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Sports d'hiver : ski alpin, ski de fond, para biathlon... Que font les athlètes une fois la saison terminée ?

La slalomeuse Nastasia Noens, le champion paralympique Benjamin Daviet et le fondeur Hugo Lapalus reviennent sur le déroulé de leur intersaison.

Article rédigé par franceinfo: sport - Louis Delvinquière
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Nastasia Noens après la deuxième manche du slalom des finales de Courchevel-Méribel, en Coupe du monde, le 19 mars 2022. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

L'hiver est terminé. Même si la neige continue de décorer les cimes et les pistes, les skieurs, eux, vont ranger les skis au placard pendant quelques temps. Car après une saison, épuisante et très exigeante physiquement et mentalement, les athlètes se ressourcent. Mais très vite, les choses sérieuses reprennent et c'est un long travail qui débute. A six mois du début de leur saison. La meilleure slalomeuse française Nastasia Noens, le quintuple champion paralympique Benjamin Daviet et le fondeur médaillé de bronze olympique Hugo Lapalus se sont confiés sur leur intersaison.

"Je vais me reposer jusqu'à mi-avril pour refaire du jus et faire des choses que je n'ai pas l'habitude de faire". Le corps usé après sa deuxième saison complète au plus haut niveau, le fondeur Hugo Lapalus, médaillé de bronze en relais aux Jeux olympiques de Pékin, savoure cette pause. Le garçon de la Clusaz va en profiter, comme tous ses coéquipiers au sein de l'équipe de France, pour prendre des vacances : "Je vais partir avec des copains, sinon je profite aussi de rester à la maison pour voir tous ceux que je n'ai pas pu trop voir cet hiver", poursuit le Haut-Savoyard de 23 ans. "C'est surtout le temps de la décompression", appuie son entraîneur Alexandre Rousselet. 

Une phase de repos nécessaire

A l'opposé, pour Nastasia Noens, slalomeuse au sein de l'équipe de France de ski alpin, l'heure du repos n'est pas encore arrivée. "Le mois d'avril est assez intense. Il y a pas mal d'événements après les championnats de France (qui se sont déroulés du 24 au 31 mars derniers). Il y a les courses organisées par Julien Lizeroux et Alexis Pinturault, où on rigole plus qu'on ne cherche la performance. Mais on a ensuite beaucoup de tests de skis à faire et le challenge des moniteurs où nous ouvrons la piste fin avril." Benjamin Daviet, para biathlète quadruple médaillé aux derniers Jeux paralympiques, a lui aussi quelques événements qui rythment son mois d'avril : "J'ai encore des petits trucs à faire à droite, à gauche, avec des partenaires ou des rencontres avec des enfants dans les écoles, raconte le quintuple médaillé d'or aux Jeux. Après, ce sera un voyage, tranquillement, début mai." 

Benjamin Daviet célèbre son titre en ski de fond, dans l'épreuve du sprint, lors des Jeux paralympiques de Pékin, mercredi 9 mars 2022. (MOHD RASFAN / AFP)

Une fois le mois d'avril passé, ils pourront fermer la page de six mois de compétition. "Au mois de mai, il y a une grosse coupure d’un mois, explique Nastasia Noens. Je vais partir en vacances quinze jours au soleil, sans neige (rires)." Et d'ajouter : "Au final, c'est la seule période où on peut couper comme ça." Mais couper n'est pas forcément le terme pour ces athlètes de haut niveau. Car passer du tout au tout est compliqué, surtout pour ces passionnés : "On peut prendre du plaisir pour soi, mais c'est compliqué de ne pas faire de sport quand c'est notre métier", explique la skieuse.

