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Nadal éparpille Llodra

Rafael Nadal (N.1) a écrasé Michael Llodra (6-2, 6-2) en quarts de finale du Masters 1000 de Madrid. L'Espagnol n'a jamais tremblé face au Parisien qui aurait sans doute préféré le jouer sur gazon. Le Majorquin attend maintenant Roger Federer (N.3) qui a sorti Robin Soderling 7-6(2), 6-4. Le Brésilien Thomaz Bellucci, 36e mondial, a dominé le Tchèque Tomas Berdych, tête de série N.7, 7-6 (6/2), 6-3. Il affrontera Novak Djokovic, tombeur de David Ferrer.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
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La bataille des deux Thomas a donc été remportée par le Brésilien de 23 ans. Retrouver Bellucci aussi loin dans le tableau est une immense surprise. Il n'avait avant Madrid jamais dépassé les 8e de finale d'un Masters 1000. La veille, il était devenu le premier Brésilien à faire tomber un Top 5 depuis son idole Gustavo Kuerten en 2004, en venant à bout du Britannique Andy Murray, N.4 mondial. Il est entraîné par Larri Passos, l'ancien mentor du triple vainqueur de Roland-Garros. Face à Berdych, auquel il a pris le service sur son unique opportunité, Bellucci a fait montre de la même réussite que face à Murray, qu'il avait breaké trois fois en trois occasions.

Pour sa 36e victoire consécutive sur terre battue -il n'a plus connu la défaite depuis son 8e de finale perdu contre Soderling à Roland-Garros en 2009, Rafael Nadal s'est bien amusé. Impérial au retour, dictant l'échange à sa guise et breakant facilement son rival privé de solutions, le Majorquin s'est hissé pour la 5e fois de sa carrière dans le dernier carré dans la capitale espagnole. Il aura un adversaire plus coriace au prochain tour avec Roger Federer ou Robin Soderling. De quoi vraiment se jauger à moins de trois semaines des Internationaux de France.

Llodra impuissant

Pour son premier quart de finale d'un Masters 1000 sur terre, et pour sa première confrontation sur le circuit ATP avec l'Espagnol, le Français avait dit vouloir voir ce que le maître avait à proposer. Il a vu et l'expérience est amère. Nadal, tenant du titre à Madrid, aussi vainqueur en 2005, a tout simplement évolué dans une autre sphère et ne lui a jamais permis d'installer son jeu. Pour faire illusion, le 27e joueur mondial aurait eu besoin d'un service autrement efficace. Mais dans des conditions légèrement venteuses et orageuses, son arme maîtresse l'a lâché. L'Espagnol, qui s'était qualifié sans avoir à combattre la veille après le retrait sur blessure de l'Argentin Juan Martin Del Potro, l'a continuellement mis sur le reculoir et s'est envolé (4-0).

Son premier jeu sur une belle volée amortie est sans doute apparu comme une délivrance pour Llodra, qui a ensuite paru un peu plus libéré. Mais il est trop souvent venu s'empaler sur les retours de l'Espagnol pour prolonger cette embellie. On l'a vu lever les yeux au ciel, estomaqué par le passing en reculant d'un petit coup de poignet de Nadal à 2-2 au deuxième set. L'Espagnol n'a pas concrétisé cette première balle de jeu, ni la suivante, mais il a crucifié le Français sur celle d'après (3-2). Le match était dès lors plié pour Llodra, qui n'aura pas fait plus mal que les précédents adversaires du N.1 mondial. Avec cette victoire, Nadal a joué douze matches cette année sur terre et seulement abandonné 63 jeux.

Federer au rendez-vous

Roger Federer a brisé la résistance du Suédois Robin Söderling 7-6 (7/2), 6-4, pour s'octroyer une nouvelle demi-finale au tournoi de Madrid et sa 24e confrontation avec le N.1 mondial. Ces retrouvailles donneront lieu à la "belle" entre Federer et Nadal à Madrid. Le Suisse s'était imposé en 2009 en finale face à l'Espagnol, qui a pris sa revanche l'an passé. Federer, qui s'était incliné en quart de finale à Monte-Carlo pour ses débuts sur terre cette année, est mené 15 à 8 par Rafael Nadal dans leurs confrontations. Il ne l'a surtout battu que deux fois sur douze sur terre battue: en 2007 à Hambourg, et en 2009 à Madrid. Et il reste sur un douloureux échec (6-3, 6-2) en demi-finale à Miami sur dur cette année. Vendredi, le Suisse a effacé un mauvais souvenir. La dernière fois que les deux hommes s'étaient croisés sur terre, en quart de finale à Roland-Garros en 2010, Söderling était sorti vainqueur. Mais c'est aussi face au Suédois que Federer avait remporté l'un de ses plus beaux titres, déjà à Roland-Garros, l'année précédente.

