Ski de bosses - Perrine Laffont : "Ce n'est pas non plus la mort de mettre des masques !"
Perrine, vous venez de boucler vos deux premières semaines de reprise entre l’Ardèche et le CNE… La préparation est donc bien lancée et après le confinement, ça a dû être une délivrance ?
Perrine Laffont : "Oui clairement ! Même si j’ai apprécié de pouvoir profiter de chez moi, de me reposer comme il faut, ça a fait du bien de ressortir un peu et de retrouver de la sociabilisation. Car généralement, nous sommes habitués à beaucoup voyager, à voir tout le temps du monde. Donc vraiment c’était un grand plaisir de retrouver les amis et de reprendre l’entraînement."
Avec le recul, qu’est-ce qui a été le plus dur pendant votre confinement chez vous dans l’Ariège ?
PL : "Je pense surtout au fait de ne pas pouvoir voir librement tous ses proches. Parce qu’on a n’a pas pu trop bouger non plus. Autre chose aussi : on a repris en groupe il y a deux semaines et on a dû faire preuve de beaucoup d’autonomie chez nous, s’entraîner tout seul. Et ça, ce n’était pas facile comme on n’en a pas l’habitude."
Le confinement est arrivé au "moment le plus idéal"
Pour autant, ce confinement n’a pas changé grand choses pour vous qui avez l’habitude de faire une longue pause à cette période…
PL : "Alors en effet, c’était très relaxe au niveau des entrainements car c’est une période de repos pour nous. Donc si on peut le dire, c’est tombé au moment le plus idéal pour nous. En revanche, ce n’était pas vraiment pareil car le printemps, normalement, c’est aussi la période de toutes les sollicitions avec nos sponsors et il y a également la reprise de l’école…"
Justement, la reprise des cours et de vos études, comment s’est-elle déroulée ?
PL : "Après avoir validé mon DUT en technique de commercialisation, là j’enchaine avec une licence en marketing commercial. Et heureusement qu’il y avait Zoom car on a pu faire tous les cours en visio. Alors même si rien ne vaut le contact humain, je l’ai très bien vécu."
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Après ces quinze premiers jours consacrés à la réathlétisation, vous venez tout juste d’arriver à Val d’Isère avec l’équipe de France pour entamer la deuxième phase… Vous avez donc pu rechausser les skis ! Quelles sont les sensations jusqu’ici ?
PL : "La prépa physique s’est très bien passée. Le fait de se retrouver tous ensemble, nous étions hyper motivés donc forcément on a encaissé un peu mieux les charges de travail. Franchement, la reprise a été bonne. Et là, c’était trop bien aujourd’hui (propos recueillis ce mardi, ndlr), de skier à nouveau. Après, moi, j’avais déjà eu l’occasion de skier une fois à Châtel sur une petite piste de bosses, ce qui m’avait permis de retrouver quelques sensations. Mais là, ce n’est pas pareil. C’est vraiment trop cool de reprendre en groupe, il y a une bonne ambiance, ça fait du bien. Et en plus, juste avant notre arrivée, il avait neigé donc la neige était fraîche. C’était super !"
Quelles mesures de sécurité devez-vous respecter lors de vos séances et comment le vivez-vous ?
PL : "Sur le glacier, le port du masque est obligatoire dans les télésièges, et quand nous sommes plus ou moins au contact des autres. On fait avec mais ce n’est pas non plus la mort de mettre des masques ! Ce n’est pas comme si on s’entraînait avec les masques. Donc au final, cela ne nous impacte pas tant que ça… Et je dirai même que c’est mieux car on a chacun notre chambre ! (rires) Chacun a la sienne et sa salle de bain. C’est trop bien !"
Et sur le plan mental, tout va bien ? Le soutien et le travail de votre préparatrice mentale ont-t-il été encore plus importants qu’à l’accoutumée ?
PL : "Moi, le confinement je l’ai bien vécu, j’étais bien à la maison et j’ai pu me reposer. Mentalement j’ai toujours été dans un bon mood. En sortie de confinement, le sport m’avait manqué, donc j’étais hyper motivée de reprendre, et pareil pour le ski. On s’est eu au téléphone pour un point sur la saison précédente, pour comprendre ce qui avait marché et pas marché. Pour se projeter sur la saison future mais pour l’instant je n’ai pas eu besoin de l’appeler pour avoir des conseils sur la façon de gérer cette situation. Peut-être quand je me serais entraînée huit mois et qu’on m’annoncera que la saison n’aura jamais lieu... (rires)"
"On est dans le flou car la saison a quand même des chances d’être perturbée"
Alors expliquez-nous votre programme maintenant : comment allez-vous organiser votre préparation, dans ce contexte particulier, et jusqu’à la reprise de la Coupe du monde à Ruka (Finlande) le 5 décembre prochain ?