La préparation de la prochaine saison arrive vite

Très vite, les affaires reprennent. Car après ce mois de repos, la préparation débute. Six mois avant de retrouver le stress et les émotions des compétitions, la saison se prépare. "On se retrouve début mai", indique Hugo Lapalus à propos des fondeurs de l'équipe de France. Son entraîneur au sein du collectif tricolore, Alexandre Rousselet, poursuit : "Pour les fondeurs, la reprise est rapide, les vacances se déroulent généralement sur la deuxième quinzaine d'avril et on reprend dès le 1er mai."  Au programme, peu d'obligations : "C'est à l'envie de chacun : du vélo, de la course à pied, on fait un peu ce qu'on veut", glisse Lapalus, ancien champion du monde dans les catégories jeunes.

"Il y a plusieurs cycles dans la préparation, mais au début, chacun a son volume par semaine avec un certain nombre d'heures pour chaque spécificité et chacun construit son emploi du temps en fonction. Il n'y a que les séances spécifiques : musculation et vitesse, que nous faisons obligatoirement tous ensemble."

Alexandre Rousselet, entraîneur de l'équipe de France de ski de fond

à franceinfo: sport

Une activité est d'ailleurs inextricable de ces retrouvailles, et ce, tous sports confondus : le renforcement musculaire. Ce n'est pas Nastasia Noens, depuis 15 ans à haut niveau, qui dira le contraire : "On fait beaucoup de vélo et d’aérobie", précise-t-elle. Benjamin Daviet met aussi le vélo au programme d'une reprise "tranquille" début juin, mais s'y remettre signifie aussi "musculation et ski-roues".

Les premières compétitions reprennent tôt, "début décembre", pour le champion paralympique. La Coupe du monde de ski de fond reprend ses droits le dernier week-end de novembre, à Ruka, en Finlande, alors que les skieurs alpins, eux, entament dès la fin octobre sur le glacier autrichien de Sölden.

Des lieux de retrouvailles habituels

Certains lieux font partie du décor lorsqu'il faut préparer son corps au prochain hiver. Ce sont comme des secondes maisons pour les athlètes. En ski alpin, "on se retrouve généralement au centre national d'Albertville au mois de juin", note Nastasia Noens. Mais avec le temps, les habitudes peuvent changer et la préparation s'adapter à la volonté de l'athlète : "J’aime bien commencer ma préparation physique chez moi, à Nice, parce que souvent à cette période, il ne fait pas très beau et très chaud en Savoie", sourit la Douanière de l'équipe de France. Une fois la préparation entamée, rechausser les skis devient une lubie. "Nous skions à la mi-juin et en juillet aux 2 Alpes (Isère), poursuit Noens. Sinon nous allons aussi à Val d’Isère sur le Grand Pisaillas. Nous avons aussi la chance, en slalom, de pouvoir aller dans des dômes, au mois d’août."  

Benjamin Daviet connaît aussi les dômes d'entraînement : "Nous allons dans le tunnel en Slovénie (à Planica, temple du nordique) au mois de septembre. On commence les séances intensives sur neige là-bas." En biathlon, si le tunnel d'Oberhof (Allemagne) fait figure de référence, pour le ski de fond, "il y en a de moins en moins", témoigne Alexandre Rousselet. Car son lieu clé, qui vaut aussi pour le biathlon et les autres disciplines nordiques, c'est Prémanon (Jura) et son Centre national de ski nordique et de moyenne montagne (CNSNMM). "On se retrouve là-bas au début de la préparation avant d'aller sur le glacier à Tignes en juin et juillet et sur d'autres glaciers en Europe (comme à Ramsau, en Autriche l'hiver dernier), début octobre", témoigne Alexandre Rousselet qui s'occupe du planning de l'élite du ski de fond français masculin depuis 2018.

Qu'ils soient en France ou à l'étranger, jusqu'en Argentine et Ushuaïa pour le ski alpin destination qui pourrait faire son retour cet été après la pandémie –, la préparation prend du temps et éloigne encore et toujours les athlètes de chez eux. "De mai jusqu'à fin mars de l'année d'après, nous sommes avec eux, illustre l'entraîneur doubiste de ski de fond. On est avec eux dans la préparation et il y a environ quinze jours par mois de stage." De quoi renforcer l'idée qu'être sportif de haut niveau, c'est aussi oublier son chez-soi, pour mieux y revenir médaillé.

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