Sports d'hiver : des scientifiques passent la neige au crible pour anticiper l'avenir des stations
Les chercheurs de Météo France, à Grenoble, étudient la neige pour aider les stations de ski à mener des projets d'aménagement plus responsables.
Dans les laboratoires de Météo France à Grenoble, des scientifiques emmitouflés dans leurs doudounes aident les stations de ski à anticiper l'avenir. "Là où on est à moins 20 degrés à peu près", affirme le chercheur Carlo Carmagnola, pour qui la neige n'a aucun secret. "Ici, c'est la chambre où on stocke les échantillons de neige pour les étudier après". Les flocons sont observés sous toutes les coutures au microscope et sous des rayons X pour "savoir à quelles conditions la neige fond, à quelle vitesse, comment elle est évolue et comment les grandes neiges changent dans le temps", explique le scientifique.
À partir de leurs analyses et des différents scénarios du réchauffement climatique, les spécialistes ont mis au point un outil de prévision pour les stations de ski baptisé Climsnow. Il permet d'anticiper l'enneigement en montagne dans les prochaines années.
"On a essayé de répondre à la question, qui est très simple mais dont la réponse est assez complexe : combien de jours de ski pourra-t-on faire dans 30 ans ?".
Carlo Carmagnola, chercheur de Météo Franceà franceinfo
Des paramètres sont essentiels pour y répondre comme l'altitude, l'exposition ou encore le degré de pentes.
135 stations de ski étudiées depuis 2020
Le réchauffement climatique se fait plus intense dans les zones montagneuses avec des glaciers en recul et un enneigement réduit. Cet outil de prévision est donc censé les aider dans leur projets d'investissements. "Donc là on est aux Gets, une station de Haute-Savoie et on voit notamment que la partie basse, qui est à côté du village, va être difficilement exploitable", montre Carlo Carmagnola sur son ordinateur. "Là en 2050, même avec la neige de culture, on aura du mal à attendre les 100 jours [skiables]. Donc la station est en train de déporter en altitude le front de neige : les écoles de ski, la location du matériel et toutes les activités."
L'Alpe d'Huez, en Isère, fait partie des 135 stations passées au crible depuis 2020. "Le modèle climatique d'antan était un peu plus stable, affirme son responsable des investissements, Yann Carrel.On avait moins de yo-yo sur la température. On avait moins d'épisodes à forte neige et puis d'un coup du réchauffement", affirme-t-il. "Donc on oriente un peu des choses différemment par rapport à ces instabilités, notamment sur le ski d'été. On réoriente et on réadapte les périodes pour qu'on soit capable d'utiliser le glacier l'été, dans de meilleures conditions." Une dizaine d'autres études Climsnow sont en cours en Savoie, en Suisse et dans les Pyrénées pour inciter à mener des projets d'aménagement plus responsables.
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