PL : "Là, jusqu’au 11 juillet au moins, nous allons rester à Val d’Isère, pour vraiment skier à bloc. Pour optimiser tout ça. Après, en août on ne peut pas partir dans l'hémisphère sud, en Australie, comme on en a l’habitude. Donc nous aurons une nouvelle petite période de repos avant de nous consacrer à l’acrobatie et à la prépa physique. Pour la reprise des compétitions, même si rien n’est annulé pour le moment, nous avons quand même des Mondiaux en Chine et toute une tournée, très importante, aux Etats-Unis. C’est une grande Nation sur le circuit et au vu de la situation là-bas, on se pose des questions. On est dans le flou car la saison a quand même des chances d’être perturbée."
Justement, cette préparation est d’autant plus importante, puisque cette saison, si tout va bien, sera marquée par les Mondiaux à Pekin en février prochain, sur le site des Jeux Olympiques 2022…
PL : "J’essaye de me préparer le plus sereinement possible. Ces Mondiaux seront une grosse échéance pour moi. Car potentiellement, je pourrai boucler la boucle de mon palmarès si je gagne en single, c’est le dernier titre qui me manque. Et en plus, ça va nous préparer pour les Jeux où je viserai aussi une médaille. Mais au vu de la façon dont j’ai géré la saison dernière, je vais encore me focaliser sur le plaisir que je prends dans mes runs, et la technique. Je ne veux pas me prendre la tête et je vais essayer de continuer dans cette optique-là car ça n’a pas trop mal marché… (rires)" (Perrine Laffont a remporté la Coupe du de monde de ski de bosses et le général du freestyle en écrasant la concurrence avec 8 victoires sur 10 étapes, ndlr)
Depuis deux saisons maintenant, vous régnez en maitre sur votre discipline et le freestyle… L’an dernier, vous nous aviez confié que vous en aviez marre, que vous aviez failli tout plaquer avant de vous remobiliser. Aujourd’hui, comment allez-vous vous réinventer et trouver de nouvelles sources de motivation ?
PL : "En fait, déjà de base, je suis une éternelle insatisfaite. Depuis le début de ma carrière, je n’ai jamais été satisfait de ce que j’avais, de ce que je faisais. C’est sans doute ce qui me permet d’être toujours motivée. J’ai toujours quelque chose à améliorer. Je vais donc continuer à réfléchir comme ça car j’ai encore de belles choses à accomplir."
Pour cette saison, sur le plan technique, quels axes d’améliorations vous êtes-vous fixés ?
PL : "Depuis presque deux ans, j’ai le même run donc je suis bien calée dessus. Je vais donc travailler pour ajouter des difficultés, des grabs sur mon D-spin, ce qui consiste à attraper mon ski lors d’un saut en plein vol, pour prendre beaucoup plus de points. Je vais donc vachement travailler cette technique cet été, et notamment à Val d’Isère. Je m’en sors plutôt bien en ski et moins sur les sauts donc je dois le travailler."
"Mon titre aux Jeux Olympiques, aux Mondiaux ou mes victoires en Coupe du monde. Ce sont des sensations que seul le sport peut vous apporter."
Enfin, quel message souhaiteriez-vous envoyer à tous les pratiquants amateurs et les futurs champions de votre discipline qui vont reprendre ou qui sont également en phase de reprise ?
PL : "Alors ça va être le discours de tout le monde mais personnellement, le sport m’a tellement apporté humainement… Que ce soit pour ces super rencontres, car j’ai connu des gens extraordinaires, pour ses moments de bonheur incroyables. Mon titre aux Jeux Olympiques, aux Mondiaux ou mes victoires en Coupe du monde. Ce sont des sensations que seul le sport peut vous apporter. Je pourrais donc dire aux futures générations que si vous avez un rêve, il faut se donner à 400% pour le réaliser. Quand tu le fais, et que ça marche, le degré de satisfaction est juste incroyable. Il n’y a vraiment que le sport pour nous faire vivre des moments comme ça. Donc faîtes du sport, pour votre bien-être évidemment, mais aussi en compétition !"
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