Federer met Tsonga et Bercy à ses pieds
69e titre pour Roger Federer
Un tournoi immaculé. Un retour parfait. Roger Federer vit sur son nuage. Après six semaines d'arrêt, il est revenu pour remporter son tournoi à Bâle, avant de venir conquérir pour la première fois de sa carrière le trophée à Bercy. Un set concédé en Suisse, aucun à Paris, c'est ce qui s'appelle dominer son sujet. Et une semaine avant le Masters de Londres, il a marqué les esprits en atteignant sa 99e finale en carrière, en remportant son 69e titre, le 18e en Masters Series à une longueur derrière Rafael Nadal mais juste devant André Agassi, qu'il a rattrapé dans la capitale en devenant le deuxième joueur de l'Histoire à conquérir dans sa carrière Roland-Garros et Bercy. Homme de records, cela ne lui déplaît vraiment pas.
Chaque finale a un parfum particulier. Dans les travées de Bercy, l'ambiance était encore plus spéciale. Le tout-Paris était là, comme un symbole de la remontée spectaculaire de l'épreuve dans le coeur des Parisiens. Tony Parker en invité spécial pour remettre le trophée avait pris dans ses valises son copain Ronny Turiaf, les deux joueurs étant désormais coéquipiers à l'ASVEL. Nasser al-Khelaifi, président du PSG déjà venu dans le semaine, se faisait photographier avec le sourire pour de jeunes fans qui l'avaient reconnu, au contraire de Lionel Jospin, l'ancien Premier ministre, bien vite "mis au parfum" par un proche. Au delà de tout cela, le coeur du public balançait, comme le résumait un SMS projeté sur l'écran géant du POPB durant le match: "Encouragez Roger Tsonga". A l'applaudimètre, pas d'énorme différence. Premier à entrer sur le terrain, le Manceau goûtait chaque seconde d'une ovation qui ressemblait à une mise à feu d'une fusée. La tête vers le ciel, il se laissait envahir par cette émotion qu'il recherche tant. Ce sera pratiquement le seul moment d'intense plaisir pour lui. Privé d'un service performant qui l'avait sorti de l'enfer en demi-finale contre John Isner, l'actuel 8e mondial a traversé la première manche en victime, malgré deux balles de break obtenues dans le premier jeu du Suisse, le premier de la rencontre.Certainement le tournant du match, si ce n'est de la rencontre.
Une occasion passée, cela n'est pas dans les habitudes de l'ancien N.1 mondial qui, au jeu suivant, faisait le break en sautant littéralement à la gorge de son adversaire, avec notamment deux retours bloqués de coup droit suivis au filet (2-0). Les bras de fer en fond de court tournaient souvent à l'avantage du mieux classé, qui profitait également des nombreuses fautes adverses, surtout en retour. Pourtant, l'Helvète ne sortait pas l'artillerie lourde. Il laissait la barre des 210km/h pour le Français, lui se contentant de tourner autour des 200, avec une variation perturbante. Au quatrième jeu, "Jo" était encore une fois acculé sur sa propre mise en jeu, sauvant deux balles de break consécutives avant d'avoir deux opportunités d'inscrire son premier jeu. Mais deux fautes, puis un antique "chipe and charge" de son adversaire sur une deuxième balle, avant une grossière double-faute, offraient un nouveau break (4-0). Finalement, sur sa deuxième balle de set, Federer faisait son enchaînement d'école pour conclure: deuxième balle sortante sur le revers suivie d'une attaque de coup droit dans le court vide. Trente minute de démonstration, avec 88% de points sur ses premières balles.
Tsonga trop inconstant
La donne changeait littéralement au deuxième set. D'une part, Jo-Wilfried Tsonga retrouvait son service, son dynamisme vers l'avant, comme la veille contre Isner. D'autre part, Roger Federer connaissait la tendance inverse, avec un service de plus en plus grippé, passant de 61% à 48%. Dès lors, chacun de ses jeux de service était plus difficile à gagner, le Manceau passant la vitesse supérieure sur les siens. Cette inversion donnait un surplus de vigueur au public, bien décidé à voir cet affrontement durer bien plus longtemps. Malheureusement pour lui, sa première balle de break, à (2-1) en sa faveur, était oubliée avec un retour de coup droit boisé sur une seconde balle. Et la deuxième, à (4-3), subissait le même sort avec un coup droit qui flirtait avec la ligne, mais du mauvais côté. Durant ce huitième jeu, le POPB s'embrasait, les pieds des spectateurs martelant les tribunes, les "Tsonga" pleuvant sur le court. Mais rien n'y faisait, et c'était même le 4e mondial qui se procurait une balle de break sur un somptueux échange conclu par un passing-shot de revers croisé court en se retournant après un lob adverse. Conscient d'être plus que dos au mur, Tsonga réagissait avec un service-volée bien effectué, et les deux hommes se trouvaient dos à dos pour disputer un jeu décisif.
Breaké d'entrée, Jo-Wilfried Tsonga accumulait les fautes au contraire de son adversaire, qui s'envolait (4-0, puis 6-1). Et c'est donc en toute logique qu'il l'emportait 6-1, 7-6 (7/3) après 1h25 de jeu. Avec 27 fautes directes comptabilisées contre 15 à son adversaire, le Français a chèrement payé son inconstance face à un maître de la constance. Pour la 69e fois, Roger Federer soulève un trophée. Pour la 18e fois, c'est en Masters 1000. Une victoire qui lui permet désormais de talonner Rafael Nadal et de devancer André Agassi, qu'il a rattrapé à Bercy en devenant le deuxième joueur à conquérir les deux tournois parisiens dans sa carrière (Roland-Garros, Bercy).
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