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Saint-Moritz : Avant le slalom géant masculin, Alexis Pinturault raconté par ses proches

Le leader du ski français, a rendez-vous avec son destin ce vendredi lors du slalom géant. Ses proches ou les observateurs du ski français racontent à travers une anecdote, connue ou non, leur Alexis Pinturault.
Article rédigé par franceinfo
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Le skieur français Alexis Pinturault (MICHAEL KAPPELER / DPA)

Très attendu lors du combiné alpin, Alexis Pinturault, est complètement passé au travers (10e). En champion qu’il est (trois fois troisième du classement du Gros Globe), le skieur de 25 ans a réagi dans le lendemain, mardi, en contribuant au sacre par équipes. Grand favori - avec Marcel Hirscher - du slalom géant de ce vendredi, le skieur de Courchevel est toujours à la poursuite de son premier titre mondial en individuel. Minutieux, programmé, organisé et ambitieux, selon ses proches, il doit enfin convertir son énorme potentiel apparu très tôt. De Michel Vion, le président de la Fédération, en passant par son père, Claude et sa compagne Romane, ses proches livrent tous une anecdote sur "Pintu".

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Claude (son père)

"Laquelle vous voulez? A deux ans, il allait au magasin de sport de l’hôtel et prenait des skis. C’est à cet âge là qu’il a appris à skier. Il les prenait et il marchait avec dans les couloirs de l’hôtel. Une autre? Il est très mauvais perdant depuis toujours. Lorsqu’on jouait au foot tous les deux sur un terrain en Norvège (sa mère est norvégienne, ndlr), il se roulait parterre parce qu’il avait perdu. Il avait 11, 12 ans… Le laisser gagner? Ce n’est pas le genre de la maison (rires). On ne laisse pas gagner pour donner confiance, ce n’est pas dans les gênes. Je me suis séparé de sa mère, donc nous n’avons plus fait de matches en un contre un. Désormais, il n’y a plus qu’au tennis qu’il doit encore avoir du mal à me battre. Une dernière? Il adore la pêche. C’est quelqu’un de très calme, il peut y passer des heures. A l’époque, en Norvège, on allait pêcher des crabes à la nuit tombée, les jours de pleine lune. On attendait que les crabes montent sur les rochers et on les attrapait avec une épuisette".

David Chastan (Directeur de l’équipe de France de ski alpin Hommes)

"…(Il réfléchit quelques seconde) Ce n’est pas facile, c’est un introverti. La première fois que je l’ai vu, j’ai découvert un garçon avec beaucoup d’énergie, qui prenait beaucoup de risques. Il était un peu tout-fou. Il m’avait surpris par sa manière de skier. Je lui avais dit lors des Mondiaux de Garmisch (2011), où il était invité parce qu’il était champion du monde juniors, que s’il était là pour m’impressionner et qu'il skiait comme ça lors de la finale, il n'allait pas passer beaucoup de portes… Bon, ben il n’a pas passé beaucoup de portes. C’est la qualité de ses défauts, et aujourd’hui (lundi 13 février, jour du combiné alpin) j’aurai bien voulu la retrouver cette qualité".

Le skieur français Alexis Pinturault

Fabien Saguez (Directeur technique national)

"Je me rappelle quand il est arrivé en coupe du monde. Il avait une fraîcheur et un petit côté pince-sans-rire qui me plaisait beaucoup. J’ai eu l’impression de le retrouver aujourd’hui (mardi 14 février, jour de la victoire en Team Event)".

Romane (sa compagne)

"Ce n’est pas facile à trouver comme ça… Si je devais en donner une qui résume bien son esprit d’obsédé de la victoire, ça serait celle-ci : on joue parfois au jeu de société « Labyrinthe », quand il me reste moins de cartes, moins de trésors à trouver, il cherche toujours à me bloquer pour gagner du temps et me rattraper. L’idée de perdre le rend fou (sourire)".

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Michel Vion (président de la Fédération française de ski)

"Il est tellement organisé, tellement pointilleux, c’est dur de trouver une anecdote sur Alexis. Il ne laisse rien traîner, il n’y a pas de dossier".

Carole Montillet (consultante Francetvsport)

"Je l’ai d’abord rencontré sur les grands événements. La première fois, c’était sur le super-G des Mondiaux à Garmisch (2011). On s’est dit ‘tiens, un petit jeune qui arrive’. Depuis, il a pas mal évolué. C’était un outsider à Garmisch et le voilà avec 19 victoires en coupe du monde. Une seule fois, je l’ai rencontré en dehors du ski. C’était à l’occasion d’une inauguration d’un complexe sportif de tennis l’été dernier - il est sous contrat avec Head -. C’est la première fois où on a pu échanger sans être habillé en skieur. Il avait l’air vachement plus détendu, plus cool, mais en même temps, je ne le vois qu’au départ des courses, ce n’est pas l’endroit, où on est le plus tranquille. J’ai trouvé ça très bien qu’il vienne car c’était à Grenoble, donc pas à côté de chez lui. Il est brillant, réfléchi, c’est une belle personne et il sait où il veut aller. Il a fait du bien à l’équipe de France, il a poussé les plus anciens et il a tiré vers le haut, ceux de sa génération".

VIDEO. Alexis Pinturault rate son combiné

Luc Alphand (consultant Francetvsport)

"Cela remonte aux Mondiaux de Garmisch en 2011. Il est interviewé en zone mixte par Jean-René Godard juste après la course. Il lui pose deux trois questions, il est jeune, il est très prometteur, il a commencé très tôt à disputer des manches de coupe du monde. Jean-René lui pose la question sur ses ambitions futures. Avec beaucoup d’aplomb, Alexis lui répond qu’il veut gagner des coupes du monde, être champion du monde, gagner les petits globes de cristal… Jean-René le félicite pour son ambition et puis Alexis le coupe et lui dit ‘non, vous avez oublié que je veux également gagner le classement général de la coupe du monde’. Il fallait un tel aplomb pour dire ça. C’était annoncé sans orgueil, c’était son ambition. Moi je dis chapeau. Il est formaté comme un Nordique. Il savait ce qu’il voulait, à 18 ans. Donc je dis bravo. Il est dans un certain tableau de marche, il a terminé trois fois troisième du classement général de la coupe du monde, il gagne des courses, mais il lui manque des titres, mais ça va arriver".

Daniel Despin (journaliste France 3 Grenoble)

"La première fois que j’ai vu Alexis Pinturault, c’était aux championnats du monde junior à Chamonix en 2010. Il s’élance pour le slalom, parmi les derniers avec un très bon dossard et on voit le chrono qui descend, qui descend. Une seconde 50 d’avance, 1’’60, il est en train d’exploser la course. Nous les journalistes, on a les yeux rivés sur le chrono et au dernier moment, dans le mur d’arrivée de la piste des Houches, il fracasse toutes les portes et il se crashe sur l’antépénultième porte. Il pousse un hurlement, râle, il est remonté sur ses skis pour terminer la course. Bon, il a fini 41e, mais c’est ce jour là que j’ai découvert la puissance du gamin et depuis je ne l’ai plus lâché".

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