Mondiaux de ski alpin 2023 : comment une piste bleue pour touristes devient-elle une terrible piste de championnats du monde ?
La face de Bellevarde de Val d'Isère, le Signal de l'Alpe d'Huez, l'Eclipse de Courchevel, le Roc de fer de Méribel... Ces noms de piste vous évoquent peut-être quelque chose. Bleues, rouges ou noires pour les vacanciers, elles sont aussi des pistes officiellement homologuées par la Fédération internationale de ski (FIS) pour accueillir des épreuves du circuit.
Si chaque piste est unique, la FIS a mis en place un processus d'homologation précis. Dénivelé de la pente, sécurisation du tracé, qualité de son enneigement, rien n'est laissé au hasard. Franceinfo: sport vous explique comment votre piste favorite devient celle des plus grandes stars du cirque blanc.
Quelles sont les pistes homologuées ?
En France, et comme sur tout le circuit Coupe du monde, les pistes de compétitions homologuées sont ouvertes à tout le monde le reste du temps. Par exemple, L'Eclipse n'a été fermée que le 21 janvier dernier au grand public, soit un peu plus de trois semaines avant le début des Mondiaux, le temps nécessaire pour mettre le tracé aux normes de la FIS. Et elle sera à nouveau et entièrement accessible à tous moins de cinq jours après la dernière course des championnats, le slalom hommes (le dimanche 19 février).
Le plus souvent, ce sont des pistes noires difficiles et particulièrement pentues, comme l'Eclipse, alors que le Roc de Fer est catégorisée en bleue. Certaines peuvent accueillir l'ensemble des quatre épreuves du ski alpin (slalom, géant, super-G et descente) comme à Courchevel et Méribel, pendant que d'autres ne sont adaptées que pour les épreuves techniques ou celles de vitesse.
Mais avant de devenir un tracé de la FIS, le processus d'homologation d'une piste dure environ six mois. Plusieurs critères majeurs sont évidemment scrutés par un inspecteur officiel de la Fédération internationale de ski, qui se déplace à plusieurs reprises dans la station.
Un revêtement homogène et un dénivelé précis
D'abord, le revêtement n'a rien à voir avec celui que vous avez l'habitude de skier. Quand vous évitez au maximum les pistes ou sections verglacées (les fameux "carrelages" dans le jargon), les skieurs professionnels en raffolent. De toute façon, ils n'ont pas vraiment le choix. Avant chaque course, un peu d'eau est très souvent injectée sur la piste pour "obtenir un revêtement uniforme de partout" de sorte à ce que "ce soit sécurisé pour tous les athlètes tout en respectant l'équité sportive", explique à franceinfo: sport Sébastien Santon, chef de piste de L'Eclipse.
Le dénivelé fait également partie des conditions indispensables pour différencier une piste touristique d'une piste dédiée aux professionnels. "Selon les disciplines, il y a un minimum et un maximum puis il y a une différence entre les femmes et les hommes", explique Sébastien Santon. Quand il faut, par exemple, entre 800 et 1100 mètres de dénivelé pour une descente masculine, il en faudra entre 450 et 800 mètres pour l'épreuve féminine.
Des normes de sécurité drastiques
Question sécurité, aucun risque n'est pris au vu de la vitesse que peuvent atteindre les skieurs en plein effort (aux alentours de 140km/h chez les hommes). "On a aussi des normes de sécurité de plus en plus poussées, un peu à l’image de la Formule 1, poursuit le patron de L'Eclipse, et il faut aménager des espaces pour les chronomètres intermédiaires." Plusieurs dizaines de kilomètres de filets différents sont en effet installés tout autour du tracé pour ralentir au maximum l'athlète qui arrive à pleine vitesse suite à une chute.
"En revanche, on n’a pas d’obligations sur les pourcentages de pente. Et les athlètes skient sur une piste bâtie comme une piste lambda, sur de l’herbe et des cailloux. La différence, c'est qu'on en prend plus soin", ajoute Sébastien Santon.
Les secrets de la densité de neige
Enfin, le chef de piste nous assure "qu'il n'y a pas de minimum sur l'épaisseur de la neige" du moment qu'on "n'arrive pas sur l'herbe évidemment". Ce qui compte, avec le manteau blanc des pistes, c'est sa densité : "C'est primordial qu'elle soit exactement la même sur tout le tracé. On ne peut pas avoir de la neige qui casse. Selon les températures, on compacte la neige avec les dameuses, c'est entretenu d'une certaine façon. Ensuite, on a belle une densité de neige."
Concrètement, il faut au moins 40 centimètres de neige avant l'arrosage, et généralement, comme sur L'Eclipse, on vise les 70 centimètres, suffisants ici pour accueillir des courses durant quinze jours et se garder une certaine marge. "S'il neige et qu'on envoie les dameuses, on ne doit surtout pas abîmer comme elle est préparée là, prévient Sébastien Santon , et si on n'a pas trop de marge, on peut aller à la catastrophe. Donc c'est bien d'avoir une petite sécurité." Quand tous ces critères techniques sont remplis et validés par la FIS, la piste est homologuée pour cinq ans en vitesse (descente et super-G), et pour dix ans en technique (slalom et slalom géant).
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