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Benoît Paire doit-il être titulaire ?

A 29 ans, Benoît Paire va connaître sa première sélection en Coupe Davis ce week-end. Il avait régulièrement été écarté en raison de son comportement. Cette année, l'Avignonnais a tout fait pour être accepté par la bande à Noah. De là à être titularisé?
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Yannick Noah a du pain sur la planche cette semaine. Certes, le classement indique clairement qui doit jouer les simples. Richard Gasquet et surtout Lucas Pouille sont les deux meilleurs Français sur les 52 dernières semaines ; les maths ont parlé, et leur sentence est irrévocable. Sauf qu'avec Noah, rien n'est si simple. Le capitaine a montré par le passé que d'autres paramètres entraient en ligne de compte. La forme de Jérémy Chardy, seulement 68e mondial, avait conduit Yannick Noah, en 2017, à le sélectionner à la place de joueurs mieux classés mais en méforme. Avec Benoit Paire, plusieurs éléments pourraient jouer dans la décision du capitaine. 

Il n'a jamais été très porté sur le collectif

Sa seule expérience avec l'équipe de France avait été un désastre. Une parodie de sélection. C'était aux JO de Rio. Benoît Paire avait été expulsé de l'équipe manu militari. Le motif : son indifférence à la vie de groupe. Il passait le plus clair de son temps à l'extérieur du village olympique, à vivre sa vie, selon Arnaud Di Pasquale, le DTN. "On ne l'a pas beaucoup vu, avait-il déclaré dans la foulée de l'expulsion de Benoit Paire. Je n'en dirai pas plus. On lui a déjà beaucoup donné. Il ne faut pas bafouer le maillot bleu. Je lui ai demandé de faire ses valises. De toute façon, c'est ce qu'il faisait déjà un peu. Il m'avait dit qu'il respecterait les règles. Il connaissait le règlement. Cela n'a pas été le cas malgré un long recadrage. C'est inadmissible. S'il n'est pas capable de mettre ses petites habitudes de côté durant dix jours, il fallait le dire avant". Benoit Paire s'était même dit content de quitter les Jeux : «Maintenant, je sais comment se passe les jeux Olympiques. Je suis content de les quitter».

Quelques semaines après, en marge de l'US Open, Lucas Pouille se lâche : " Il y en a qui crachent sur le maillot de l’équipe de France, moi, je le vénère ». Benoit Paire ne tarde pas à répondre en décembre, dans Tennis Magazine : « Il y a parfois des choses que je n’aimerais pas lire. Lucas a fait cette déclaration, c’est son droit. Je dirais simplement que si je suis mieux classé, je n’irai pas parler sur le compte des autres ». 

Il a tout fait pour gommer ses erreurs

Deux ans plus tard, le voilà de retour pour une semaine complète qui pourrait le mener, au bout, à sa première finale de Coupe Davis. Apparemment, le torchon ne brûle plus entre  l'Avignonnais et l'équipe de France ; ni même avec Lucas Pouille

Il s'est même montré très enthousiaste à l'idée de prendre part à la demi-finale face aux Espagnols : "Ça va être énorme de jouer l'Espagne devant notre public, a-t-il confié sur le site de la FFT.  Peu importe qui jouera en face, je suis comme un dingue d'être en équipe de France." A des années-lumières du Paire blasé des JO de Rio. Stratégie ou pas, personne ne pourra lui enlever les efforts réalisés pour jouer une compétition qui, au même moment, est délaissée par tous les top joueurs.

Des résultats en dents de scie

Là, il aura du mal à changer. Benoit Paire n'a pas la discipline d'un Top 10, ce n'est un secret pour personne. Flamboyant sur certains matchs, médiocre sur d'autres, l'Avignonnais est imprévisible. Il fait partie de ces joueurs qui peuvent battre n'importe qui dans un bon jour et tout balancer le lendemain. 

Cette année, il commence sa saison par deux demi-finales avant l'Open d'Australie, avant d'enchaîner les défaites et les blessures. A Monte-Carlo, il déclare "Est-ce que je vais arrêter jusqu'à Roland ? Jusqu'à Wimbledon ? Il y a d'autres choses que le tennis dans la vie." avant de réaliser une très bonne saison sur gazon. Il frôle la victoire face à Federer à Halle. A Washington, il écope d'une amende de 14 000 dollars pour avoir fracassé plusieurs raquettes contre Baghdatis au premier tour avant, quelques semaines plus tard, de réaliser un très bon match contre Federer au deuxième tour de l'US Open.

Même s'il les gagne rarement, Benoit Paire a tendance à jouer son meilleur tennis quand on le donne perdant. Face aux victoires a priori inaccessibles, il se calme, garde son sang froid, et plante ses revers, tranquillement. Comme s'il acceptait seulement de perdre face aux tout meilleurs. Le hic, c'est que depuis le forfait de Nadal, l'Espagne n'a pas la plus clinquante des équipes, avec Carreno Busta et Bautista Agut. On en serait presque à regretter Rafa

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