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L'alpinisme inscrit à l'Unesco : "On est les premiers témoins de ce qui se passe sur la planète", estime Catherine Destivelle

L'inscription de la discipline au patrimoine de l'Unesco est une reconnaissance indispensable pour la grimpeuse française, pour qui les alpinistes sont des "acteurs de haut niveau de l'écologie". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'alpiniste Catherine Destivelle, lors d'une opération de collecte de déchets sur la Mer de Glace, en septembre 2011, dans le massif du Mont-Blanc (Haute-Savoie). (JEAN-PIERRE CLATOT / AFP)

"On est les premiers témoins de ce qui se passe sur la planète", a réagi l'alpiniste Catherine Destivelle, jeudi 12 décembre sur franceinfo, après l'inscription de l'alpinisme au patrimoine immatériel de l'Unesco. Les alpinistes ont été "dans les premiers à donner l'alerte" sur le réchauffement climatique, a estimé celle qui a été la première femme à gravir en solitaire les trois grandes faces nord des Alpes. Ce sont des "acteurs de haut niveau de l'écologie", a jugé Catherine Destivelle qui a écrit L'alpinisme, tu connais ? aux Editions du Mont Blanc.

franceinfo : Quel est l'acte fondateur de la discipline ?

Catherine Destivelle : La première ascension du Mont-Blanc a eu lieu en 1786. On dit que l'alpinisme est né ce jour-là. Au début, c'était pour des recherches scientifiques, pas pour le sport. Mais ils étaient quand même excités par l'acte, pour être les premiers là-haut. C'étaient les balbutiements, on ne savait même pas si on pouvait respirer là-haut et quelle température il faisait.

Cette inscription au patrimoine immatériel de l'Unesco, est-ce la reconnaissance d'une pratique, mais aussi d'une éthique ?

L'alpiniste, à chaque fois qu'il a un projet, est obligé de se remettre en question, de faire en sorte qu'il ne prenne pas de risque, donc d'avoir le bon matériel, etc. À chaque fois qu'il fait des choses différentes ou nouvelles, il innove sur une technique ou un matériel et c'est comme ça que l'alpinisme évolue. Et il a toujours évolué au cours de la vie. Cette pratique peut être menacée ne serait-ce que parce que beaucoup de gens se disent mais pourquoi ils vont là-haut ? Pourquoi font-ils courir des risques aux autres ? Et certains pourraient dire, on arrête. Alors que c'est le choix et la décision des alpinistes, mais ils sont aussi acteurs de haut niveau de l'écologie. On est les premiers témoins de ce qui se passe sur la planète, parce que les glaciers reculent ou rapetissent, des parois tombent. On a été dans les premiers à donner l'alerte.

Y-a-t-il trop de monde sur certains glaciers, faut-il réglementer ?

Il faut faire en sorte que tout le monde puisse y aller. En même temps, il faut qu'il y ait de la réglementation pour ne pas qu'il y ait d'accidents liés à la surpopulation. Mais cette surfréquentation existe seulement sur deux ou trois itinéraires. Le Mont Blanc, par exemple, est un problème parce que tout le monde veut le faire. Alors qu'il existe d'autres montagnes aussi intéressantes. Ce n'est peut-être pas le plus haut sommet, mais c'est quand même bien et on peut prendre beaucoup de plaisir.

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