Cet article date de plus de treize ans.

30 minutes pour descendre

Une descente, c’est une longue préparation pour deux minutes d’effort. Quand les œufs montent en neige, le compte à rebours commence. Championne olympique de descente en 2002 et consultante pour France Télévisions, Carole Montillet nous raconte ces minutes qui précèdent le dernier bip du portillon de départ. Là où rien ne se gagne mais où tout peut se perdre.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

H - 30 minutes : Arrivée sur le site du départ

« Il y en a qui arrive une demi-heure avant. J’étais de celles-là. D’autres se contentent d’arriver à 10 minutes du départ. C’est libre, on ne nous impose rien. Tout dépend du temps dont tu as besoin pour préparer ta course. J’avais besoin de sentir que j’avais le temps de tout faire sans me presser. De préparer mes affaires, de m’habiller, de faire un dernier point technique, etc. »

H - 26 minutes : La combinaison

« Après avoir sorti mes affaires, je passe à la combinaison. C’est toujours un peu long et il faut s’y préparer. Chacun est dans sa bulle ou pas. Une Lara Gut a besoin de discuter avec tout le monde, c’est son moyen d’évacuer le stress. Mais le plus souvent tu discutes de banalité. »

H - 20 minutes : L’échauffement

« Ça devient un rituel, une manière de se préparer. Qu’il fasse chaud ou qu’il fasse froid, tu fais les mouvements que tu aimes bien, ceux qui ne te traumatisent pas. L’échauffement est musculaire. On s’occupe aussi des articulations puis on insiste beaucoup les jambes, beaucoup les genoux jusqu’à dix minutes du départ. »

H – 14 minutes : Chausser ses skis

« J’avais besoin de chausser les skis très tôt avant de me concentrer à fond sur la course. On monte deux ou trois paires de ski et on choisit en fonction de la température. C’est capital pour la glisse. Tu peux chausser quand la fille d’avant part. Chez les messieurs, on a très bien vu Didier Cuche serrer ses chaussures dans la minute avant son départ. Ça peut être risqué si tu as un problème de fixation. »

H – 12 minutes : Briefing technique

« On reçoit les dernières infos des entraîneurs, « la neige a un peu bougé, cette porte tape un peu, etc ». Le kiné a une oreillette et trie les infos à répercuter à son skieur. Il peut nous parler jusqu’à la fille qui est devant toi s’il y a une chose à dire vraiment importante (ex : cette porte là tape, il faut la préparer). L’info doit être courte et précise. »

H - 10 minutes : Concentration

« C’est à ce moment-là que la boule arrive. Si tu es dossard N.1, tu vois le premier ouvreur s’élancer. Toi, t’as l’impression d’avoir les jambes tellement lourdes que tu ne peux plus les soulever. Peu importe la course, elle est toujours là. Dès qu’on a un dossard sur le dos, on ressent cette pression. Pendant ces dernières minutes, on revisionne la piste 10-15 fois dans sa tête. En général, avec les trois entraînements, la reconnaissance et les vidéos le soir à l’hôtel, on arrive à connaître la piste par cœur. »

H - 3 minutes : Ajustements

En cas de dernière info sur une porte, on effectue un dernier réajustement mental. La descente, c’est de la précision et de la concentration. Tu as besoin de te rassurer car ça va très vite. On n’arrive pas la fleur au fusil au départ. Le géant ou le slalom, c’est plus une question de rythme, on l’a ou pas. »

H - 2 minutes : Portillon de départ

« Le dernier concurrent avant toi prend la piste. Tu ne regardes pas son départ, tu restes concentré sur ta course. Devant le portillon, la boule au ventre s’accentue. Bip aux trente secondes, bip des dix secondes, ça monte crescendo. »

BIP !!!!!

« C’est l’heure d’y aller. Quand tu sors du portillon, tu pousses et le stress est déjà parti. Ce n’est plus que du plaisir. »

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