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Forget: "Rien n'est perdu"

Membre de l'aventure Coupe Davis en France depuis 1983, Guy Forget a vécu son dernier match à Monte Carlo, avec beaucoup d'émotions: "Quand je vois les larmes des joueurs aujourd'hui, qui sont dues à la défaite mais peut-être aussi au fait qu'une page se tourne, je me dis que rien n'est perdu." Etat d'esprit et attitude demeurent les principes qui devraient guider son successeur: "Pour que le discours passe, il faut apporter sa touche et parler avec son coeur".
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

- Que ressentez-vous pour cette dernière journée en tant que capitaine?
- "Il y a beaucoup d'émotions car il n'y a pas que ces quatorze campagnes en tant que capitaine. Avant j'ai été joueur aussi, j'ai commencé en 1983 en Russie avec Yannick (Noah). C'est là que j'ai découvert un monde que je pouvais seulement imaginer en rêve. Depuis ça n'a quasiment pas arrêté. Alors forcément ça fait bizarre. Je suis ému. Lorsque j'ai fait mon discours sur le court, je ne pensais pas y arriver. En même temps il y a la déception d'avoir perdu. Mais je pense qu'on l'a fait avec dignité contre une belle équipe américaine."

- Que retenez-vous de ces quatorze années à la tête des Bleus?
- "Ca a été long et beau, une belle histoire. Je pense avoir été un bon ambassadeur de l'équipe de France. Il n'y a pas eu que des bons moments. Quand je pense à la finale perdue en Serbie ou à Bercy, j'ai encore mal au ventre. Mais je suis content de laisser la Coupe Davis dans l'état où je l'ai trouvée. Quand je vois les larmes des joueurs aujourd'hui, qui sont dues à la défaite mais peut-être aussi au fait qu'une page se tourne, je me dis que rien n'est perdu. Que mes discours les ont marqués et que les garçons vont continuer à avoir une image forte de cette compétition. Je pense que les gens trouvent cette équipe belle. Peut-être pas toujours performante. Mais belle."

- Avez-vous des regrets?
- "Je ne changeais rien car j'ai toujours fait des choix en pensant que c'étaient les bons. Avec le recul, forcément, tu te demandes si tu as utilisé les bons mots. Quand j'ai eu un clash avec un joueur, ce qui est arrivé deux ou trois fois, je me suis toujours demandé si je ne le mettais pas dans le mur. J'ai passé des nuits blanches. Parfois j'étais hyper remonté ou déçu contre les joueurs. Mais je ne regrette pas d'avoir été conciliant. Le rôle d'un capitaine est d'être diplomate, surtout avec cette génération. Je pense que le mode de fonctionnement qu'avait Yannick (Noah) passerait mal aujourd'hui."

- Le terrain ne va-t-il pas vous manquer?
- "Si sûrement. Je pourrais peut-être aider un peu mon fils mais il ne m'écoute pas beaucoup (rires). Finalement mon plus grand regret sur ces 14 ans est peut-être de ne jamais avoir pu influencer de manière profonde le jeu d'un joueur. J'ai vu tellement de choses que j'aurais aimé corriger. Mais je ne sais pas si je serais un bon entraîneur car je suis très exigeant. Il y aurait des choses que je peux accepter en tant que capitaine mais pas semaine après semaine. Pour moi un joueur de tennis doit être omnibulé par ses lacunes. Or ce n'est pas le cas de tout le monde. Mais je me dis aussi que si je ne le fais pas un jour, j'aurais peut-être un regret."

- Et redevenir capitaine un jour?
- "En l'état actuel des choses, la question ne se pose pas. Je sais que ça va me titiller parce que j'aime trop ça. Ca va me manquer. Mais je crois qu'il y a suffisamment de garçons aujourd'hui qui peuvent faire un super job aussi."

- Votre successeur devra-t-il vous ressembler ou être complètement différent?
- "Il sera différent par la force des choses. Et c'est tant mieux. Car si c'est un simple copier-coller, les joueurs vont être forcément contrariés. Pour que le discours passe, il faut apporter sa touche et parler avec son coeur, ses tripes. On ne peut pas tricher avec ces choses là. Je crois que ceux à qui je pense pour me succéder ont ces qualités là."

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