Un petit coup de pouce a favorisé les desseins du N.3 mondial. A 4-4 dans le deuxième set, un de ses revers est venu toucher la bande du filet avant de basculer irrémédiablement dans le camp de Söderling. En a découlé une balle de break, que le Suisse s'est empressé de venir conclure au filet. Les derniers espoirs de Söderling s'étaient envolés. Il a désormais perdu 16 fois en 17 rencontres face à l'homme au 16 titres en Grand Chelem. Mais Federer, qui avait eu bien du mal à entrer dans un tournoi qu'il a remporté en 2006 et 2009 et dont il a été finaliste en 2007 et 2010, mérite sa victoire. Il a globalement mieux servi, mieux défendu et commis moins de fautes dans les longs échanges que le double finaliste de Roland-Garros (2009, 2010). Le Suédois, qui n'a gagné que 5 matches en cinq tournois disputés depuis sa victoire à Marseille en février, a aussi souvent perdu pied sur les amorties distillées par son adversaire.

Djokovic montre son savoir-faire

Novak Djokovic a rejoint vendredi Rafael Nadal  et Roger Federer en demi-finale du tournoi de Madrid, grâce à sa victoire sur  l'Espagnol David Ferrer 6-4, 4-6, 6-3, prouvant qu'il pouvait être une nuisance sur terre battue également. Le Serbe a ajouté une unité à sa série d'invincibilité (30 matches  d'affilée gagnés en 2011), mais il a pour cela dû puiser dans ses réserves  d'énergie, afin de renverser l'Espagnol pour la première fois sur terre. David Ferrer, le dauphin de Rafael Nadal sur terre cette saison, avec deux  finales à Monte-Carlo et Barcelone perdues face au N.1 mondial, lui a mené la  vie dure jusqu'à son dernier souffle.

Les deux joueurs se sont rendu coups pour coups, au cours d'une partie  d'une intensité rare. Djokovic, qui n'avait perdu que dix jeux lors des deux  matches précédents à Madrid, a montré quelques signes d'agacements et d'usure  physique. Mais en s'appuyant sur son impressionnant revers, le Serbe, vainqueur cette  année de déjà cinq tournois (Open d'Australie, Dubaï, Indian Wells, Miami,  Belgrade), a su concrétiser la troisième de ses balles de break à 3-2 dans le  dernier set.

Réactions

Michaël Llodra (éliminé en quart de finale par l'Espagnol Rafael Nadal): "Je savais que c'était un autre calibre de joueur. Mais je ne m'attendais pas à ce genre de conditions. Il y avait du vent tourbillonnant, il faisait peut-être dix degrés de moins que les autres jours. Le court était beaucoup moins rapide. Je ne me sentais pas très à l'aise. J'ai joué malgré tout mon match à fond. Mais il a mis la barre très haut d'entrée. J'aurais aimé faire un peu plus pour le faire douter. C'était mon quatrième match, j'étais un peu fatigué. Je me sentais un peu moins bien. Je jouais un adversaire d'un autre niveau. Son coup droit gicle vraiment beaucoup. Il a un coup de lasso à la fin avec le poignet qui accélère énormément la balle. Il bouge très bien. Quand il se décale latéralement pour tourner autour de son revers, ça tricote. Au retour, j'avais du mal à sentir ma position. Je ne savais pas s'il fallait retourner de loin, de près. Son service n'est pas un point faible, mais pas un point fort non plus. C'est plutôt moi qui n'ai pas été bon dans ce domaine-là. Les conditions étaient vraiment particulières. Quand tu sers contre le vent, c'est dur. C'est aussi un sacré retourneur. Il tape fort. Il t'use. Il a une vitesse de bras qui est impressionnante. Je n'ai pas passé non plus assez de premières balles. J'étais à peine à 30% en début de match. Je n'étais pas plus tendu que ça. Je n'ai pas eu peur de prendre 6-0, 6-0. Je n'y ai pas pensé une minute."

Rafael Nadal (qualifié pour les demi-finales en  battant le Français Michaël Llodra): "Je me suis senti très bien sur le court.  J'ai bien servi et quand il y a eu de longs échanges, j'ai très bien joué. (Qui  que ce soit demain (il ne savait pas encore qu'il jouerait Roger Federer, Ndlr)  ce sera difficile. Avec Federer, c'est toujours un match spécial. Söderling est  un joueur dangereux quand il joue bien."
      
Roger Federer (qualifié pour les demi-finales en battant le Suédois Robin  Söderling): "J'ai senti que j'avais à peu près toujours le contrôle du match.  J'ai bien joué, bien servi quand il a fallu. Il a joué bien pendant un set et  demi, et après a un peu baissé de pied. J'ai joué un bon match contre un bon  joueur. (Concernant la demi-finale face à Rafael Nadal) Nous savons quoi  attendre l'un de l'autre. Nous avons joué ici plusieurs fois déjà. Ca va  dépendre aussi des conditions. Ce soir, il y avait beaucoup de vent. Ce qui est  surprenant à Madrid, où le court est normalement bien protégé. Nous avons dû un  peu nous ajuster tous les deux. Avec Rafa, nous aimons nous jouer. C'est encore  le match qu'attendent les gens. La terre battue est peut-être un peu plus son  territoire."

Résultats des quarts de finale

Rafael Nadal (ESP/N.1) bat Michaël Llodra (FRA) 6-2, 6-2
Roger Federer (SUI/N.3) bat Robin Soderling (SWE/N.5) 7-6 (7/2), 6-4
Thomaz Bellucci (BRA) bat Tomas Berdych (CZE/N.7) 7-6 (7/2), 6-3
Novak Djokovic (SER/N.2) bat David Ferrer (ESP/N.8) 6-4, 4-6, 6-3

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