon ski, sur mon biathlon. C’est mon projet, c’est ma course. Les attentes, les peurs et les craintes de l’entourage doivent me glisser dessus. J’ai envie d’utiliser le mot égoïsme mais dans un sens positif s'il existe : être focalisée sur moi-même et aller chercher ces sensations qui amènent le plaisir et peut-être la performance."

Plus tôt dans la saison vous avez porté le maillot jaune de leader de la Coupe du monde (à Hochfilzen). Était-ce un moment réellement particulier ?

J.B. : "Je vois toujours le fait de porter un maillot de leader comme une récompense pour une certaine régularité. Mais ça n’avait pas beaucoup de sens de porter ce maillot en début de saison. Ça ne montre pas la régularité. J’ai appris beaucoup de choses parce que c’est souvent dans les moments de 'flop' qu’on retire le plus de leçons. Cette semaine où j’ai porté ce maillot jaune, ce sont mes moins bons résultats parce que je courrais après une performance, à confirmer ce qui s’était passé une semaine avant (à Östersund). Ça ne marche pas, je n’ai pas les épaules pour ça. Mais c’était important de le vivre. Cette expérience a été importante pour me connaître."

Ce weekend à Oberhof, vous réussissez encore deux top 10 en individuelle malgré cinq fautes au tir en deux courses. Faut-il y voir un signe de solidité supplémentaire ?

J.B. : "Il ne faut pas seulement regarder la feuille des résultats. Il y avait du vent donc un 8/10 (sur le sprint) peut se transformer en un bon tir. Ce n’était pas des mauvaises courses en soi. Je dirais presque que le sprint d’Oberhof est une course référence pour moi avec un tir couché très bon et la stratégie sur les skis aussi. Il y a juste les deux balles manquées sur le debout mais tout est perfectible. Des courses comme ce sprint je n’en ai pas souvent donc pour moi il y a beaucoup de choses positives à garder."

Et puis est venue cette première victoire de la saison en relais...

J.B. : "Cette victoire a fait du bien à toute l’équipe mais il faut regarder les performances individuelles sur ce relais qui n'étaient pas forcément les plus abouties. Il y a eu un bon résultat sec. A mon sens, ce n’était pas la plus belle course de la semaine mais ce qui était très positif, c’est l’énergie et le partage. C’est ce qui est le plus beau en sport : le partage.

Contrairement à vos coéquipières, votre qualification pour les Jeux est quasiment assurée. C'est un soulagement ?

J.B. : "Dans un sens oui. Je suis plus sereine et je vais pouvoir aborder ce mois de janvier comme des courses de préparation et pas des courses où j'essaye d’accrocher des résultats pour avoir une place. Cette sérénité dont je parlais permet de ne pas se perdre à la recherche d’un résultat mais de rester concentrée sur la performance et la manière dont elle est exécutée. Pour autant, ça n’enlève rien à mon envie de jouer devant. Au contraire, elle est exacerbée."

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