Les Américains chercheurs d'or, les Français en brouilleurs de piste
C'est la troisième fois, après 1989 et 1999, que le gotha mondial du ski alpin converge vers les stations chic de Beaver Creek et Vail, à deux heures de route de Denver. Les précédents rendez-vous planétaires dans la région n'avaient guère souri au pays-hôte, avec seulement deux médailles remportées par la seule Tamara McKinney en 1989 (or en combiné, bronze en slalom). Le bilan devrait être tout autre cette fois pour les Etats-Unis qui avaient rapporté quatre titres et un total de cinq podiums des précédents Mondiaux, en 2013 à Schladming (Autriche). Et pour cause, deux de leurs atouts, Lindsey Vonn et Mikaela Shiffrin, vont évoluer à domicile, sur des pentes et neiges qu'elles connaissent par coeur. Et que dire de Ted Ligety, qui a ses habitudes à Beaver Creek où il a remporté les cinq derniers géants de Coupe du monde qui y ont été organisés ! C'est sans doute Vonn qui attend le plus de cette quinzaine dans le Colorado.
Vonn, cinq victoires en dix courses
Elle va retrouver une compétition qui lui a laissé un douloureux souvenir, celui d'une violente chute lors du super-G des Mondiaux-2013. Blessée au genou droit, la championne olympique 2010 de descente a subi deux opérations, manqué les JO 2014 et souffert pour revenir au premier plan. Mais cet hiver, Vonn est redevenue la reine de la vitesse avec cinq victoires en dix courses disputées pour porter son total en Coupe du monde à 64 succès, nouveau record pour une skieuse. Si elle entend participer aux JO 2018, Vonn, 30 ans, doit désormais partager la lumière avec Mikaela Shiffrin, prodige de 19 ans déjà championne du monde et championne olympique de slalom.
"Participer à des Mondiaux chez soi est quelque chose d'unique dans une carrière, je suis vraiment impatiente", prévient Shiffrin, qui a élargi cette saison son registre en gagnant aussi en géant. Bref, les deux Américaines ratissent large. Entre elles et les titres se dressent la N.1 mondiale, la Slovène Tina Maze, les Autrichiennes Anna Fenninger, Elisabeth Görgl et Kathrin Zettel, la Suissesse Lara Gut ou encore la Suédoise Frida Hansdotter. Côté français, la délégation tricolore, qui espère ramener deux-trois médailles, on misera énormément sur la géantiste Tessa Worley. mais cette dernière arrive un peu dans l'inconnu à Beaver Creek. Revenant de blessure également, la Tricolore est loin de son niveau des années précédentes. Le meilleur résultat de la Bornandine cette saison en Coupe du monde est seulement une 7e place, lors de l'ouverture de la saison le 25 octobre à Sölden (Autriche), ce qui constitue toujours la meilleure performance des Françaises cet hiver.
L'énigme Miller
Deux ans après son incroyable triplé (géant, super-G, super-combiné), Ligety, quant à lui, n'imagine pas rééditer un tel exploit. "Gagner trois titres comme en 2013 me paraît difficile, même si j'ai toujours été très à l'aise sur les pistes de Beaver Creek", rappelle le skieur de Park City (Utah). "Mon objectif, c'est avant tout le géant", insiste le double champion olympique de la discipline, qui aura pour adversaires l'Autrichien Marcel Hirscher, leader du classement général, et le Français Alexis Pinturault. Entre les trois hommes, la lutte pourrait être somptueuse et on attend forcément beaucoup du skieur français. Comme à Schladming (Autriche), en 2013, où il avait tourné autour du podium (5e en géant, 6e en slalom, super-G et super-combiné), Pinturault, 23 ans, engagé à nouveau dans quatre épreuves, sera encore le phare de la sélection française. Médaille de bronze du géant aux Jeux de Sotchi, le petit prodige de Courchevel occupe la 4e place au classement général de la Coupe du monde mais il devra se surpasser pour décrocher l'or. Il en est capable.
Les épreuves de vitesse pourraient être dominées par le Norvégien Kjetil Jansrud qui s'est déjà imposé à cinq reprises cet hiver, dont une fois à Beaver Creek et dans la prestigieuse descente de Kitzbühel. L'Italien Dominik Paris, les Autrichiens Matthias Mayer et Hannes Reichelt, ou encore le Français Guillermo Fayed auront eux aussi leur mot à dire.
A moins qu'un revenant ne mette tout le monde d'accord : à 37 ans, Bode Miller est sélectionné pour un dernier grand rendez-vous qu'il aborde dans le plus grand flou. Opéré d'une hernie discale en novembre, le quadruple champion du monde n'a encore disputé aucune course cet hiver. Mais Miller est un phénomène et un ultime come-back réussi le ferait encore plus entrer dans la légende du ski alpin.
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