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Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron : "Encore une grande marge de progression"

Ce vendredi*, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron fouleront une nouvelle fois la glace avec le statut d'immenses favoris. Pour les championnats d'Europe de patinage artistique qui se déroulent en ce moment même à Moscou, le couple français de danse sur glace ne devrait pas être inquiété pour défendre son titre qu'il glane depuis trois ans. Les deux Clermontois se sont confiés à Francetvsport sur le travail accompli depuis des mois, en vue des JO de PyeongChang (9-25 février), et "leur grande marge de progression". Pour Papadakis et Cizeron, il ne s'agit pas seulement de battre des records du monde, il "faut toujours se remettre en question pour s'améliorer à chaque fois."
Article rédigé par Quentin Ramelet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6 min
 

Fin octobre, Gabriella nous affirmait être confiante pour cette saison olympique... Que vous aviez travaillé très dur pour améliorer quelques détails qui pourraient faire la différence. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça a bien payé pour l'instant ! (Trois victoires en Grand Prix dont la finale, ndlr)

Gabriella Papadakis : "On avait surtout pour but de faire des choses qui marchent. L’an dernier, nous avons été un peu en difficulté. Nous n'avons pas toujours eu les résultats auxquels on s’attendait. Surtout, on n’avait pas souvent patiné au niveau auquel on était capable. Sans doute à cause de la pression et d'autres facteurs. Pour l’instant, le travail porte ses fruits. Il n'y a eu aucun obstacle à chaque fois. Et sur chaque compétition, nous avons ressorti le meilleur de nos capacités en améliorant nos performances à chaque fois. On peut donc dire que tout roule comme sur des roulettes ! (rires)"

Quels sentiments éprouvez-vous lorsque vous battez trois fois de suite vos propres records du monde, devenant même le premier couple de danse à passer la barre symbolique des 200 points ?

Guillaume Cizeron : "Avant tout, ce sont des records personnels. Car on l’avait déjà battu l’an dernier. Mais après on a continué à battre nos propres records… Cela nous prouve que nous sommes sur la bonne voie, que l’on progresse aussi. Il est vrai que quand on arrive au top, ce n’est pas toujours évident, surtout pour des athlètes qui veulent encore progresser. Nous sommes encore jeunes donc nous avons une marge de progression. Cela nous rassure de se dire qu’on progresse, et ce ne sont pas que des objectifs puisqu'on a des résultats concrets de notre avancée."

Les saisons précédentes, tous les observateurs s'accordaient sur l'entente magnifique de votre couple. Mais chaque année vous semblez faire mieux...

G.P. : "C'est beaucoup de travail. Du travail intelligent. Il faut toujours se remettre en question. On regarde ce que l’on fait en se demandant ce que l’on peut encore améliorer, en écoutant les retours des juges en compétition… Ne pas se dire : « On a fait un record du monde, c'est merveilleux ! On est parfaits !» Oui mais non on a battu un record du monde mais nous ce qu’on veut, c’est le rebattre la semaine suivante ! Donc on se demande qu’est-ce qu’on peut améliorer par rapport à ça… Clairement ça notre méthode de travail. Les gens peuvent imaginer que voilà on est déjà parfaits et qu’on n’a plus rien à travailler. Non, ce n’est pas du tout comme ça qu’on le voit ! Tant qu’on est passionnés, c’est ça qu’on recherche : à chaque fois s’améliorer.

C’est vrai qu’on est très pointilleux, très perfectionnistes. Nous ne sommes jamais satisfaits même si on sait qu’on progresse.

On parle souvent de perfection lorsqu'on évoque vos programmes... Est-ce une limite que vous recherchez volontairement ?

