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Richard avait les clés !

Les galères, la rage, les tripes et maintenant l’argent. C’est tout ça Cyprien Richard. A 32 ans, le Morzinois vit la plus belle saison de sa carrière. Une victoire en Coupe du monde à Adelboden, une 2e place à Alta Badia et une médaille d’argent aux Mondiaux de Garmisch-Partenkirchen. Doté d’un mental en béton armé, il est capable de renverser toutes les situations. Tremble Ted Ligety, le Roi Richard est de retour !
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Après le sacre par équipes et le bronze de Tessa Worley, on avait pris goût à l’ivresse du podium. Le potentiel était là, il ne manquait plus que ça rigole encore un peu. Au départ de la 1ère manche à 10h00, l’humidité brouillait les cartes et les skis français. Malgré un beau tir groupé de Richard, De Tessières et Fanara, il restait encore beaucoup de chemin à parcourir jusqu’aux médailles. « J’ai été surpris par les premières portes car la piste était humide, expliquait le Morzinois, 7e à 71/100e d’Aksel Lund Svindal. Après j’ai bien mis les watts. C’est une position que j’aime bien. Je n’ai rien à défendre donc c’est attaque à fond et on verra à l’arrivée. C’est tout dans l’état d’esprit et la manière. J’ai ça en moi. J’ai les clés. »

Et le verrou sauta ! Sur sa lancée d’Alta Badia et Adelboden, Richard a lâché les chevaux en 2e manche. « Il a ça dans les tripes, expliquait son coéquipier Gauthier de Tessières. Il sait aller chercher ces manches-là. » Un engagement de tous les instants. Des portes passées au rasoir et surtout une vitesse incroyable malgré une neige très décousue. « Je sais d’où ça vient et je sais ce que ça vaut, expliquait « Priou ». Cette médaille, je suis allé la chercher, on ne me l’a pas apportée sur un plateau. Je savais que ça allait être un gros combat. »

Les gros combats, ça le connaît Cyprien Richard, si souvent blessé au début de sa carrière et très loin du ski de haut niveau en 2006. Il n’a vraiment commencé sa carrière à 30 ans. « Je n’oublie pas les galères. C’est ma force. Je me suis retrouvé seul à 26 ans dans un sport amateur, sans assurance, c’était l’impasse. Ça ne s’oublie pas mais ça me permet aujourd’hui de grandir et de savourer en toute humilité. »

Revenu de très loin, le Haut-Savoyard profite donc du moment présent. Du plaisir et du ski suffisent à son bonheur. « Favori ? Je suis plus attendu mais c’est surtout mieux quand on a déjà gagné avant. On a forcément une grosse confiance. Je skie vite et je n’ai plus besoin de la prouver à personne. C’est juste moi au départ à me mettre dans les bonnes dispositions et de skier avec la manière. Quand je le fais dans la 2e manche, rien ne peut m’arriver. C’est dans l’instinct et dans l’instant. Oui, j’ai eu peur d’être 4e. Demain matin, je vais peut-être me dire : « 8/100e pour l’or, je pouvais peut-être faire quelques chose. » C’est le jeu et Ligety est un grand champion. »

Avec seulement deux années de professionnalisme derrière lui, Cyprien Richard peut espérer durer dans le géant où l’expérience est un bel atout. « Ce n’est pas un aboutissement, indique-t-il. Quand je vois un Didier Cuche faire un globe de cristal en géant à 34 ans. J’en ai que 32. J’arrive au très haut niveau. Je n’ai pas encore réussi à faire deux manches pleines donc il y a de l’avenir. » Un avenir bleu-blanc-or ?

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