Teddy Tamgho met un terme à sa carrière
Clap de fin pour Teddy Tamgho. Présent au meeting de Diamond League de Paris, l'athlète français a annoncé qu'il rangeait les pointes et mettait un terme à sa carrière. "J'arrête ma carrière sportive. C'est le moment de ranger les pointes et de passer à autre chose, de transmettre, d'être officiellement dans les gradins et de crier sur les athlètes plutôt que de me faire crier dessus. Il n'y a plus d'envie. Ce n'est pas une question d'âge ou de physique, c'est vraiment psychologique", a déclaré Tamgho auprès de RMC Sport. Un dernier Tamgho à Paris pour ce talent brut au caractère bien trempé, qui laisse derrière lui une carrière au goût d'inachevé, où les blessures ont consumé à petit feu le parcours du champion du monde du triple saut en 2013.
A 30 ans, le Parisien a décidé d'arrêter les frais, conscient désormais de son incapacité à retrouver un jour son meilleur niveau, celui qui lui avait permis de se hisser sur le trône mondial à Moscou, devenant champion du monde de triple saut avec un saut à 18m04. Cette médaille d'or, qui était censée marquer le début de son règne, restera finalement comme son principal fait d'armes et n'aura jamais eu de suite. La faute à un corps fragile, qui l'a trahi plus d'une fois.
Blessures en cascade
Fractures du fémur et de la cheville, rupture du tendon d'Achille... Rien n'aura été épargné au Français qui a ainsi raté la plupart des grands événements ayant jalonné sa carrière (Mondiaux 2011 et 2015, JO 2012 et 2016). Un véritable gâchis pour celui qui reste le 6e performeur de l'histoire grâce à son saut moscovite et le recordman du monde en salle (17m92, le 6 mars 2011 à Paris).
"Je ne retiens que les belles choses, a-t-il toutefois lâché dans les entrailles du stade Charléty. Il ne me reste que les enseignements, les réussites, les victoires, de l'expérience. J'ai grandi en tant qu'homme, intellectuellement et humainement. J'ai appris pas mal de choses."
"Je suis soulagé de passer à autre chose, a-t-il ajouté. Dans ma tête, j'ai arrêté après la saison hivernale. C'est une décision mûrement réfléchie, j'ai consulté mon équipe, ma psy. Il fallait le faire, l'envie n'est plus là."
Part d'ombre
Le protégé du Cubain Ivan Pedroso est clairement passé à côté d'un palmarès encore plus prestigieux mais Tamgho, né à Paris de parents camerounais, y a mis aussi un peu du sien. L'homme a sa part d'ombre et a connu son lot d'affaires et de polémiques qui ont perturbé son ascension. En octobre 2011, il écope de douze mois de suspension, dont six avec sursis, et 5000 euros d'amende après une violente altercation au Creps de Boulouris.
Le show-man Tamgho, qui savait mieux que quiconque haranguer la foule avant de bondir, en fait un rap, l'une de ses grandes passions, où il raille les journalistes, avec qui ses rapports ont toujours été compliqués. En juin 2014, il est suspendu un an par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) pour trois manquements à ses obligations de localisation pour des contrôles antidopages en moins de 18 mois. "On me dit souvent qu'il y a deux Teddy Tamgho. En fait, je marche tellement à l'affect que, dès que je suis touché, je réagis", avait-il expliqué au début de sa carrière.
Les pointes raccrochées, c'est désormais une carrière d'entraîneur qui attend le champion du monde en salle de 2009. Une reconversion initiée depuis plusieurs mois. "Je prends plus de plaisir en entraînant qu'en sautant, a expliqué Tamgho, qui a tenté plusieurs come-backs depuis 2016, en vain. Il faut être lucide pour dire stop et passer à autre chose. Quand j'arrête quelque chose, il y a déjà deux autres projets que j'ai commencés. Ce n'est qu'une étape et maintenant je vais mettre beaucoup d'énergie dans mon coaching." On n'a donc pas fini d'entendre parler de Teddy Tamgho.
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