G.C. : "C’est vrai qu’on est très pointilleux, très perfectionnistes. Nous ne sommes jamais satisfaits même si on sait qu’on progresse. Donc on a quand même de la satisfaction quand on gagne mais on n’a jamais le sentiment à 100% de ce qu’on fait, et il y a toujours des choses à améliorer. Il n'existe pas de performances parfaites. Cela a l’air très bon… (rires). Pour le public qui nous regarde car laisse paraître que tout est facile. Mais on travaille beaucoup, on enchaîne, on enchaîne… Ils ne voient pas tout le travail derrière, l’acharnement pour arriver à ce niveau d’excellence. Car au final, on ne peut pas atteindre la perfection je pense. Mais on essaye d’arriver à un niveau d’excellence et de contrôle de ce qu’on fait. C’est aussi l’émotion qui se dégage qui donne l’impression aux gens que c’est parfait. Ils reçoivent l’émotion, et on ne peut pas dire qu’une émotion puisse être imparfaite, au contraire. Cela ne se juge pas mais c’est ça qui donne cet aspect de perfection."

Vous évoquez l'émotion dégagée par votre couple... C'est aussi dans l'interprétation que tout se joue. Comment le travaillez-vous ?

G.P. : "D'abord, en patinage artistique, surtout en danse sur glace, une grande de partie, c’est de la danse, ce qui est une forme d’expression corporelle. On essaye d’aller exprimer des émotions dedans. Donc il y a beaucoup d'efforts réalisés au niveau de ces émotions. On travaille avec Catherine Pinard, ancienne actrice qui a travaillé aussi dans une école de théâtre, elle nous apporte beaucoup dans le fait d’étudier la musique, de regarder ce qui vient nous chercher et comment le retranscrire au public… Tout se joue dans d'infimes détails. Ce travail-là, sans la technique, nous amènerait nulle part. Donc si on l’ajoute à une technique très bonne voire parfaite, c’est ça qui peut nous démarquer des autres. C’est ça dont on a besoin, ce que l'on recherche. On passe chaque entraînement à travailler sur des détails tellement infimes…"

"On ne peut pas simuler le plaisir"

Et ensuite tout réside dans la quête du plaisir sur la glace, pour procurer l'émotion à votre public ?

G.C. : "On essaie vraiment de rester dans notre bulle. Car ce n’est pas comme un combat en face à face. Il n'y a aucun rapport direct à l’autre. Ce n’est pas une course, chaque moment qu’on passe à penser à ce que fait l’autre, c’est un moment où on est absent à ce qui se passe dans notre corps. Donc notre travail consiste à rester concentrés sur ce qu’on fait, et sur le plaisir. Car quand on en prend, les gens le ressentent. Ce n'est pas quelque chose que l’on peut simuler. Cela ne se joue pas."

Pendant vos programmes, que se passe-t-il dans vos têtes ? Vous entrez dans une autre dimension ou vous arrivez à tout ressentir ?

G.P. : "C'est un peu des deux. En général, il n'y a rien de nouveau. Il n'y a aucun nouvelle émotion. C'est juste une zone dans laquelle nous sommes d'abord très vigilants sur ce qu'on fait. Il n'y a aucune pensée parasite, on ne pense pas vraiment en fait... Nous sommes en contrôle complet de nos corps. Puis ensuite la performance passe très vite. C'est comme ça que l'on arrive à faire tout ce qu'on peut faire."

Au final, qu'est-ce qui a changé pour que vous soyez encore plus forts qu'auparavant ?

G.C. : "Nous savons quand même que nous avons toujours une grande marge de progression. On a essayé de faire des choix stratégiques qui nous permettraient d’être vraiment plus performants. On a fait appel à Christopher Dean notamment, ancien champion olympique, pour chorégraphier notre programme court. Cela a porté ses fruits. Nous avons plus de 'peps' par rapport à notre vision du court. Surtout, on a fait ça assez rapidement. Nous sommes sûrs et confiants dans nos choix, et il faut continuer à bosser sans écouter ce qui s’est dit par-ci par-là. Cela a porté ses fruits car on se l’est approprié, tout comme le style latin, et on prend du plaisir à le faire.  Après, sur les deux programmes, nous avons encore des progrès à faire, techniquement notamment, car il y a encore des points à aller chercher."

*Pour le programme court de danse sur glace, le couple français figure dans le dernier groupe et à la 29e position (sur les 31 engagés). Si la compétition est à suivre en direct et en intégralité sur Francetvsport (site et applications), le passage de Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron est programmé aux alentours de 14h33 (heures françaises).

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