Mondiaux de biathlon : de "cuite mentalement" à reine des Mondiaux, comment Julia Simon a rebondi

La biathlète française de 27 ans, qui avait démarré la saison avec de mauvais résultats et en conflit avec une de ses coéquipières, a collectionné les titres aux championnats du monde de Nove Mesto.
Article rédigé par Anna Carreau, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Julia Simon lors des championnats du monde de biathlon à Nove Mesto (République tchèque), le samedi 11 février. (JOE KLAMAR / AFP)

Ce n'était pas vraiment la Marseillaise qu'elle attendait. Positionnée à droite du podium, Julia Simon a dû se contenter d'une quatrième place sur la mass start des championnats du monde de Nove Mesto (République tchèque), dimanche 18 février, derrière deux de ses coéquipières en équipe de France : Justine Braisaz-Bouchet, championne du monde, et Lou Jeanmonnot, 3e. Mais, si on avait dit en début de saison à la biathlète de 27 ans qu'elle allait entrer dans l'histoire de son sport, elle aurait sûrement aussi signé pour cette place au pied du podium.

"Non, je ne réalise pas que je suis la biathlète de ces Mondiaux, parce que je suis déçue de ma course aujourd'hui. C'est fou comme on est pénibles, nous, les sportifs. Mais jamais je n'aurais pensé repartir avec autant de médailles de ces championnats du monde", a concédé Julia Simon au micro de La Chaîne L'Équipe. Sur les pistes pragoises, la Française a empilé quatre médailles d'or (sprint, poursuite, relais, relais mixte) et pousse son total à six titres mondiaux grâce au relais mixte simple en 2021 à Pokljuka (Slovénie) et la poursuite l’an passé à Oberhof (Allemagne). Et dépasse donc le record de Marie Dorin (cinq titres).

"Je ne sais pas si je vais tenir tout l'hiver"

Dans le palmarès du biathlon français aux Mondiaux, il ne reste plus que Martin Fourcade (treize titres, deux en relais) et Raphaël Poirée (huit titres dont un en relais) devant elle. Pourtant, lorsque la vainqueure du gros globe 2023 a entamé sa saison, elle était loin d'imaginer jouer dans leur cour. "Je suis cuite mentalement, avait déclaré Julia Simon à La Chaîne L'Équipe après sa 31e place sur l'individuel d'Östersund (Suède), la première étape de la Coupe du monde. L'été a été compliqué. C'est vrai que ça paraît bizarre, alors que c'est la première compétition en individuel, mais c'est la vérité. Il faut l'accepter, mais je ne sais pas si je vais tenir tout l'hiver."

La faute, notamment, à une affaire judiciaire qui l'oppose à sa coéquipière Justine Braisaz-Bouchet, et qui a perturbé l'intersaison tricolore. Accusée d'avoir utilisé la carte bancaire de sa partenaire d'entraînement, Julia Simon a été poursuivie pour fraude à la carte bancaire. Elle assure qu'il s'agit d'une usurpation d'identité, et a décidé de porter plainte contre X. Une polémique compliquée à gérer au sein du groupe France, qui l'avait poussée à choisir de s'entraîner seule cet été, bien qu'en liaison avec le staff des Bleues.

Une renaissance à Nove Mesto

Après ses débuts ratés, l'actuelle quatrième du classement général de la Coupe du monde a remporté la poursuite et le relais femmes à Oberhof, le relais femmes à Ruhpolding (Allemagne) et la mass start à Antholz (Italie). Mais la Française vit une véritable renaissance lors de ces championnats du monde. "Ce que j’aime bien, c’est que depuis le mois de janvier, ce qu’elle dégage, c’est le calme, ce qu’elle n’avait pas au mois de décembre", notait l’entraîneur du tir des Françaises, Jean-Paul Giachino auprès de l'AFP après son succès sur la poursuite.

"C'est la reine de ces Mondiaux, elle est extraordinaire à tout point de vue, surtout sur sa façon de gérer ses émotions. Rien ne la perturbe, dans la stratégie. Si elle jouait aux échecs, elle serait championne du monde aussi", appuyait l'entraîneur français de la Norvège, Siegfried Mazet. Avec son statut de numéro 1 mondiale au départ de la Coupe du monde, Julia Simon se savait attendue et avait "envie de montrer que ce n'était pas un coup de chance".

Alourdie de cinq breloques supplémentaires – ses quatre titres et une médaille de bronze en individuel – la Française quitte la République tchèque avec le sentiment du devoir accompli. "C'était mon objectif de la saison. En l'ayant annoncé, je suis arrivée avec pas mal de pression. Je suis fière d'avoir su gérer mes émotions. Je suis en train de cocher tous les rêves que j'avais gamine", s'émerveille la Savoyarde.

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