Xavier Thévenard : "La magie de l'Ultra-Trail, c'est que rien ne se passe jamais comme prévu"
Référence de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc, Xavier Thévenard sera au départ de la 18e édition vendredi.
Sans repère après avoir contracté la maladie de Lyme et le Covid-19, Xavier Thévenard ne se place pas parmi les favoris de la 18e édition de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc qui partira vendredi 27 août à 17h00. Triple vainqueur de l'épreuve, il n'était pas question pour lui de rater cette grande fête où il sera avant tout question de prendre du plaisir et de communier avec la nature. Le Jurassien vise malgré tout les 21 heures pour couvrir les 171 kilomètres et avaler les 10 000 mètres de dénivelé positif.
Franceinfo: sport : Vous parlez de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc comme d’un 3e jour de fête avec Noël et le Nouvel An. Pourquoi cette course vous fait-elle cet effet-là ?
Xavier Thévenard : Plein de choses sont réunies à Chamonix : l’ambiance, le Mont-Blanc, une super montagne dont on fait le tour et qu’on voit par toutes les facettes, et puis on est dans un environnement incroyable avec des glaciers, la haute montagne à proximité, les rivières, les zones d’alpage, il y a une diversité qui est féérique. En plus c’est à côté de la maison et généralement, l’UTMB se passe bien pour moi. J’en garde plein de souvenirs avec des moments magiques.
La magie opère donc toujours…
Je dirai même qu’elles s’amplifient davantage avec les années. J’ai de plus en plus d’expérience et de références chronométriques. Toutes les émotions que j’ai vécues me donnent encore plus envie de venir et de les revivre. C’est un cercle vertueux.
Il n’y a pas eu d’UTMB en 2020, et globalement moins de compétitions avec la pandémie de Covid-19, ça a été difficile à vivre ?
Il faut savoir relativiser les choses. Ce n’est qu’une compétition et qu’une année. Ce n’est pas grave en soi. Il n’y a pas des bombes qui nous tombent sur la tête, il n’y a pas de talibans qui sont là pour faire la loi. On a profité de la montagne autrement et c’était aussi appréciable de faire des choses différentes.
Votre préparation a été plus que compliquée avec la maladie de Lyme, le Covid. Dans quel état êtes-vous avant d’aborder cet UTMB ?
Je me sens plutôt bien, je ne peux pas dire le contraire. Après, se sentir bien sur quelques heures d’entraînement, c’est quand même très différent que de courir 170 km où on ne sait jamais ce qui peut se passer. Il y a toujours une part d’incertitude, de doute, on ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé. Il faut se dire qu’on n’est jamais à l’abri d’un coup de moins bien, d’une blessure et rester humble face à la montagne. J’ai vraiment hâte de partir et je vais essayer de faire ce que je sais faire du mieux possible. On verra samedi en fin de journée si j’ai répondu à mes interrogations et enlevé une grande partie de mes doutes.
L’incertitude est plus physique ou mentale ?
Je ne suis jamais arrivé sur l’UTMB 100 % confiant et c’est peut-être ça qui fait aussi ma force. Je me dis "donne tout, dépasse toi et on verra ce que ça donne". Cette démarche a toujours été bénéfique mais aujourd’hui il y a d’autres paramètres que je ne maîtrise pas et qui font partie de la vie d’un athlète. Ça sera une nouvelle aventure.
Et cette possibilité d’aller chercher ce 4e succès record, ça donne un coup de fouet ?
Très franchement je n’y pense pas. Beaucoup de personnes me le disent donc ça me traverse l’esprit mais il y a tellement d’incertitudes. Je n’ai jamais couru l’ultra-trail avec la maladie de Lyme… Mon objectif reste de faire 21h00 sur le grand parcours et si j’y arrive, le résultat ne sera pas trop mal. Mais aujourd’hui je n’ai pas la prétention de battre François d’Haene qui est favori, et qui a fait de super chronos ces derniers temps. Il est intouchable aujourd’hui. Après, c’est de l’Ultra et la magie de ce sport, c’est qu’on a beau mettre des scenarii en place et vouloir raconter des histoires avant la course, ça ne se passe jamais comme prévu. C’est tellement particulier.
C'est la tête avant les jambes ?
Sur un Ultra, on va forcément avoir des défaillances et c’est celui qui gère le mieux cela, qui arrive à positiver des situations en se disant que ça va passer, qu'on a choisi d’être là. Si je souffre, c’est parce que je l’ai choisi. Ces courses sont avant tout mentales. Il faut sortir les bons outils au bon moment pour faire en sorte qu’il y ait plus de plaisir que de souffrance. Chacun a sa façon de courir et ses motivations profondes. La mienne sera d’avoir un UTMB nickel au niveau des allures et des alimentations pour avoir le plus de plaisir possible, et d’en garder que du positif à la fin.
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