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Julien Boutter, président du tournoi de Metz : "Un tournoi de tennis ne peut pas se permettre le huis clos"

Si l'ATP a pris la décision ce jeudi de suspendre le circuit pour une durée de six semaines en raison de la pandémie de Covid-19, les effets sur les acteurs de la petite balle jaune vont se faire très vite sentir. Les joueurs, leurs staffs... et aussi les organisateurs de tournoi. Julien Boutter, directeur du tournoi de Metz, évoque les conséquences de cette suspension pour son propre évènement et, plus globalement, pour l'économie des tournois de tennis.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
  (PASCAL BROCARD / MAXPPP)

Vous êtes le directeur du tournoi de Metz prévu fin septembre. Les Masters 1000 d'Indian Wells et de Miami pourraient être reportés à l'automne, et donc éventuellement pendant votre tournoi. Est-ce viable pour vous, un ATP 250 pendant un Masters 1000 ? 
Julien Boutter : "
Ah non, ce n'est pas possible. Faire un ATP 250 et un ATP 500, ça passe encore. Mais un Masters 1000 est obligatoire pour les 80 meilleurs joueurs. Donc, nous, on serait du niveau d'un challenger, même pas. Ça n'aurait aucun sens. D'abord il y aura des décisions à prendre avec une démarche générale, il faudra regarder l'intérêt du circuit. Si on y réfléchit bien, un Masters 1000 a bien plus de poids qu'un 250, c'est mathématique. Il n'y a pas photo. Ensuite, à notre niveau, on va se réunir, y réfléchir, et dépendant de la situation à ce moment là, on prendra les décisions qu'il faudra." 

Est-ce que le fait de manquer une édition peut mettre un tournoi comme le vôtre en danger ?
J.B :
 "Ça dépend des tournois. En fait, c'est comme une entreprise normale d'événementiel. Pour chaque événement, il y a des frais engagés. Ce qui veut dire des pertes sèches en cas d'annulation. Les tournois n'ont pas un million d'euros de trésorerie de côté. Il faudra voir les solutions qui existent pour amortir : par exemple échelonner le coût des charges... En tout cas, il faudra s'y prendre bien en amont pour qu'il y ait le moins de dégâts possibles. Est-ce que ça peut mettre un tournoi en danger ? Certains éventuellement. Ca dépend de la situation de chaque tournoi. Dans notre cas, ça devrait aller."

Comprenez vous que l'on suspende les tournois plutôt qu'on les joue à huis clos ?
J.B : "Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il y a toute une économie des tournois. Au tennis, ce sont des événements ponctuels, organisés une fois dans l’année. Ça veut dire qu'on réalise les trois quarts de nos rentrées financière sur billetterie. Même s'il y a diffusion, les droits télés ne sont pas suffisants  pour compenser les frais comme la mise en conformité du court, l'éclairage, le hawk-eye. Tout ça s'installe le temps du tournoi, une semaine, et puis c'est fini. Au foot, l'éclairage est là toute l'année. Les matches sont étendus sur une année entière et où les coûts supplémentaires de quatre ou cinq matches sont très faibles.  Eux peuvent compenser les pertes de la billetterie."

"S'il y a un sport où toutes les précautions doivent être prises, c'est le tennis"

Donc la décision de l'ATP de suspendre totalement le circuit, même dans les pays qui ne sont pas touchés, est légitime pour vous ? 
J.B : "Le circuit tennistique c’est le sport ou il y a le plus d’échanges et de déplacements. Un joueur de tennis va prendre entre 20 fois et 30 fois l’avion par an. Ça veut dire que chaque semaine, si on prend une moyenne de 3 challengers, 4 futures, 2 tournois ATP, cela fait 9 tournois en tout, donc 500 joueurs qui se déplacent dans le monde. Rajoutez à ça les coaches, le staff ; ça fait 1000-1500 personnes qui voyagent de tous pays vers un même point. S’il y a un sport ou les précautions doivent être prises, c'est bien le tennis."
 

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