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En République tchèque, Yannick Noah et son équipe passeront le vrai test

Ce 1er tour de Coupe Davis, gagné en Guadeloupe face à un Canada diminué (5-0), a permis à Yannick Noah de poser les premières pierres de son nouveau capitanat. Pour savoir s'il y a un vrai effet sur les résultats avec son arrivée aux commandes, il faudra attendre la mi-juillet, et le quart de finale en République tchèque. Là-bas, sa méthode, ses choix et ses joueurs seront soumis à rude épreuve.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

La victoire en Guadeloupe, les fondations

Inutile de chercher dans le succès (5-0) contre le Canada la trace d'un "effet Noah". Avec quatre membres du Top 20, vaincre une formation menée par le 43e mondial, avec un joueur 243e et un autre 303e, ne relève pas de l'exploit. En revanche, le nouveau capitaine a posé les fondations de son nouvel édifice. En imposant d'abord le lieu de la Guadeloupe, pour apporter une portée toute symbolique à sa prise en mains. En imposant un long stage de dix jours, ce qui était rare par le passé. Il a été source de nombreuses discussions, de mises à plat des problèmes passés: "On n'était pas en train de faire une petite parlote. Ca envoyait", confie Yannick Noah dans L'Equipe. "Et rien que le fait d'en parler, ça libère tellement de choses. Il y avait des espèces de non-dits, des réactions par voie de presse."

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En imposant les "Mousquetaires" en simples et en double, il leur a donné une responsabilité encore plus grande dans le projet. Message reçu, comme l'a prouvé la mini-tournée sud-américaine de Tsonga (Buenos Aires et Rio), peu fructueuse sur le plan personnel (1 victoire, 2 défaites) mais qui montre son envie de se préparer à la terre battue guadeloupéenne en pleine saison sur dur. Et puis il y a la première conséquence visible: l'ambiance. A Baie-Mahault, Noah a distillé son sourire, son envie, sa joie de vivre à tout un groupe qui a fini par s'en emparer. Jamais ils n'avaient semblé prendre autant de plaisir à communier avec le public.

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Après avoir bien dansé, les Français ont trois mois pour se replonger dans cette nouvelle atmosphère Coupe Davis, lors d'un quart de finale de tous les dangers, de toutes les remises en cause. 

Le quart de finale en juillet, un premier piège

Si Yannick Noah a pu compter sur tous ses joueurs, il le doit notamment à la date de ce 1er tour. Très loin après le premier tournoi du Grand Chelem de la saison en Australie, un peu avant la mini-tournée américaine qui précède le passage à la saison sur terre battue, les joueurs n'étaient pas trop sollicités ces derniers temps. Certes, cette même période n'avait pas évité les blessures de Richard Gasquet et Jo-Wilfried Tsonga l'an dernier contre l'Allemagne (avant, les rencontres du 1er tour étaient placées juste après l'Australie). Cette fois, ils étaient tous là ce qui a permis d'aligner pour la première fois les "Mousquetaires" toujours en quête de ce premier Saladier d'Argent. Ce ne sera pas aussi simple pour le quart de finale. Il aura en effet lieu du 15 au 17 juillet, soit cinq jours après la finale de Wimbledon, avec l'habituel enchaînement de la saison sur terre et sur gazon.

Du coup, les risques de blessures sont plus nombreux (comme pour les Tchèques). L'an dernier, Richard Gasquet, fatigué après son parcours à Wimbledon (demi-finale), n'avait pas été aligné sur le gazon du Queen's lors des quarts de finale contre la Grande-Bretagne. Mais surtout, le stage d'avant-rencontre sera plus difficilement transposable. "S'il y en a un ou deux qui arrivent en demies ou en finale (...), le lendemain, il sera en stage. Et si personne ne va loin, j'espère qu'on sera dès le jeudi (7 juillet) sur place", indique Yannick Noah. Etant donné les qualités et les caractéristiques des joueurs tchèques, une surface rapide, voire très rapide, devrait être placée sur le chemin des Bleus qui devront donc s'y adapter très rapidement.

La surface source de casse-tête

Sur surface rapide, les Français sont à l'aise. Tous. La hiérarchie risque d'être plus difficile à cerner pour le staff tricolore, qui privilégiera forcément la fraîcheur physique. L'autre souci qui pourrait se poser à Yannick Noah, c'est la composition du double. "Le meilleur double de France a joué ce premier tour", assène le capitaine dans L'Equipe. Mais il ne ferme pas la porte. Car si Gasquet-Tsonga représentaient les meilleurs ce week-end, c'est aussi que sur terre battue, le duo Herbert-Mahut n'est pas performant, et que la paire Benneteau-Roger-Vasselin, victorieuse de Roland-Garros en 2014, n'est plus au niveau en raison de la saison quasi blanche du premier.

En revanche, sur surface rapide, Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut, vainqueurs de l'US Open et du Queen's 2015 et finalistes de l'Open d'Australie la même année, peuvent se poser en candidats sérieux pour jouer le samedi. A conditions qu'ils jouent mieux qu'en début de saison (2 victoires en deux tournois sur le circuit principal). "j'imagine le frétillement s'ils se mettaient à gagner des gros tournois. J'adorerais que ce genre d'énergie se diffuse entre les gars", souligne le capitaine. Mais un tel scénario pourrait lui poser bien des maux. Car s'il venait à sélectionner une paire de double parmi ses quatre joueurs, il n'aurait plus que deux joueurs pour les simples (plus un remplaçant). Ce qui réduirait ses capacités de changements. En tout cas, le message est clair: "L'équipe de France, c'est neuf mecs possibles. la porte est ouverte", scande Noah.

La République tchèque, un vrai rival

Malgré l'abandon de Tomas Berdych dans le premier simple du dimanche, la république tchèque est allée battre l'Allemagne à Hanovre le week-end passé. Sur dur, les Tchèques représentent une terrible menace pour quiconque. Victorieux en 2012 et 2013 de cette Coupe Davis, ils s'appuient sur un N.1 métronome (Tomas Berdych est membre du Top 10 depuis 2010 sans interruption), un double Berdych-Stepanek qui n'a été battu que deux fois en 18 matches communs dans cette compétition. Les deux fois, c'était sur terre battue, en 2009 contre les Espagnols Lopez-Verdasco, et en 2014 contre les Français Gasquet-Tsonga. Cette année-là, Gasquet avait réalisé un énorme match contre le N.1 tchèque, ouvrant la voie de la finale sur la terre battue parisienne.

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Gasquet contre un smash de Berdych

Et cerise sur le gâteau, Lukas Rosol, l'inconstant au service de mule, peut sortir son régiment d'aces pour s'imposer, comme Nadal s'en était aperçu à Wimbledon en 2012, ou Tsonga à Vienne l'an dernier. Plus la surface est rapide, plus ses hommes sont performants. Devant un public souvent très chaud, les Français devront donc réaliser une énorme performance. Tsonga n'a battu que trois fois en dix matches Tomas Berdych, Monfils une seule fois en sept rencontres. Richard Gasquet et Gilles Simon l'ont, en revanche, plus dominé (7-6 pour Gasquet, 7-5 pour Simon). Et la France n'a plus gagné en République tchèque depuis 90 ans, soit six défaites de rang. En 2009, les Tsonga, Gasquet, Simon et Llodra s'étaient inclinés au 1er tour (3-2).

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