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Nathalie Péchalat, ses 50 premiers jours à la tête de la FFSG, entre découvertes et urgences

Elle a été élue le 14 mars dernier en pleine crise de la Fédération française des sports de glace (FFSG). Nathalie Péchalat, en est désormais la présidente après avoir succédé à Didier Gailhaguet, qui avait dû démissionner en raison des révélations de violences sexuelles dans sa fédération. Et elle doit gérer une autre crise, celle du Covid-19. Elle préside aux destinées de plus de 30000 licenciés représentant des disciplines olympiques (patinage artistique, danse sur glace, bobsleigh, luge, skeleton, curling, patinage de vitesse et short-track) et non-olympiques (patinage synchronisé, ballet sur glace, freestyle sur glace). Elle dresse un bilan de ses 50 premiers jours à la tête de la FFSG.
Article rédigé par Paul Péret
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
  (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

A quoi ressemblent vos journées depuis votre élection ?
Nathalie Péchalat : "Ma nomination a coïncidé avec les débuts du confinement. Du coup, je suis une adepte du télétravail entre 9h et 18h avec une pause déjeuner ! Je n’ai même pas eu l’occasion de mettre les pieds au siège de la FFSG et de découvrir mon futur bureau ! Il y a beaucoup de travail administratif, beaucoup de visioconférences et beaucoup de temps passé au téléphone. Je viens par exemple, avec les directeurs d’équipes de France, d’effectuer une bonne partie des bilans individuels des sportifs de haut niveau. Ça m’a fait tout drôle d’évaluer des sportifs, que j’ai côtoyés, pour certains, il n’y a pas si longtemps ! Ce fonctionnement, à mon domicile, m’a obligé surtout à ne pas me disperser."

"Le dossier N.1 : l'intégrité et les violences sexuelles"

En présentant votre programme, vous aviez annoncé un plan en 4 axes : développer la pratique sportive, intransigeance en matière d’éthique et d’intégrité sportive, redorer l’image de la FFSG, améliorer le rayonnement de la fédération. Où en êtes-vous ?
NP : "Tout ne va pas être mis en place tout de suite mais il y a des chantiers qui sont plus prioritaires que d’autres… Nous avons une épée de Damoclès avec l’éventualité d’un retrait de notre délégation sportive par le ministère des Sports. Le dossier numéro un, c’est celui de l’intégrité et des violences sexuelles. Il a fallu désigner un référent, envoyer à nos clubs un questionnaire afin de connaître et recueillir leurs doléances et problèmes, rédiger une charte éthique qui devra être validée par une assemblée générale (NDLR : initialement prévue les 20-21 juin à Brest, elle devrait être convoquée à la rentrée à cause du Covid-19), signer une convention avec l’association ‘’Colosses aux pieds d’argile’’ pour sensibiliser aux messages de prévention sur les violences, réunir une commission disciplinaire (2 convocations ont été envoyées),… C’est un travail de longue haleine d’autant que le Ministère souhaite faire un point de nos actions avant le début juin."

Vous avez découvert un nouvel univers ?
NP : "Il n’y a pas de plaquette qui explique comment on gère une fédération ! Je découvre ainsi le fonctionnement administratif et la façon dont il faut partager les informations et avec qui, selon la nature et la sensibilité des dossiers. Pour ne pas mettre qui que ce soit en porte-à-faux. En cas de doute, je me tourne vers le Secrétaire Général (Francis Fontanié) et la Trésorière (Dominique Rabbé) dont l’énergie, l’expérience et la volonté me permettent d’aller de l’avant."  

Un problème de culture et de structure

La FFSG est connue en France essentiellement pour le patinage artistique et la danse sur glace. Mais aux derniers Jeux Olympiques à PyeongChang en 2018, ces deux disciplines n’ont représenté que 5 titres alors que l’ensemble des sports de la glace ont délivré 39 médailles d’or (dont 8 pour le short-track et 14 pour le patinage de vitesse). Comment comptez-vous changer les mentalités et faire évoluer la situation ?
NP : "Les Pays-Bas peuvent s’appuyer sur une tradition historique que nous n’avons pas sur la vitesse : ils ont 16 anneaux de 400m, nous aucun ! (NDLR : 23 médailles gagnées sur les 36 possibles en 2014 à Sotchi, 16 sur 42 en 2018). Nous avons bien eu Alexis Contin, qui a brillé en mass-start (3 fois médaillé mondial) mais c’est en développant et renforçant nos liens avec la fédération de roller (dont il a été champion du monde de la spécialité) que nous pourrons améliorer nos résultats. Nous avons également un problème structurel en France : pas assez d’équipements (presque 150 patinoires), qu’il faut partager non seulement avec le hockey sur glace mais aussi avec les créneaux alloués aux scolaires et aux séances publiques.

