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Qui est Duckhee Lee, le premier sourd à remporter un match ATP ?

A 21 ans, Duckhee Lee a remporté la nuit dernière à Winston-Salem le premier match de sa carrière sur le circuit ATP. Un événement car le Sud-Coréen est sourd.
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

Jour de première pour Duckhee Lee et pour l’ATP. Si le Sud-Coréen a remporté son premier match sur le circuit, c’est aussi important pour l’institution qui a vu un joueur sourd sortir vainqueur d’un duel sur le court pour la première fois de son histoire. Lee a en effet dominé le Suisse Henri Laaksonen, (7-6, 6-1) au premier tour à Winston-Salem et ce dès sa première rencontre sur le circuit principal.

Diagnostiqué sourd à l’âge de deux ans, Lee a attendu d’avoir soufflé ses six bougies pour se rendre compte de son handicap. "J’étais choqué car j’étais différent des autres", explique celui qui voit le tennis comme "[sa] seule chance de survie dans la société."

"Les gens se moquaient de moi pour mon handicap. Ils me disaient que je ne devrais pas jouer. C'était vraiment difficile, mais mes amis et ma famille m'ont aidé à avancer. Je voulais montrer à tout le monde que je pouvais le faire", s'est ému Lee après sa victoire historique. Classé à la 212e place mondiale, il fera son entrée dans le top 200 dès la semaine prochaine.

Google traduction

Sur le court, être un joueur sourd pose évidemment quelques problèmes. "Je dois vraiment me concentrer sur les gestes de mon adversaire", détaille Lee. "Ce qu’il fait (avec son handicap) réclame un énorme effort, juge Andy Murray pour l’ATP. "Vous apprenez tellement des coups de vos adversaires au bruit de la balle. Si vous ne pouvez pas l’entendre, vous devez avoir des compétences folles et un talent immense", estime de son côté Tennys Sandgren qui raconte aussi que quand il l’avait battu en 2017 à Vancouver, celui-ci était venu le voir à la fin du match et lui avait demandé, avec l’aide de Google traduction, "quelles sont mes faiblesses ?".

Sourd depuis son enfance donc, Duckhee Lee n’a pourtant jamais appris la langue des signes. Une volonté de sa mère, Mi-Ja Park, qui raconte dans un reportage de Tennis Channel, qu’elle ne "voulait pas qu’il ait besoin d’un traducteur. Lire sur les lèvres est une manière de communiquer". C'est elle qui lui a appris cette technique.

Pendant son match contre Laaksonen à Winston-Salem, son handicap a d’ailleurs provoqué une situation particulière. A 5-1 en sa faveur dans le deuxième set, le tableau a affiché 40/15 alors que le score n’était que de 30/15. Interloqué, Lee a eu du mal à échanger avec l’arbitre. C’est finalement un bénévole qui lui a fait un signe avec trois doigts comme “30” pour dénouer la situation.

"Devenir le meilleur"

Longtemps cantonné au circuit challenger sur lequel il possède huit titres, Lee a dû faire fi des moqueries et des gens qui ne lui promettaient que l’échec. "On m’a dit que je ne pourrais pas être un grand joueur parce que j’étais sourd. J’ai eu envie d’arrêter le tennis et en même temps de prouver que ces gens avaient tort, explique-t-il à Tennis Channel. "Mon message pour les malentendants est de ne pas se décourager. Si vous vous donnez les moyens, vous pouvez tout faire", poursuit le Sud-Coréen.

L’ancien numéro 3 mondial chez les juniors affrontera le Polonais Hubert Hurkacz, 40e joueur mondial, pour son deuxième match sur le circuit ATP. Duckhee Lee promet d’avoir la "même attitude" et de "voir ce qu’il se passe". A plus long terme, le top 100 devrait être un objectif abordable pour lui mais Lee voit plus loin : "je veux devenir le meilleur du monde, c’est mon rêve".

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