Mondiaux d'Are : Clément Noël, le surdoué fait du ski
Où s'arrêtera-t-il ? Victorieux à Wengen et Kitzbühel fin janvier, Clément Noël (21 ans) vit une ascension fulgurante portée par des facilités tout-terrain. A confirmer, dimanche, lors du slalom des Mondiaux auxquels il participe pour la première fois. "Clément est fatigant, il est trop parfait", plaisante à moitié Julia Bonhomme, lorsqu'elle parle de son petit ami à qui tout réussi.
Sur les skis, c'est un phénomène: champion de France devant les meilleurs Français à 19 ans, 4e des Jeux olympiques l'hiver dernier, il vient de remporter coup sur coup les prestigieux slaloms de Wengen (Suisse) et Kitzbühel (Autriche) devant le maître autrichien Marcel Hirscher, à seulement 21 ans. Même hors des piquets serrés du slalom, le grand brun (1,91 m), cheveux en bataille et fossettes creusées par un sourire timide, semble avoir un coup d'avance.
"Comment s'est passé ton épreuve d'histoire ?", s'enquiert Julia quand il passe le bac en 2016. Réponse laconique, une habitude de l'intéressé: "Ça va". Résultat: 20/20 et un diplôme validé en filière scientifique avec 18,30 de moyenne et les félicitations du jury.
"Pour le bac, il a bossé, il passait des après-midi sur le bureau de ma chambre de 13h à 19h non stop", se souvient pour l'AFP Julia, aujourd'hui monitrice de ski, en couple avec Clément depuis quatre ans et le lycée d'été à Albertville. "Quand il s'y met, il est super efficace. Il a cette faculté à faire bien en peu de temps et il retient tout ce qu'il lit!"
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"Force tranquille"
Ce grand amateur de sport, notamment de vélo, connaît classements et statistiques sur le bout des gants. Mémoire et maîtrise, comme lorsqu'il répond avec professionnalisme à toutes les interviews, même en anglais ou en allemand, tel un vieux routier de la Coupe du monde. "Clément, c'est une force tranquille, une grosse force tranquille", reprend son ami Paul Chevallot, le 2e fils de sa famille d'accueil à Val d'Isère, où il posa ses valises en hiver à partir de l'âge de 15 ans. Né à Remiremont le 3 mai 1997, l'enfant du Menil décide tôt de quitter les Vosges à la poursuite d'un destin de champion.
"Même loin de sa famille, jamais il n'a montré de faiblesse ou de coup de moins bien. Il a fait un choix, il a assumé. Sa vie était tracée, c'était le ski", relate Paul, bluffé. "Il y avait parfois un peu le 'bordel' dans sa chambre mais il était, sinon, très ordonné, ne faisait pas de vague, il nettoyait bien sa vaisselle", dépeint-il.
"C'était un garçon talentueux, très humble, copain avec tout le monde et déjà une bête de course", loue Philippe Caschi, l'un de ses entraîneurs de Val d'Isère.
"Il analyse tout"
Un adolescent discret et timide, en tout cas de jour... Car, de l'aveu amusé de ses amis, Clément Noël nourrissait avant ses années professionnelles un penchant assumé pour la fiesta. "On sortait très jeune, vers 15-16 ans", raconte Paul, même âge, même taille, qui forme avec Clément un binôme d'escogriffes remarqué dans les nuits de la station savoyarde. Quand vient l'été, au lycée d'Albertville, le bon élève n'est pas toujours bien vu de ses profs à cause de quelques fantaisies d'adolescent, comme des escapades nocturnes hors des murs de l'internat.
Sérieux quand il veut, doué mais pas naïf, le champion du monde junior sait mettre ses talents au service de son ski. "Clément est très intelligent. Beaucoup de gens disent qu'il skie avec l'instinct sans réfléchir, alors que Clément peut penser à mille trucs dans le tracé", complimente son coéquipier en équipe de France Maxime Rizzo. "C'est ce qui est particulier avec lui: même pendant qu'il réfléchit, il arrive à aller vite. Il étudie, il analyse tout ce qu'il fait."
Tout semble pourtant glisser sur le placide Noël: les déceptions, comme après avoir enfourché à Schladming (Autriche) fin janvier, ou les victoires. Et une médaille aux Mondiaux n'y changerait rien...
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