Affaire Abitbol : Retour sur les faits marquants d'un scandale qui a déstabilisé le patinage français
• 30 janvier 2010: Sarah Abitbol accuse Gilles Beyer de violences sexuelles
En janvier 2019, Gilles Beyer est accusé de violences sexuelles par l’ancienne patineuse Sarah Abitbol dans son livre "Un si long silence". Elle raconte avoir été violée et abusée sexuellement par l’entraîneur, alors qu’elle avait entre 15 et 17 ans, au début des années 1990. "Vous étiez mon entraîneur. Je venais d’avoir quinze ans. Et vous m’avez violée. Il aura fallu trente ans pour que ma colère cachée se transforme enfin en cri public. Vous avez détruit ma vie, monsieur O., pendant que vous meniez tranquillement la vôtre. Aujourd’hui, je veux balayer ma honte, la faire changer de camp. Mais je veux aussi dénoncer le monde sportif qui vous a protégé, et vous protège encore à l’heure où j’écris ces lignes", indique le livre dans sa présentation.
• 31 janvier 2020: les aveux de Beyer
Dans une déclaration à l’AFP, l’entraîneur reconnait "des relations intimes" et "inappropriées" avec Sarah Abitbol, se disant "sincèrement désolé" et lui présentant ses "excuses". "Je reconnais avoir eu des relations intimes avec elle. Si mes souvenirs sur leurs circonstances exactes diffèrent des siens, j'ai conscience de ce que, compte tenu de mes fonctions et de son âge à l'époque, ces relations étaient en tout état de cause inappropriées", admet-il. Beyer regrette alors que la patineuse ne lui en ai pas parlé. Sarah Abitbol n’a pas accepté ses excuses.
• 4 février 2020: le parquet de Paris ouvre une enquête
Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. "Au-delà des faits évoqués" dans le livre de Sarah Abitbol, paru la semaine précédente, les investigations confiées à la Brigade des mineurs "s'attacheront à identifier toutes autres victimes ayant pu subir, dans le contexte décrit, des infractions de même nature", expliquait alors le procureur Rémy Heitz dans un communiqué.
• 6 février 2020 : les accusations contre Gilles Beyer se multiplient
Les révélations de Sarah Abitbol ont encouragé d’autres victimes à s’exprimer, dont Hélène Godard, qui a raconté avoir également été violée par Gilles Beyer alors qu’elle était mineure. Le 6 février 2020, dans le journal L’Equipe, Sabina Mahamoud, mère de la patineuse Nadjma Mahamoud, accuse à son tour l’entraîneur de chantage à des fins sexuelles. Aide-soignante aux faibles revenus, elle tentait d'inscrire sa fille, championne de France juniors 2014, au club des Français volants de Paris, où Beyer travaillait. Ce dernier lui avait alors envoyé des centaines de messages obscènes entre octobre 2017 et mars 2018, dont une proposition: "Je couche avec toi quatre fois par semaine et tu ne paieras rien pour ta fille". Sabina Mahamoud n’a pas cédé à ses avances, et sa fille Nadjma a quitté le club après la découverte de ces échanges.
• 8 février 2020 : Le président de la FFSG, Didier Gailhaguet, démissionne.
Une enquête montre que le président de la Fédération française des sports de glace (FFSG), Didier Gailhaguet, était au courant des problèmes posés par l’entraîneur, après la réception d’une lettre des parents d’une autre jeune patineuse, en février 2000. Le courrier avait alors été transmis au ministère des Sports, qui, après une enquête administrative, avait suspendu Gilles Beyer de ses fonctions de cadre d'Etat en 2001. Pourtant, il a ensuite poursuivi sa carrière d'entraîneur dans son club d'origine, les Français volants, et a organisé dans les années 2010 plusieurs tournées de gala de l'équipe de France de patinage artistique. Il été aussi membre du bureau exécutif de la FFSG jusqu’en 2018.
Sarah Abitbol accuse alors la fédération d’avoir "fermé les yeux", visant particulièrement Didier Gailhaguet, pour avoir autorisé le maintien de Gilles Beyer au sein de ce bureau. Décidée à ce que la lumière soit faite sur ce scandale, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, demande expressément au patron du patinage français de démissionner, menaçant de retirer l’agrément de l’Etat à la FFSG. Gailhaguet refuse un temps de quitter son poste, avant de céder à la pression, le 8 février 2020. Ce scandale autour de Gilles Beyer avait été suivi, en août 2020, par la mise en cause de 21 entraîneurs de patinage, dans un rapport du ministère des Sports, pour des accusations de violences sexuelles. La FFSG est désormais présidée, depuis avril 2020, par l’ancienne patineuse Nathalie Péchalat.
• 6 janvier 2021 : Gilles Beyer est placé en garde à vue
Le parquet de Paris ouvre une information judiciaire des chefs d'"agressions sexuelles par personne ayant autorité et harcèlements sexuels par personne ayant autorité" visant Gilles Beyer, à l’issue d’une garde à vue de 48 heures, entamée le mercredi 6 janvier à la Brigade des mineurs en charge de l’enquête. Il a été présenté à un juge, ce vendredi 8 janvier, en vue d’une possible mise en examen.
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