Le nouveau classement ATP est-il vraiment équitable ?
Lorsque l’on se penche sur le classement ATP, Roger Federer occupe actuellement la quatrième position. Pourtant, le Suisse n’a disputé qu’un seul tournoi en 2020 et ne prévoit pas de retourner sur les cours avant 2021. En réalité, si l’ATP avait gardé les anciennes modalités de classement, le Suisse chuterait de treize places et se classerait 27e.
Et cette nouvelle configuration ne profite pas qu'à Federer. D'autres joueurs du circuit se voient, eux aussi, favorisés. L'Italien Fabio Fogini, par exemple, actuellement 16e au classement officiel, serait classé… 83e. À l'inverse, Andrey Rublev (8e mondial) fait partie des perdants de ce nouveau classement : le Russe gagnerait quatre places et figurerait en 4e position selon les anciennes modalités.
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Revenons un peu en arrière. En temps normal, pour établir le classement, l’ATP retient les performances d’un joueur sur une période de douze mois. Mais pour tenir compte de la crise sanitaire, l'instance a décidé d’allonger la période de référence à 22 mois, c’est à dire de mars 2019 à décembre 2020.
Et cette modification n’est pas sans impact sur la distribution des points. Un joueur qui a remporté un tournoi en mai 2019 et qui n’a pas pu se présenter au même tournoi cette année, ne perdra pas ses points acquis en mai 2019. Autre conséquence : si un joueur décide de disputer deux fois le même tournoi, en 2019 et en 2020, l’ATP retiendra la meilleure performance des deux. Par exemple, Nadal, vainqueur de Roland-Garros cette année, n’a pris aucun point sur le tournoi car il l’avait déjà remporté l’an passé. Mais s’il s’était fait éliminer plus tôt dans la compétition, il n’en aurait perdu aucun.
Ainsi, si les meilleurs joueurs réalisent de mauvaises performances cette année ou ne participent pas à un tournoi, cela n’a aucune incidence sur leur classement : dans tous les cas, ils ne peuvent pas perdre de points. C'est pourquoi, Roger Federer, Fabio Fogini ou encore Matteo Berrettini (10e mondial) font partie des joueurs favorisés par ce nouveau système.
"Jamais le top 30 n'a été autant avantagé dans l'histoire du tennis"
Mais du côté de certains joueurs moins bien classés, ces nouvelles modalités de calcul ne font pas l'unanimité. Après sa défaite mardi 3 novembre contre Tommy Paul au premier tour du Rolex Paris Masters, Gilles Simon (59e mondial) a évoqué la situation. Si l’ATP avait précisé prendre cette mesure dans une logique d’équité afin de ne pas pénaliser les joueurs n’ayant pas pu disputer de tournoi ATP en raison du Covid, le Français perçoit cette réforme d'un autre oeil.
Selon lui, le nœud du problème sont les points ATP. "Normalement tu distribues des points ATP quand il y a une distribution équitable à tous les niveaux du classement pour permettre aux joueurs de monter et descendre. Là, dans les faits, jamais le top 30 n'a été autant avantagé dans l'histoire du tennis, pointe du doigt le joueur (…). Pour le top 30, ce n'était que des tournois bonus pour améliorer (le classement) et jamais les tournois n'ont été aussi forts. J'étais 50e et j'étais dans les qualifs partout et avec des tableaux de qualifs très durs. Toi, pour améliorer ton score, il faut passer quatre tours."
Un aspect marketing indéniable
Si des joueurs tels que Gilles Simon fustigent ces nouvelles modalités de classement, ce n'est pas seulement pour l'aspect symbolique d'avoir pu se retrouver un jour dans le Top 10, 20, ou 30... Il y a aussi un aspect marketing indéniable. Ugo Humbert, par exemple, qui réalise une belle saison, pointe officiellement au 34e rang mondial, alors qu'il pourrait prétendre à la 18e position, si le règlement n'avait pas changé (ou au moins dans un meilleur rang qu'actuellement). Et "vendre" une 34e place mondiale à des sponsors est forcément moins avantageux que de vendre une place dans le Top 20.
En outre, pour désigner les têtes de série (protégées dans les tableaux), les organisateurs se basent sur le fameux classement ATP, ce qui là encore peut desservir ceux qui auraient pu être mieux classés.
Adrian Mannarino (36e mondial), vainqueur mardi de son premier tour au Masters de Paris-Bercy, comprend que l’on puisse vouloir arrêter de jouer, à la vue du contexte actuel. "Franchement, si on peut disputer un tournoi et gagner un match, c'est tout bonus. Mais il ne faut pas avoir d'autres attentes, sinon c'est trop lourd à gérer. On peut effectivement se poser la question de savoir s'il faut continuer à jouer, affirme le Français. Jouer dans ces conditions ou attendre la saison prochaine en espérant que ça aille mieux. Mais si on ne joue pas, d'autres s'aligneront dans les tournois. Et s'ils gagnent, ils nous passeront devant. Il faut aussi penser au classement. C'est compliqué, on est pris en tenailles."
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