Martin Fourcade, entre adaptation et ambition
"Je suis en voiture et il ne me reste que 10% de batterie". Au téléphone dimanche soir, Martin Fourcade prévient, ça risque de couper. En Norvège pour préparer son envie de fond, il a dû apprendre à s’adapter. En se rapprochant du Pôle Nord, il pensait trouver de grandes étendues blanches. Mais comme tout le monde, il a découvert les méfaits du réchauffement climatique. Même proche du cercle polaire, il ne neige pas. Des conditions qui l’ont obligé à voyager plus que prévu. "On ne peut skier nul part" regrette Martin Fourcade.
Le voici donc en voiture pour un troisième trajet en moins d'une semaine. Jeudi, il quittait la France pour rejoindre Beitostolen en Norvège avant que la météo capricieuse ne l'oblige à changer ses plans. De Beitostolen, il s'est à nouveau envolé pour Sjusjoen où il a pu s'entraîner avant de migrer à nouveau vers Dombas. Un petit périple pas du tout prévu, mais le double champion olympique s’adapte. Il n’a pas le choix. "J’ai du bouger sur un autre site, car ils ont fermé la piste de Beitostolen afin de la préserver jusqu’à la course samedi prochain. On s’adapte, mais la fatigue est un peu plus présente à cause des différents voyages. De toutes façons, il n’y a qu’en Finlande que ça skie normalement".
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Car si l’objectif à très court terme est la qualification pour le 10km libre de Ruka, il a une saison de biathlon à préparer. Les sorties typiques du fondeur, l’endurance classique ou la récupération qui "s’apparente au travail du cycliste quand il va ‘tourner les jambes’", laisseront leur place à des séances plus intenses où à des séances de tirs. "L’entraînement en biathlon est plus ludique alors que la régularité est plus importante quand on fait du fond", éclaire Fourcade.
Humilité
L’intégration dans ce groupe n’effraie pas le sextuple champion du monde. "Je les connais bien, certains habitent au même endroit que moi, on a un passif commun chez les Juniors, ça serait une bêtise de se défier dès l’entraînement. La sélection doit être une formalité, il n’y a pas d’animosité entre nous", assure-t-il. "C’est légitime qu’ils veulent me montrer qu’ils ont plus leur place que moi, poursuit-il, mais je ne l’ai pas senti". Pas question donc de jouer la sélection avant samedi. Fourcade est tranquille. L’an dernier sa mononucléose l’avait handicapé. Il avait l’impression d’être "un imposteur" arrivant avec des ambitions élevées, malgré une préparation tronquée. Cette année, il "a pu faire ce qu’il voulait" malgré les conditions difficiles. Pour samedi, il se dit prêt. "J’aborde ce défi humblement. Je sais que je suis rapide sur les skis mais je sais aussi que je vais me frotter à des gens qui sont mieux préparés que moi". Samedi à Beitostolen, il faudra qu’il soit dans les meilleurs. Si tout n’est pas encore clair pour la sélection française pour Ruka, Martin Fourcade estime qu’il reste quatre places à prendre sur les six Français qui skieront en Finlande. "Il y a déjà deux sélectionnés : Maurice Manificat et Robin Duvillard. Jean-Marc Gaillard est blessé, il reste quatre places", décrit-il.
Il va donc falloir convaincre les entraîneurs en sachant qu’il restera une sélection pour les fondeurs tricolores en France, après celle de Beitostolen. "La décision pour moi sera prise avant la sélection en France. A Beitostolen, ils évalueront si je mérite d’être sélectionné. En gros, en début de semaine prochaine, je sais si je participerai à ma première épreuve de Coupe du monde de ski de fond". Fourcade, le sportif, est prêt. Et le père de famille ? Avec sa compagne et sa petite fille sur les routes de Norvège, il savoure cette récente paternité. "C’est une belle expérience à vivre, c’est un bonheur de rentrer les retrouver. J’ai la chance d’avoir une compagne qui m’aide beaucoup. C’est elle qui fait le plus (rires)". Après 20 minutes de conversation, il est temps de raccrocher, il reste encore de la route jusqu’à Dombas.
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