Il faudrait en construire plus… Pour le bobsleigh, des moyens financiers ont été déployés depuis plusieurs années mais c’est une discipline coûteuse, notamment pour les frais de transport. Nous savons que le short-track peut rapporter des médailles (Thibaut Fauconnet a été champion d’Europe) et nous allons essayer d’augmenter les moyens. Mais aux yeux du grand public en France, qu’on le veuille ou non, la vitrine -celle qui fait parler les médias- c’est culturel, c’est le patinage artistique et la danse sur glace. Il nous faut préparer la relève et l’avenir. Beijing 2022, c’est déjà demain. Les quotas se gagnent dès la saison prochaine. Il faut aussi viser l’échéance 2026 (Milan-Cortina d’Ampezzo)."

Le Covid-19 modifie beaucoup la donne pour les prochains mois ?
NP : "Nous devons déjà sécuriser notre budget (environ 4,5 millions d’euros), ce qui ne sera pas une mince affaire. Nous devons aussi faire en sorte que nos aides ministérielles ne soient pas revues à la baisse (presque 40 % des ressources financières). Il nous faut également attirer de nouveaux sponsors et c’est pour ça qu’il faut rester attractif en organisant des grands événements. L’ISU (Union internationale de patinage) m’a demandé de lui apporter des garanties pour les compétitions que nous allons accueillir. En novembre, il y aura bien l’étape française du Grand Prix (NDLR : les Internationaux de France, qui pourraient avoir lieu à Grenoble). Ensuite Angers devrait héberger les championnats du monde junior de patinage synchronisé en mars 2021 alors que Montpellier sera ville-hôte des championnats du monde de patinage artistique en mars 2022. Mais il nous faut aussi penser au public parisien, car les partenaires économiques importants peuvent y inviter leurs clients plus facilement…"

"J’apprends les codes inhérents à la fonction"

Le déconfinement approche…
NP : "Les situations sont différentes selon que nos athlètes sont en France ou à l’étranger. Pour Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, qui sont à Montréal, la rentrée sur la glace pourrait intervenir la semaine prochaine. Ils s’entraînent dans une structure privée de haut-niveau qui négocie avec les autorités locales et provinciales une réouverture du centre Gadbois. Dans l’hexagone, nous sommes tributaires de situations locales disparates. Selon qu’il s’agisse de patinoires municipales ou qu’elles soient gérées par délégation. Nous sommes en attente de procédures validées par le Ministère. Pour l’instant, les recommandations stipulent qu’il ne peut y avoir plus de 10 personnes en même temps. Les patineurs, figurant sur les listes ministérielles de haut niveau, sont assimilés à des sportifs professionnels et pourraient s’entraîner dès le 11 mai mais comment respecter les règles de distanciation sociale dans un univers clos ? Pour les athlètes de niveau moindre, on peut imaginer qu’ils ne reprendront pas le chemin des patinoires avant le 15 juin."

Et pour vous ?
NP : "J’ai dû renoncer à l’animation d’un stage estival de glace et de glisse à Megève (initialement prévu du 5 au 10 juillet). Le maintenir dans les conditions actuelles comportait trop d’incertitudes pour les élèves, originaires de France, de Belgique et de Suisse. Mais je ne renonce pas à l’animation de conférences. Je me suis assurée que c’est compatible avec ma fonction actuelle. L’été s’annonce studieux avec la poursuite de la restructuration de la FFSG et la mise en place de plein d’autres choses, qui figurent dans mon programme. Le défi est d’autant plus excitant que j’apprends les codes inhérents à la fonction ! Un sacré challenge…"

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