Danse sur glace : "On est confiant, on est prêt", affirme la patineuse Gabriella Papadakis avant son retour en compétition internationale
Le couple de danseurs sur glace fait son retour sur la scène internationale ce week-end, de quoi prendre la température après vingt mois d’absence.
Après vingt mois d’absence, le couple de patineurs en danse sur glace Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron a fait son retour à la compétition début octobre à Epinal, dans les Vosges. Un retour gagnant pour les Français qui ont dominé les Masters, traditionnel rendez-vous national de début de saison.
Samedi 9 octobre, les quadruples champions du monde et vice-champions olympiques montent d’un cran et retrouveront cette fois la scène internationale au Finlandia Trophy à Espoo (Finlande), une compétition du circuit secondaire. Un premier grand test avant les Jeux olympiques de Pékin (4 au 20 février 2022), où les Tricolores retrouveront notamment les Américains Madison Chock - Evan Bates, arrivés quatrièmes aux Mondiaux de Stockholm en 2021.
A quelques heures du début de la compétition, Gabriella Papadakis se confie à franceinfo: sport sur son retour sur la scène mondiale, les conséquences de la crise sanitaire sur sa vie, sa carrière et ses ambitions pour Pékin. Entretien.
Franceinfo: sport : Début octobre, vous avez fait votre grand retour à la compétition lors des Masters d’Epinal. Vous avez signé une belle performance avec Guillaume Cizeron, qui vous a permis de faire passer un message à vos adversaires : même après vingt mois d'absence, vous êtes toujours les favoris.
Gabriella Papadakis : Oui, on savait que notre première sortie serait très observée par tout le monde car elle était très attendue. Nous avions donc une petite pression pour prouver qu'on méritait encore le statut de favori. Et je pense qu'on l'a montré aux Masters. On est confiant, on est prêt.
"Une carrière ne tient qu'à un fil"
Gabriella Papadakisà france info: sport
Quel est le sentiment qui a dominé lors de votre rentrée ?
Le trac est toujours présent. On ne l'avait pas ressenti depuis un moment puisque nous avons été vingt mois sans compétition. On était un peu rouillé à ce niveau-là, même si on s'en est bien sorti. On a réussi à se mettre dans le bain assez facilement, et en même temps on était très heureux de revenir et de faire ce pour quoi on s'est entraîné. Nous étions aussi très heureux de retrouver la France. Pour moi, cela faisait quasiment deux ans que je n'étais pas revenue en France. Cela m'avait beaucoup manqué, et cela m’a fait beaucoup de bien. J'ai pu revoir ma mère notamment, et les supporters français.
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Justement, vous avez passé plus d’un an et demi loin de vos proches en raison de la crise sanitaire. Comment avez-vous géré cette période ?
Tout le monde, athlètes ou non, a traversé des moments compliqués pendant cette crise sanitaire avec de grosses remises en question. Cela a été mon cas, du point de vue personnel et professionnel. Cette période a vraiment mis en lumière le fait qu'une carrière ne tient qu'à un fil. On le sait bien sûr, mais on ne l’a jamais vécu et là, d'un coup, on s'est retrouvé sans rien, sans événement, sans revenus, sans la possibilité de faire ce qu'on aime. Ce n’est pas facile à vivre. On a aussi dû faire des sacrifices qu'on n'avait jamais faits avant.
Comme notre centre d'entraînement est basé à Montréal, que nos entraîneurs sont là-bas, et qu’ils sont omniprésents et essentiels dans notre sport, j’ai donc fait le choix de rester au Canada. On savait que pour le bien de notre carrière, on devait être à Montréal tous les deux avec Guillaume pour continuer à s’entraîner. Le choix a été évident, mais difficile car je n’ai pas vu mes proches pendant deux ans. Ayant le statut de visiteurs, je savais que si je rentrais en France, je ne pouvais pas revenir au Canada, puisque les frontières étaient fermées.
