Tennis : réouverture et reprise des cours collectifs, une tâche pas si simple
Le 1er juin, à la veille de la phase 2 du déconfinement, le président de la FFT, Bernard Giudicelli, annonçait que “65% des clubs (de tennis) avaient rouvert" depuis le 11 mai, date correspondant en effet à la reprise de la pratique libre et en extérieur et en simple uniquement. Un chiffre qui traduit une reprise très progressive après l'arrêt provoqué par la pandémie de coronavirus. Les réalités propres à chaque club et chaque commune ne sont pas étrangères à cette lente reprise.
Depuis le 2 juin, la phase 2 du déconfinement a donné un peu d’air et a autorisé la reprise des cours collectifs, dans la limite de 6 élèves maximum, en intérieur et extérieur dans les zones vertes, seulement en extérieur dans les zones oranges (Île-de-France, Mayotte et Guyane). A Auffargis, dans les Yvelines, Emilie Mahaut, professeure de tennis, a repris ses cours collectifs sur court extérieur le 2 juin. Un soulagement pour l’enseignante, qui avait d’ailleurs effectué la semaine précédente des cours individuels avec ses élèves pour les faire patienter jusqu’à la reprise.
Redoubler de vigilance
Si l’enseignante s’est réjouie de reprendre son enseignement, elle reconnaît que les mesures ne sont pas simples à appliquer. “Pendant les cours, il faut bien vérifier que les enfants se nettoient les mains avec du gel hydroalcoolique à l'entrée. Il a fallu délimiter un espace pour chaque enfant afin qu’ils puissent mettre leurs affaires sans être trop collés les uns aux autres. Il y a beaucoup de sécurité à laquelle il faut veiller pour respecter les distanciations physiques.” Et avec les enfants, il a fallu redoubler de vigilance. “Il faut veiller à ce qu’ils ne touchent pas les balles, seul le professeur les ramasse. Cette semaine, j’ai eu un enfant qui, dans l’euphorie du jeu, a ramassé une balle par réflexe", raconte Emilie Mahaut. "Alors, il s’est lavé les mains avec du gel et on a mis la balle sur le côté pendant 72 heures sans la toucher”. Des nouveaux automatismes pas si automatique à adopter donc. Sans parler de l’enseignement qui est limité pour être adapté aux mesures sanitaires. “Il y a des exercices qu’on ne peut plus faire car ils ne peuvent pas envoyer les balles eux-mêmes par exemple.”
Un délai court pour s'organiser
Même quand la reprise en extérieur est possible, cela n’empêche pas de jongler avec d’autres soucis. “Jusqu’au 22 juin, nous faisons cours à l’extérieur. Mais par exemple, cette semaine le temps était incertain, donc je ne peux dire à mes élèves qu’au dernier moment s’ils auront cours ou non. Ainsi, c’est compliqué car je passe beaucoup de temps au téléphone et dans l’attente”, confie Emilie Mahaut.
Emilie Mahaut donne aussi des cours au tennis club de Maurepas (Yvelines). Dans ce club, la pratique libre a bien repris, mais les cours collectifs sont toujours à l’arrêt. “Nous attendons le feu vert de la mairie et nous espérons l’avoir d’ici la fin de semaine”, indique l’enseignante. Une autorisation que nous confirme la mairie. “Le club de Maurepas pourra reprendre ses cours collectifs la semaine prochaine”, assure Nicolas Lasser, directeur du pôle loisir de la mairie. Un délai de quelques jours a donc été nécessaire pour organiser la reprise. “Le nouveau protocole de la Fédération Française de Tennis en accord avec le Ministère des Sports, correspondant à la phase 2 du déconfinement, n’a été publié que le 1er juin. Ainsi, le temps qu'il soit transmis, que les acteurs locaux prennent connaissance des mesures, s'organisent et échangent, il a donc fallu quelques jours pour que tout cela se mette en place”, poursuit Nicolas Lasser, qui ajoute que “les protocoles sanitaires gouvernementaux restent subjectifs, et indiquent les conditions d’ouverture dans le cas où il est possible de rouvrir. Sur le terrain, il faut avoir les ressources pour les appliquer.”
"Nous sommes coincés”
En revanche, le club de Flins-sur-Seine (Yvelines), qui dépend lui aussi de terrains municipaux, n’a pas pu reprendre ses cours, au grand regret de son professeur de tennis, Christophe Dieuzet Moretti. “Le club n’a pas pu rouvrir pour la pratique libre le 11 mai car les cours extérieurs, dont les travaux ont été arrêtés à cause du covid, n’étaient pas utilisables. Pour les cours collectifs, c’est la même chose, puisqu’en zone orange, ils ne sont autorisés qu’en extérieur. Nous sommes coincés.” L’enseignant avait espoir de pouvoir revoir ses élèves dès le 22 juin, date à laquelle les cours collectifs en intérieur devraient être autorisés. Mais la mairie a décidé de fermer le complexe sportif, qui abritent les terrains intérieurs dont dépend le club, jusqu’à la rentrée.
“La saison se termine le 30 juin. Je ne trouvais pas pertinent de rouvrir pour quelques jours, d’autant plus qu’il faut nettoyer l’intégralité du complexe avant sa réutilisation. C'était possible de le faire certes, mais cela avait un coût et le personnel qui gère le ménage est déjà mobilisé au nettoyage des écoles, donc le personnel ne peut pas se démultiplier”, se justifie Philippe Mery, le maire de Flins-sur-Seine. “Les mesures sanitaires et de nettoyage sont contraignantes, reconnaît Christophe Dieuzet Moretti. Si le maire accepte que l’on reprenne, il devra rouvrir pour toutes les autres sections qui s'entraînent dans le complexe.” Ce qui, en termes de passage et donc de nettoyage, compliquerait encore la situation. Au-delà des cours qui ne peuvent pas reprendre, ce sont aussi les adhérents du clubs qui sont pénalisés, ne pouvant ni reprendre les cours, ni rejouer en pratique libre.
Perdre le lien avec ses élèves
Pour Christophe Dieuzet Moretti, cette fermeture est synonyme de fin d’année pour ses élèves, qu’il n’a pas vus depuis mi-mars et qu’il ne reverra pas avant septembre, au mieux. “On va perdre le lien avec nos élèves. L’arrêt a déjà été brutal. Du jour au lendemain tout s’est arrêté, et nous n’avons plus vu personne. On se demande ainsi comment la rentrée va se passer”, s’inquiète l’enseignant. Privé de terrain, Christophe Dieuzet Moretti, qui est aussi en parallèle à son compte, ne peut plus donner de cours en indépendant. L’enseignant, qui touche un chômage partiel avec son club, subit ainsi une perte de revenus, que l’Etat ne compense pas du fait de sa double activité. Mais ce que regrette Christophe Dieuzet Moretti, c’est cette sensation d’être mis à l’écart. “On sera sûrement un des seuls clubs des Yvelines, je pense, à ne pas pouvoir rouvrir.”
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