Première Coupe du monde féminine de combiné nordique, un grand pas vers l'égalité
C'est un petit saut pour l'Homme, mais un grand pas pour l'égalité. Pour la première fois de l'histoire du combiné nordique, une Coupe du monde féminine débute ce vendredi à Ramsau am Dachstein, en Autriche. Cette compétition féminine marque un tournant important pour ce sport, longtemps réservé aux hommes.
Le combiné, qui mêle ski de fond et saut à ski, est une discipline historique du ski nordique, présent aux JO d'hiver depuis leur première édition en 1924. Pourtant, le combiné féminin n'est reconnu officiellement au niveau international que depuis 2016, et jusqu'à présent, les athlètes femmes ont dû se contenter de compétitions officielles d’un niveau moindre (Coupes continentales, championnats du monde junior).
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Un "événement très spécial"
La dimension historique de l'événement de ce weekend, toutes les skieuses l'ont en tête. "Cette Coupe du monde est un moment très important pour notre sport, qui est en train de changer", estime Tara Geragthy-Moats, l'Américaine qui domine le combiné nordique féminin. "Nous sommes très excitées à l'idée d'y participer et d'écrire l'histoire en réalisant quelque chose que personne d'autre n'a encore jamais fait dans notre sport."
Un sentiment partagé par la seule Française qualifiée pour l'événement, la jeune Iséroise Léna Brocard : "C'est un événement très spécial qui nous attend. Avec cette Coupe du monde, notre discipline va prendre plus de sens pour nous athlètes, parce qu'on s'entraîne pour faire de la compétition à haut niveau. C'est également un tournant pour l'égalité femmes-hommes", s'enthousiasme la championne de France, arrivée septième aux championnats du monde junior en mars dernier. "Si on m'avait dit, en commençant le combiné nordique, qu'un jour j'arriverais en Coupe du monde, je ne l'aurais pas cru."
Cette Coupe du monde historique a pourtant bien failli passer à la trappe à cause de la crise sanitaire, qui a entraîné le report d'une étape en Norvège et l'annulation totale de celle en Estonie. L'annonce le 30 novembre de la FIS (Fédération internationale de ski) de l'ajout d'une étape de ce week-end à Ramsau am Dachstein a soulagé de nombreuses athlètes, même si les skieuses espèrent que d'autres manches pourront se dérouler cette saison.
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Une féminisation entamée en 2011
Pourquoi le combiné nordique féminin a mis autant de temps à se développer ? Pour Jérôme Laheurte, à la tête de la discipline à la FFS (Fédération française de ski), "ce sport a historiquement un côté un peu misogyne. Le saut à ski - une des deux disciplines du combiné, ndlr - a longtemps été associé à l'armée norvégienne. Cette image a mis du temps à se démystifier et le combiné s'est donc développé tardivement pour les filles."
A la Fédération internationale, on préfère se "concentrer sur le futur de la discipline, sur ce qui va être fait à l'avenir plutôt que de parler du passé et de ce qui n'a pas été fait". Depuis l'arrivée en 2011 de Lasse Ottesen en tant que coordinateur du combiné nordique à la FIS, les choses se sont accélérées. L'ancien skieur norvégien, médaillé d'argent aux JO de 1994, a très largement contribué à la féminisation de la discipline. "En presque dix ans, les nations ont suivi le mouvement, et aujourd'hui nous avons des athlètes très jeunes et prometteuses", se félicite Lasse Ottesen, qui admet avoir encore du travail pour atteindre la parité totale dans ce sport.
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Dernier sport olympique non paritaire
Si les compétitions internationales féminines commencent à fleurir cette saison, (première Coupe du monde, mais également premiers championnats du monde en février 2021) l'olympisme n'est pas encore à l'ordre du jour pour le combiné nordique féminin. En 2018, la demande de la FIS pour intégrer le programme des Jeux de 2022 a été refusée par le Comité international olympique (CIO). Le combiné nordique est la seule discipline olympique non paritaire. "Sans Coupe du monde ni championnat du monde, nous savions que nous avions peu de chance de voir notre demande aboutir", explique Lasse Ottessen de la FIS. "Mais nous avons parcouru un long chemin depuis notre première candidature."
Avec la création de ces nouvelles compétitions, l'intégration du saut à ski féminin aux JO de 2014 et "le niveau des filles, toutes les conditions sont réunies pour que le sport devienne olympique", soutient le coordinateur de la FIS. Alors que les JO de Paris ont pour objectif la parité, la fédération se montre confiante quant à l'intégration de la discipline aux JO d'hiver de 2026… 102 après les débuts olympiques du combiné nordique masculin.
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