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Pourquoi le retour de Yannick Noah en Coupe Davis est une évidence

Son nom revient avec insistance depuis la défaite en finale de la Coupe Davis à Lille, en novembre dernier. La chaise de capitaine de l'équipe de France désormais vacante, avec le départ forcé d'Arnaud Clément annoncé aujourd'hui, Yannick Noah (55 ans) pourrait reprendre un rôle qu'il a tenu pour mener à la victoire en 1991 et en 1996, faisant de même avec les filles en Fed Cup en 1997. Voilà quatre raisons pour lesquelles son retour sonne comme une évidence.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
 

C'est un secret de Polichinelle aujourd'hui, Yannick a montré un intérêt  pour reprendre"​. Voilà comment Arnaud Di Pasquale, le Directeur technique national a évoqué la rumeur d'un retour de Yannick Noah comme capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis, alors qu'il venait d'annoncer le départ d'Arnaud Clément de ce poste. "Mais c'est un long processus aussi, nous avons eu de nombreuses  discussions, mais ça n'a pas été acté par le bureau fédéral. C'est vrai que la piste de Yannick est assez avancée". Et Jean-Pierre Dartevelle, vice-président de la FFT a souligné à cette occasion que "lui aussi (Noah , ndlr) a des choses à faire et des gens à voir. Il peut  dire non. Mais c'est vrai que c'est la piste Yannick qui est privilégiée. Je ne sais pas s'il y a des réticences des joueurs à sa nomination.  Yannick parle actuellement avec eux. Un soutien total, cela fait partie de ses conditions". Du neuf avec du "vieux" (Noah a 55 ans), cela peut surprendre. Mais, c'est assez logique. Voilà pourquoi.

Il est la seule option de ce niveau en France

Dans le paysage des techniciens français, personne n'arrive au niveau de Yannick Noah. Il y a lui, et les autres. Personne n'a son palmarès de joueur et de capitaine, ni son expérience. Dernier joueur français à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem, joueur le plus titré en simple (23 tournois en carrière), vainqueur de deux Coupes Davis en tant que capitaine et d'une Fed Cup, il est LA référence du tennis tricolore. Une seule personne pourrait prétendre rivaliser avec lui dans ce domaine, c'est Amélie Mauresmo. Jeune maman depuis quelques semaines, et coach d'Andy Murray depuis la saison passée, l'ancienne N.1 mondiale (victorieuse de l'Open d'Australie, de Wimbledon et d'une Fed Cup) a clairement dit qu'elle n'était pas candidate pour le poste, elle qui est déjà capitaine de l'équipe de Fed Cup, qu'elle a contribuée à ramener dans le groupe Mondial. 

Son aura est unique auprès des joueurs

Dans le passé, Amélie Mauresmo (lorsqu'elle était encore joueuse), Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils et d'autres ont fait appel aux services de Yannick Noah, ponctuellement. Malgré son éloignement des terrains et sa carrière d'artiste, il est toujours resté dans le monde du tennis. Ses amitiés anciennes avec notamment Guy Forget, prédécesseur d'Arnaud Clément au poste de capitaine, de Patrice Hagelauer, ancien Directeur technique national, l'ont maintenu dans le bain. Et ce n'est pas un hasard si Lucas Pouille, l'un des grands espoirs du tennis tricolore, s'est rapproché de lui. "Pour moi, Yannick est une ressource extraordinaire, c’est un personnage incontournable dans la performance en France, et dans le tennis en particulier. Il a fait des choses extraordinaires en tant que joueur, capitaine de Fed Cup, de Coupe Davis", nous expliquait en mai dernier Emmanuel Planque, l'entraîneur de Pouille à l'origine de cette association.

"C’est une compétence d’un type qui en connaît beaucoup sur la culture de la gagne, sur la dimension mentale, émotionnelle. Yannick, c’est une évidence. De la même manière que lors de la nomination du prochain sélectionneur de l’équipe de France de foot, on pense à Zinedine Zidane." Et il lâchait avec conviction: "On ne peut pas faire l’économie d’échanger avec lui. (...) Ce n’est pas figé, aussi bien pour Lucas que pour moi. Mais c’est normal. Ce qui ne l’était pas, c’est qu’on ne puisse pas exploiter une ressource comme celle-là. On a peut-être un problème en France : mettre les gens compétents là où ils devraient être. C’est souvent les egos qui prennent le dessus."

Une passion intacte

Yannick Noah n'est pas celui qu'on voit le plus dans les tribunes à Roland-Garros ou ailleurs. Il sait que son statut attire les regards, et il ne veut faire de l'ombre à personne. Comme le disait Emmanuel Planque: "Il n'a pas besoin de reconnaissance. On ne lui apporte rien, mais il donne tout, dans le sens premier du terme." Avant la finale de la Coupe Davis, il nous avait accordé un long entretien (dans le cadre du long format intitulé "Coupe Davis: une passion française") dans lequel il parlait avec passion de cette Coupe Davis, une épreuve "particulière". "Cela fait partie des meilleurs moments de ma carrière de sportif", disait-il.  Et le staff de l'équipe de France n'a pas beaucoup changé depuis son époque. Il ne sera donc pas en terre inconnue.

Vidéo: Des aventures qui nous ont liées à jamais"

Un meneur d'hommes hors du commun

En 1991, il avait persuadé Henri Leconte, fraîchement opéré du dos, qu'il serait en capacité de jouer et de participer à la conquête du saladier d'Argent. Le gaucher l'avait cru, et avait battu Pete Sampras le premier jour, et activement participé au succès en double contre la paire Flach-Seguso. En 1996, c'est Arnaud Boetsch qu'il avait convaincu de ses capacités à ramener le cinquième point décisif en Suède. En 1995, c'est lui que les dirigeants du PSG étaient venus chercher pour la préparation de la finale de la Coupe des vainqueurs de Coupe, remportée par les Parisiens face au Rapid Vienne. Cette capacité à sublimer les sportifs, ce charisme, cette sérénité qui semble l'habiter en permanence et ce recul face à l'événement, voilà toutes les qualités qui font de lui un meneur d'hommes.

Des atouts qui ne seront pas de trop pour remettre sur pied une équipe de France qui semble avoir perdu son unité. Et si, après la défaite en finale de la Coupe Davis contre la Suisse, ses commentaires n'avaient pas été appréciés, c'est que pour Yannick Noah, "pour gagner la Coupe Davis, il faut battre la meilleure équipe, car on n'est pas la meilleure équipe". Et il avait asséné: "On a le droit de perdre, mais ce qu'on n'a pas le droit de faire, c'est de ne pas donner 150%." A Lille comme au Queen's, les joueurs français n'ont pas semblé donner 150%, ce qui est le principal reproche fait à Arnaud Clément, puisque la FFT a souligné "les difficultés du capitaine à fédérer et transcender les meilleurs joueurs." S'il revient dans le staff, ce sera l'objectif de Yannick Noah. "Il a une espèce de flamme qui s'allume  et qui s'allume aussi chez les autres", a reconnu Jean-Pierre Dartevelle, vice-président de la FFT.

Vidéo: "On n'a pas le droit de ne pas donner 150%"

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