ENTRETIEN. "C’est triste et pathétique", réagit Julien Lizeroux après le chaotique slalom de Zagreb en Coupe du monde de ski alpin
L'ancien skieur souligne que les conditions n'étaient pas du tout réunies pour organiser des manches de Coupe du monde à Zagreb cette semaine.
Après l'annulation du slalom de Zagreb, jeudi 6 janvier, alors que 19 concurrents s'étaient déjà élancés, plusieurs skieurs ont exprimé leur colère, estimant que leur intégrité physique n'avait pas été prise en compte. Sur une piste difficilement praticable, le Français Victor Muffat-Jeandet a chuté et s'est fracturé la cheville, à un mois de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver. Retraité depuis un an, Julien Lizeroux est désormais un spectateur éclairé de la Coupe du monde et exprime son incompréhension quant à l'organisation de l'épreuve à Zagreb.
Franceinfo:sport : Sur les réseaux sociaux, vous avez évoqué un manque de respect envers les skieurs et une mascarade. Qu'est-ce qui vous met en colère ?
Julien Lizeroux : Ce n'est pas de la colère, juste de la tristesse de voir le ski alpin traité de la sorte. Les conditions de course cette semaine n’étaient pas du tout dignes du circuit de la Coupe du monde, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes. C’est pour cela que je parle d’un manque total de respect pour les sportifs et les équipes. Non seulement c’est moche à regarder et cela ne met pas du tout le ski en valeur. Mais en plus c’est dangereux pour les athlètes, on l’a vu avec la blessure de Victor Muffat-Jeandet.
-How do you do to disrespect the athletes?
— Julien Lizeroux (@JulienLizeroux) January 6, 2022
-@fisalpine: just like that!!!!#itisamascarade
Les organisateurs mettent la pression sur la FIS [Fédération internationale de ski, ndlr] pour organiser à tout prix. Les athlètes et les coachs n’ont pas leur mot à dire. Et ça donne lieu à la course qu’on a vue aujourd’hui. C’est triste et pathétique.
Ces conditions de ski étaient-elles prévisibles et la FIS aurait-elle dû annoncer l’annulation du slalom dès hier ?
Tout le monde savait que les conditions allaient être difficiles, que les courses allaient être compliquées. Mais il faut aussi laisser la chance aux organisateurs de tout donner pour organiser. À Zagreb, le problème vient déjà tout simplement du contrôle neige de la FIS, qui n’aurait jamais dû valider l’organisation de la course. Ensuite la météo a fait le reste, avec du vent, de la pluie et de la chaleur. Il ne faut pas laisser les intérêts financiers prendre le pas sur le côté sportif, et savoir dire stop quand les conditions ne permettent pas une course équitable ou qu’elles sont trop dangereuses.
Malheureusement, les organisateurs et la FIS ne considèrent pas les athlètes. Si l’un ou l’une se blesse, ce n’est pas grave, il sera remplacé par un autre.
Julien Lizerouxà franceinfo:sport
Le résultat aurait-il été équitable si le slalom était allé à son terme ?
Aucune idée, je ne suis pas devin. Mais faire partir un coureur toutes les cinq minutes, remettre de la neige dans les portes, arroser, mettre du sel… On fait ça en catégorie U12, pas en Coupe du monde.
C’est dans ces conditions que Victor Muffat-Jeandet s’est blessé avant les Jeux. En maintenant le slalom, la FIS a t-elle mis fin au rêve olympique d’un skieur ?
Je vous le confirme à 100%.
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