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Gasquet et Tsonga qualifient la France pour la finale

L'équipe de France s'est qualifiée pour la finale de la Coupe Davis après la victoire du double, composé de Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet. Le duo, au terme d'un match longtemps indécis et dans une ambiance surchauffée, a infligé à la paire Radek Stepanek (blessé en cours de match)-Tomas Berdych sa deuxième défaite de l'Histoire, en s'imposant 6-7 (4/7), 6-4, 7-6 (7/5), 6-3 après 3h34. C'est donc un carton plein pour Tsonga et Gasquet, déjà vainqueurs de leur simple vendredi. La France, victorieuse du double tenant du titre, attend désormais de connaître son adversaire en finale. L'Italie a en effet battu la Suisse en double, et revient à (2-1) dans l'autre demi-finale.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

L'image forte de ce week-end, c'est ce groupe France, serré en plein milieu du court Philippe-Chatrier, qui entonne la Marseillaise avec le public. C'est l'union, c'est la communion. Mais il y en a une autre qui est marquante. Après s'être mis à genou lors de sa victoire contre Tomas Berdych vendredi, Richard Gasquet a cette fois levé les bras, puis envoyé son poing vers le sol avec rage, juste après avoir asséné un passing-shot de revers vainqueur à Tomas Berdych. Mais il n'a pas fait cela en fin de match. Non, c'était juste pour gagner le jeu décisif du 3e set. Mais cette démonstration, dont il n'est pas coutumier, traduit l'intensité de l'affrontement, en même temps que sa délivrance dans un moment crucial de ce double. Si l'équipe de France s'est qualifiée pour la finale dès ce samedi, après une victoire méritée en double, rien n'a été facile pour le Biterrois, associé à Jo-Wilfried Tsonga comme lors du 1er tour de Coupe Davis contre l'Australie.

Berdych-Stepanek, une référence dans le jeu classique du double

Arnaud Clément avait fait le pari d'aligner les deux joueurs de simple, quitte à amoindrir la capacité physique de son N.1 en vue d'un possible simple décisif dimanche. La mise était osée, mais pour jouer une paire tchèque qui n'avait été battue qu'une fois en seize matches de Coupe Davis, il le fallait. Et tout semblait parfaitement engagé en début de match. Les Français déroulaient leur tennis, Tomas Berdych semblait encore touché par sa défaite de la veille, et le trentenaire (35 ans) Radek Stepanek n'était pas dans le rythme. Un break dès le premier engagement de Tomas Berdych (2-0), puis la France se trouvait rapidement à (4-1). Mais la machine s'enrayait. Ou plutôt, le duo tchèque trouvait enfin la parade.

Car dans le jeu classique du double, les deux hommes sont des références. Volées réflexes, volée-volée, interceptions, petits coups de pâte, tout y passe. Après 34 minutes de jeu, sur une superbe interception au filet de Stepanek, les Tchèques débreakaient (4-3). Au jeu suivant, les Bleus avaient l'occasion de refaire le trou à deux occasions, mais ils craquaient en retour. Le jeu décisif départageait les deux équipes. La France, sur un superbe passing-shot de revers de Gasquet court-croisé sur Berdych faisait la différence (4-2). Mais le Tchèque lui rendait la pareille pour égaliser à (4-4). Cela semblait toucher moralement les Français qui perdaient finalement cette 1ere manche (7/4), en ayant encaissé cinq points de suite.

Le dos de Stepanek​ change la donne

Après 1h06 de combat, les hommes d'Arnaud Clément étaient menés d'un set, et Jo-Wilfried Tsonga devait sauver deux balles de break sur son engagement au début de la deuxième manche. Mais il le conservait, et c'est lui qui tirait un passing de revers gagnant pour donner le break à (3-2). Le duo gardait ainsi la main jusqu'à 5-4, moment choisi par Radek Stepanek pour rentrer aux vestiaires pour se faire soigner. La ficelle semblait grosse, au moment où la France devait servir pour le set. Mais la suite de la rencontre allait prouver que le mal était bien réel. "J'ai ressenti une douleur en servant au début du 2e set", racontait le joueur après le match, se tenant debout en conférence de presse pour soulager son dos. "A la fin du 2e set, j'étais vraiment diminué, mais je me suis battu pour le pays, parce que c'est la Coupe Davis et on jouait dans une atmosphère incroyable. Mais à la fin, c'était beaucoup trop dur."

A 35 ans, le Tchèque avait débuté un calvaire personnel. Non seulement Tsonga ne craquait, pas, finissant la manche par un ace (6-4) après 1h59 de match, mais en plus l'ancien 8e mondial avait de plus en plus de mal à bouger. Le début du 3e set était totalement à l'avantage des Bleus, qui menaient (3-0), puis (4-2). Mais comme au premier set, des fautes, notamment en retour, les privaient d'une envolée, malgré une balle de break effacée d'un ace au septième jeu. A (4-3) pour la France, Stepanek se faisait manipuler sur le court. Et cette fois, les Tchèques s'emparaient du service suivant, sur un jeu blanc totalement raté par les Français (4-4).

Le tournant du match: un mauvais jugement

Et ils menaient même (5-4) lorsque le tournant du match survenait. A 30A, au terme d'un point extraordinaire de part et d'autre, le juge de ligne annonçait une balle tchèque en-dehors des limites, mais le juge de chaise le déjugeait. Le point était donc à rejouer, car Gasquet avait touché la balle. Mais les supporteurs tchèques faisaient entendre leur colère, provoquant une réponse de leurs homologues français. L'arbitre, M. Ramos, devait en appeler au capitaine tchèque pour calmer les tribunes, également sous la pression de Tsonga. Derrière, les Français gagnaient les deux points suivants pour égaliser à (5-5). Et c'est encore au jeu décisif que la décision se faisait. La République tchèque faisait le break la première (4-2), mais Berdych, contraint de tout faire face aux déplacements devenus impossibles de son coéquipier, commettait une double-faute (4-4). Et à 6-4, "Ricchie" délivrait les siens d'un maître passing de revers le long de la ligne. Après 3h04 intenses, le match avait définitivement basculé. "C'est un match paradoxale", estimait le capitaine tchèque Jaroslav Navratil. "Au 1er set, les Français ont bien joué mais on a réussi à retourner la situation au jeu décisif. Au deuxième, c'était l'inverse. Au troisième, on revient, on mène 6-5. Après la perte du 3e, c'était dur de revenir. Radek ne pouvait pas bien bouger." 

Totalement handicapé, Stepanek ne pouvait plus bouger. Ses coups de pâte n'avaient plus d'influence, et après 3h34 de jeu, Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet pouvaient tomber dans les bras l'un de l'autre. A eux deux, ils venaient de mettre à terre le double tenant du titre. Comme contre l'Australie au 1er tour, Arnaud Clément a gagné son pari de faire jouer Gasquet et Tsonga lors des deux premiers jours. Lees matches de dimanche ne compteront pas, et devraient permettre aux autres joueurs de profiter du court Central, sans pression. Et pour la finale, Jaroslav Navratil estime que "la France a un atout, c'est qu'elle a cinq bons joueurs."

Le groupe France entonne La Marseillaise avec le public de Roland-Garros

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