Nathalie Péchalat : "Je ne peux pas tout changer en trois mois"
"Ce combat est pour moi prioritaire. Je ne le mène pas pour faire plaisir. C'est une conviction profonde." Ces quelques mots donnent le ton. Nathalie Péchalat a mis son combat contre les violences sexuelles au coeur de son quotidien au sein de sa présidence de la Fédération française des sports de glace (FFSG). Après quelques mois à la tête de la fédé, l'ancienne patineuse a accordé une interview à nos confrères du Parisien ce mercredi, où elle dresse un bilan des premières mesures concrètes mises en place. Parmi elles, elle cite la nomination d'une référente "intégrité", la réactivation de la commission de discipline, la création d'outils de communication pour les clubs ainsi que la création des codes de bonne conduite. Un comité d'éthique est aussi sur le point de voir le jour.
Aucune sanction à l'encontre de Gilles Beyer
Dans cet entretien, Nathalie Péchalat revient aussi sur une commission de discipline qui s'est réunie pour statuer sur certains cas, comme celui de l'ancien entraîneur Gilles Beyer, accusé de viols. Mais aucune sanction n'a été prise à l'encontre ce dernier. "Je me suis rendue compte que tous nos règlements étaient obsolètes depuis 2017, la fédération n'était plus alignée sur le Code du sport. Sans compter que les présidents de club ne pouvaient pas se réunir à cause de la crise sanitaire. Il a fallu changer la composition de la commission et lorsque celle-ci s'est réunie le 9 juillet, elle n'a pu que constater que Gilles Beyer n'avait pas repris sa licence au 1er juillet, sûrement pour fuir la sentence. Elle n'a donc malheureusement pas pu statuer", admet, amère, Nathalie Péchalat.
Une décision "regrettable" et "révoltante" pour la présidente de la fédération. "J'aurais souhaité que la première sanction prise à l'encontre de Gilles Beyer vienne de la Fédération", ajoute-t-elle encore. Elle précise que la FFSG n'octroiera plus de licence à celui-ci et qu'il "ne pourra plus travailler dans une patinoire". "La fédération a formulé une demande de partie civile dans deux dossiers, dont celui de Gilles Beyer. Nous le ferons systématiquement dans toutes les affaires de violences sexuelles", poursuit-elle.
Des signalements continuent à arriver
D'après Nathalie Péchalat, des faits de violences sexuelles continuent à être signalés à la fédération, "d'où l'importance d'avoir une référente intégrité, qui soit en lien avec la cellule mise en place par le ministère des Sports", insite-t-elle.
Si la présidente aimerait aller plus vite sur ce dossier, elle souhaite rappeler que la fédération agit et soutient les victimes. Et répond aux critiques dont elle fait l'objet. "Je ne peux pas tout changer en trois mois, avec des détracteurs qui aiment bien poser des mines pour faire croire que ça n'avance pas et en découvrant des cadavres dans les placards chaque semaine. C'est injuste de vouloir me faire payer les erreurs du passé", témoigne l'ancienne athlète. Car cette présidence est un chemin semée d'embûche. "J'ai récupéré une voiture avec pas mal de vices cachés. Je vais continuer à la retaper pour la faire avancer", conclut-elle.
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