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Bercy révélateur de l'évolution française

Depuis de nombreuses années, les joueurs français se révèlent plus performants sur surfaces rapides que sur terre-battue. Le palmarès de Bercy traduit cette tendance, avec trois victoires (Forget en 1991, Grosjean en 2001 et Tsonga en 2008) contre une seule à Roland-Garros (Noah en 1983). Patrice Dominguez, consultant France Télévision et ancien Directeur technique national (DTN) de la FFT, est bien placé pour en expliquer les raisons.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

La formation à la Française

"De plus en plus, les joueurs français apprennent à jouer sur surface rapide. Dans les centres de Ligue, l’essentiel des apprentissages se fait sur des courts en dur. Ils ont donc des jeux beaucoup plus formatés qu’il y a une trentaine d’années pour le dur que pour la terre-battue. Même si dans l’enseignement français, on insiste toujours sur un jeu complet qui réussit sur toutes les surfaces et qui représente la marque de fabrique de la DTN, on voit les joueurs plus à l’aise sur surfaces rapides. Avant les joueurs de gazon restaient des joueurs exceptionnels, en indoor aussi. Aujourd’hui, on apprend à servir plus fort, à jouer plus fort du fond du court, à muscler leur jeu, à être plus violent, plus agressif dans l’échange. Cela se retrouve donc dans leur carrière professionnelle."

Un état d'esprit à acquérir jeune

"Les joueurs français d’aujourd’hui apprennent moins à jouer sur terre-battue. Or, on ne devient pas un joueur de terre-battue, on apprend à jouer sur terre. On peut devenir un joueur de dur, on peut devenir un joueur de surface rapide en ayant appris sur terre-battue. Il y a d’ailleurs deux exemples : Bjorn Borg voici 30 ans, et aujourd’hui Rafael Nadal. L’inverse n’existe pas. Cela a été longtemps le cas des Américains, qui ont lutté pour gagner Roland-Garros. Et on voit la difficulté qu’a eu Federer à remporter ce tournoi face à de vrais terriens alors que sur d’autres surfaces, il les a tous maîtrisés. Il faut apprendre la glisse, la variété, le petit jeu de jambes, et toutes ces choses qui ne s’apprennent que dans les jeunes années. C’est un état d’esprit. Il faut vouloir être endurant, ce qui n’est pas la plus grande des qualités lorsqu’on est très jeune. Cet état d’esprit là a évolué car il y a des joueurs qui, en-dehors des championnats de France, n’ont pratiquement pas joué sur terre-battue lorsqu’ils arrivent à Blois à 10-12 ans. Dans les Ligues, au nord de la Loire, on ne joue pas sur terre dans les petites catégories, ou alors elles sont sur court couvert, ce qui n’est pas du tout la même chose car elles sont plus rapides."

Les conséquences de l'évolution

"La taille de nos joueurs a également évolué. Il y a quelques années, nos joueurs étaient Delaitre, Santoro, Boetsch, Grosjean, Clément, ma génération… Ce n’était pas de très grands serveurs, pas des matraqueurs. Avec l’apparition des joueurs comme Noah, Forget, Pioline, et maintenant Tsonga, Monfils, on est entre 1.88m et 1.93m. On est entré dans la dimension moderne du tennis également en France. A cette hauteur-là, on frappe beaucoup plus fort car on joue plus sur la puissance et la qualité de service."

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