En Finlande ce week-end, vous allez vous confrontez pour la première fois en vingt mois à la concurrence internationale. Cette compétition va-t-elle vous permettre de prendre la température à quatre mois des Jeux d’hiver de Pékin ?
Oui, quelques programmes de nos adversaires sont déjà sortis mais pas tous, et il est difficile de se comparer aux autres dans des compétitions différentes, qui n’ont pas lieu les mêmes jours, avec d’autres juges. Donc on va avoir plusieurs occasions, comme à Espoo, d'affronter nos adversaires. Les derniers en date étaient les Russes Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov. Je ne sais pas si ce sera encore eux. Il y a aussi d'autres Russes, et des Américains qui peuvent prendre leur place ou se positionner comme concurrents directs. On va découvrir cela au fur et à mesure des semaines.
Vous entrez dans une année olympique. Comment allez-vous organiser votre saison ?
Les saisons se ressemblent toutes un peu. Dans une saison olympique, on va se préparer plus tôt, pour être au meilleur de notre performance vers février, date du début des JO. On va aussi faire plus de compétitions avant les Jeux pour être mieux rodés. En année olympique, c’est finalement là où on fait le plus de compétitions. On veut ainsi accumuler de l’expérience sans trop s’épuiser. Il est donc important de bien gérer la fatigue.
"Le point positif de la pandémie est qu'on a eu plus de temps pour se préparer."
Gabriella Papadakisà franceinfo: sport
On a débuté plus en avance, car on a commencé en février/mars de préparer les programmes au lieu de juin/juillet, comme on le fait d’ordinaire. On est donc allé plus en profondeur, et on a travaillé plus longuement avec des intervenants extérieurs. Finalement, la pandémie a été une bonne chose pour notre saison olympique.
Lors de la présentation de l’équipe de France pour Pékin 2022, à Romilly-sur-Seine lundi 4 octobre, la présidente de la Fédération des sports de glace, Nathalie Péchalat, vous a clairement identifié comme la chance de médaille d’or pour les sports de glace. Cela vous met-il la pression ?
Non, car c'était déjà notre objectif lors des derniers Jeux, et ça le reste. Depuis longtemps, la médaille d'or olympique est dans notre ligne de mire, et c'est même la seule qui l'est. On sait qu'on en est capable parce qu'on a gagné quatre fois les championnats du monde. Certes, ce ne sera pas facile, mais c'est notre objectif et il nous donne la force de travailler et de performer à notre niveau.
Si on attend encore des précisions quant au protocole sanitaire mis en place à Pékin, nous savons déjà que les JO se tiendront sans spectateurs étrangers et seront réservés au public chinois en raison de la pandémie. Que pensez-vous de cette décision ?
J’essaie de ne pas trop y penser, et de me concentrer sur ce que j'ai à faire, au moment présent, aux entraînements et à la préparation. Dans tous les cas, je vais être heureuse d'y participer. Mesures sanitaires ou non, le plus important c'est qu'ils aient lieu. Bien sur, le fait qu'il n'y ait pas de public international, ce qui signifie que ni mes proches ni le public français ne pourra se déplacer, c'est un énorme deuil. Le public est une composante assez importante dans notre performance, dans notre mise en situation mentale, il va donc falloir composer sans.
"Au moins les JO ont lieu, et on n'a pas eu le stress qu'ont eu les athlètes à Tokyo."
Gabriella Papadakisà franceinfo: sport
J'ai vécu beaucoup d'émotions quand les Jeux d'été ont été reportés. Et même un mois avant, personne ne savait s’ils allaient avoir lieu ou non. Je me disais que ça devait être impossible à vivre pour les athlètes. Donc je suis très contente qu'on échappe à cela et j'espère qu'on ne vivra pas la même chose d'ici là. Déjà, si on ne vit pas cette incertitude, ce sera déjà énorme.
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