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Des Français racontent leur Coupe Davis : "Quand on la gagne, on se sent super léger, on se sent Dieu, limite"

Les Français affrontent la Belgique en finale de Coupe Davis. Forget, Boetsch et Escudé étaient dans les équipes qui ont gagné en 1991, 1996 et 2001. Ils se souviennent et livrent leurs trucs à l'équipe de 2017.

Article rédigé par Fabrice Abgrall - Edité par Mariam El Kurdi
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
L'équipe de France fête sa victoire en Coupe Davis, en 1991. (MAXPPP)

L’histoire du tennis en France est intimement liée à la Coupe Davis, créée en 1900. C’est la seule épreuve par équipe dans un sport qui développe et renforce l’individualisme. A écouter les joueurs, il n’y a rien de plus fort en tennis que de jouer pour son pays car cette épreuve bouscule tous les codes et les habitudes. La France a remporté la Coupe Davis à neuf reprises, avec les célèbres Mousquetaires : Cochet, Lacoste, Borotra et Brugnon entre 1927 et 1932, puis trois autres fois en 1991, 1996 et 2001.

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Pour comprendre ce que représente la Coupe Davis et une victoire dans cette compétition, il suffit d’en parler avec d’anciens vainqueurs mais pas n’importe lesquels, ceux qui ont offert le point du sacre : Guy Forget en 1991, Arnaud Boetsch en 1996 et Nicolas Escudé en 2001. Ils dévoilent à franceinfo leurs "recettes" pour gagner et la sensation unique que procure cette victoire.

"Forcer sa nature" pour repousser ses limites

Les vainqueurs sont tous d’accord : il n’y a pas de recette magique pour gagner la Coupe Davis. En revanche, il y a des valeurs à développer match après match pour arriver à repousser ses limites, estime Guy Forget, vainqueur de la Coupe Davis en 1991, puis en 1996. "Les limites ne sont pas physiques, elles sont mentales. Et quand elles sont mentales, il faut aller explorer chez soi une zone qu'on n'a pas l'habitude d'aller fréquenter : dans un match, quand les choses ne passent pas parce que l'adversaire est très fort en face – et les adversaires le seront –, c'est être prêt à aller prendre des risques, peut-être même parfois un peu fous, forcer sa nature, pour faire basculer un match en sa faveur", poursuit-il.

Il faut de la générosité, il faut de l’humilité, il faut une certaine dose de courage pour être prêt à repousser ses limites

Guy Forget

Auteur du point de la victoire en 1991

Gérer des émotions "décuplées"

Il y a en Coupe Davis des forces qui vous dépassent, des émotions et des sensations que le joueur doit savoir gérer sans savoir s'il va y parvenir. Arnaud Boetsch a remporté la Coupe Davis en 1991 et en 1996. Il sait de quoi il parle, c'est lui qui a joué le dernier match contre la Suède. "Tout est beaucoup plus intense, et obligatoirement, la responsabilité est beaucoup plus lourde à porter. Les émotions liées à tout ça sont décuplées", explique-t-il.

La Coupe Davis, ça vous dépasse, parce qu'il y a vos copains sur la touche, il y a le capitaine, il y a la France, il y a le drapeau... Obligatoirement, tout est beaucoup plus fort

Arnaud Boetsch

Auteur du point de la victoire en 1996

"Tout d'un coup, vous représentez le pays, poursuit Arnaud Boetsch. Vous représentez une équipe et vous êtes pris dans une dynamique où les gens autour de vous sont totalement derrière vous, et vous poussent, et vous aiment, et veulent que vous réussissiez... C'est le match de tout le monde, mais c'est vous qui avez la raquette. C'est vous qui devez taper les balles au bon endroit, pour tout le monde."

Le joueur de tennis doit savoir aussi prendre ses responsabilités. A l’époque, Arnaud Boetsch les a prises. "La première chose, c'est d'avoir du courage, c'est de se lâcher, souffle Arnaud Boetsch. Aller au devant de l'événement, ne pas se laisser écraser mais avoir le courage d'aller au devant de le prendre à pleins bras. Etre honnêtes les uns avec les autres. La peur, le stress seront là, c'est normal, c'est bien et c'est bon. Pour lutter contre ça, il faut avoir du courage."

Le summum d'une carrière

Gagner, c'est entrer dans l'histoire. Pour tous, la victoire est une consécration, c'est le Graal absolu, le sommet d’une carrière. Pour Nicolas Escudé, ça reste un moment inoubliable.

C'est ce que j'ai vécu de plus fort sur un court de tennis. Courir après cette Coupe Davis, ça a été mon cheval de bataille toute ma carrière

Nicolas Escudé

Auteur du point de la victoire en 2001

Mais pour en arriver là, il faut concrétiser la balle de match. Et quand c’est fait, c’est l’extase, le bonheur suprême. "Quand on la gagne, on se sent super léger, on se sent Dieu, à la limite, on est submergé par tellement d'émotions qu'on pourrait encore jouer cinq sets", décrit Nicolas Escudé.

Une victoire collective

Une victoire en Coupe Davis provoque des émotions qui dépassent tout. C’est la victoire d’une bande de copains. Et c’est ça qui motive Yannick Noah et qui l’a toujours motivé et notamment en 1991 quand il a gagné, en tant que capitaine, le 'saladier d’argent' avec ses potes Forget et Leconte. "Ce qui est important, c'est que moi, je suis sur la photo du plus beau moment de tennis de mes potes", raconte Yannick Noah.

Ce qui m'a intéressé, c'était pas la gloire, c'était l'étreinte. Voir ta putain de gueule, comment tu vas me regarder quand on va gagner le truc, quand on va entrer dans le vestiaire. On est liés à vie par ce truc-là

Yannick Noah

Capitaine lors des victoires en 1991 et 1996

La Coupe Davis représente un trophée majeur pour tous les joueurs, les plus grands l’ont gagné. Certains dont les Français ne remporteront peut être jamais de tournois du Grand Chelem, alors s’adjuger la Coupe Davis c’est peut-être l’occasion unique pour eux d’entrer enfin dans l’histoire de ce sport.

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