En Floride, Maé-Bérénice Méité prépare la prochaine saison
Maé-Bérénice Méité, comment allez-vous et comment vivez-vous cette situation ?
Maé-Bérénice Méité : "Près de Tampa, on ne prononce pas encore le mot confinement même si les structures sociales de rassemblement comme les «malls» (centres commerciaux) ou les restaurants ont dû fermer leurs portes. On pratique la distanciation sociale, pas plus de 10 personnes dans un même lieu. La patinoire, où je m’entraîne depuis bientôt 2 saisons à Wesley Chapel (nord de Tampa en Floride), a fermé ses portes vendredi. On s’y attendait mais ça m’a atteinte plus que je ne le pensais. Donc j’ai pris un peu de recul..."
Comment s’occuper alors ?
MBM : "La première décision que j’ai prise, c’est de ne pas rentrer en France. Pour y faire quoi ? Les mesures sont pour l’instant plus strictes chez vous. Qu’est-ce que j’aurais fait de plus que je ne pourrais faire ici ? Rien. Ça commence par la présence de mes coaches, Silvia Fontana et John Zimmermann, on se met à chercher des idées pour la saison prochaine, musiques et chorégraphies. J’en profite aussi pour soigner un genou gauche un peu douloureux (NDLR : elle a souffert en 2014 d’une fissure au tendon rotulien). Je fais également attention à mon alimentation. Un sportif est hyperactif et on trouve des moyens pour conserver la ligne. Et je m’astreins à des séances physiques quotidiennes. Nous sommes des Formules 1, des mécaniques de précisions qu’il faut constamment surveiller !"
Le site internet du CIO «Olympic Channel» a même diffusé récemment une vidéo de vous sur ses réseaux sociaux...
MBM : "J’ai participé à deux reprises aux Jeux d’hiver (NDLR : 10e en 2014 à Sotchi et 19e en 2018 à PyeongChang à titre individuel ; elle a également pris part à l’épreuve par équipes les 2 fois). Donc je suis une «Olympienne» ! Ils ont pensé que mon profil était suffisamment intéressant pour me demander quels types d’exercices il fallait faire pour garder la forme et bouger, au vu des circonstances actuelles. J’en propose 3 sur cette vidéo mais ce n’est qu’une infime partie de ce que je fais chaque jour. On est descendu en durée à une heure, mais en temps normal c’est beaucoup plus. C’est le fruit de ce que j’ai appris avec l’expérience et les années (NDLR : à 25 ans, elle a participé en janvier en Autriche à son 10e championnat d’Europe consécutif, égalant ainsi Surya Bonaly) ! Avec le soleil et au bord de la piscine de la maison où je réside, c’est certainement plus agréable à pratiquer, j’en conviens… Je fais des exercices que j’ai appris et adaptés depuis mon plus jeune âge. On met en application l’expérience acquise. Et pour m’aider au niveau alimentation, j’ai une équipe de quatre personnes à ma disposition et avec lesquelles je suis en contact régulier pour des mises à jour. Deux sont basées en France (diététicienne et sophrologue) et deux aux Etats-Unis (nutritionniste et psychologue du sport)."
Et en dehors de l’activité physique ?
MBM : "Je suis en 1re année d’un Masters «Marketing et Business Development» de Montpellier-Management (qui dépend de l’Université de Montpellier). Des cours par correspondance et des devoirs à faire régulièrement, ponctués par un mémoire à rendre bientôt. Pas le temps de s’ennuyer pour l’esprit. On ne sait pas trop comment ça va se passer pour les partiels. Mais ce temps d’inactivité sportive me donne l’occasion de m’avancer pour les études et pour des projets plus personnels pour la suite."
Ce samedi devait démarrer la traditionnelle tournée de l’Equipe de France de patinage artistique ?
MBM : "Elle devait durer 3 semaines jusqu’au 18 avril : 18 villes visitées de Paris à Mulhouse, en passant notamment par Niort et Marseille, et 21 galas au total. C’est l’occasion d’aller rendre visite à nos fans et de les remercier pour leur soutien. C’était aussi l’opportunité pour nous de gagner de l’argent et de financer en partie notre entraînement (NDLR : quelques centaines à plusieurs milliers d’euros par gala, selon le palmarès et la notoriété des patineurs). Ça va être difficile pour beaucoup d’entre nous les prochains mois. J’ai la chance d’avoir des parents qui me soutiennent et avec lesquels je suis en contact permanent (NDLR : ils travaillent tous les deux et sont sur le terrain, malgré le confinement). Mais la FFSG (Fédération française des sports de glace) aura-t-elle les reins financiers solides, en ces temps de crise, pour continuer à nous aider ?"
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.